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La Guerre civile russe 1917-1922

La Guerre civile russe 1917-1922
Perrin 688 pages
1 critique de lecteur

Avis de Adam Craponne : "Il y a 100 ans la Russie était secouée par deux révolutions qui ébranlèrent le reste du monde"

Tout d’abord il faut dire que l’on apprécie l’existence de trois cartes géographiques, se recoupant en partie, pour montrer au lecteur l’espace russe avec ses lignes ferroviaires principales. On peut toutefois regretter que sur les deux cartes évoquant la partie européenne de ce qui va devenir l’URSS ne soit dessinées aucunes frontières, il aurait été instructif de faire connaître celles de 1914 et en regard celles du traité de Brest-Litovsk signé le 3 mars 1918 ou celles de l’URSS stabilisée par la fin de la guerre soviéto-polonaise (la paix de Riga date du 18 mars 1921, elle est signée en présence en particulier du général Alexeï Andreïevitch Polivanov) et la stabilisation des limites entre la Turcs et les Soviétiques par le traité de Kars le 13 octobre 1921.  On apprécie l’existence d’une petite vingtaine de photographies d’époque.   

Un prologue perme de situer quels étaient à la Belle Époque les problèmes liés à la question agraire, l’importance des mouvements révolutionnaires, des actes terroristes  et de la répression de ceux-ci (environ 1 000 condamnations à mort par an pour des auteurs d’attentat) ainsi que la paralysie d’une Douma de moins en moins représentative des populations de l’empire des tsars (en brimant la représentation des minorités et en favorisant l’élection de gens fortunés).

Non seulement le tzar doit constater, dès l’automne 1914, que la Russie manque d’armes mais que l’appareil militaro-industriel est incapable de s’en procurer de façon suffisante à l’intérieur ou à l’extérieur. Or l’armée russes est déjà sous-équipée du point de vue de son artillerie. Alexandre Goutchkov , qui a épousé une Française Coralie Vacquier, est un monarchiste constitutionnel qui est à la tête de la Commission de la Défense nationale mais il se met à dos le tsar. En 1914 il est belliciste mais remet vite en cause la façon dont menées les opérations militaires ; il obtient en 1915 la nomination en 1915 comme ministre de la Guerre de son ami le général Alexeï Andreïevitch Polivanov. Ces deux hommes tentent de dissuader en vain Nicolas II de prendre la direction de l’armée russe. Goutchkov devient ministre de la Guerre après la Révolution de février et c’est lui qui obtient l’abdication de Nicolas II. L’auteur montre bien comment monte le sentiment allemand, se traduisant par le saccage de nombreuses entreprises au nom à connotation germanique à Moscou et l’idée que la tzarine et Raspoutine font le jeu de l’Allemagne.

Une des originalités de l’ouvrage est de nous faire suivre, au début des évènements, l’évolution du contenu du journal Stalitsa i oussadba  fondé par Vladimir Krimov en 1913 à Saint-Petersbourg, il s’agit au départ d’une revue culturelle qui entend montrer les plus belles demeures rurales (les oussadbas) du pays. Elle va voir en son sein les évènements liés à la guerre (y compris tous les troubles dans l’univers de la société civile et gouvernementale) prendre une large place. Le dernier numéro est celui du 30 septembre 1917, deux mois plus tard c’est la Révolution d’octobre (qui a lieu le 7 novembre dans notre calendrier occidental).

Les conditions de l’abdication de Nicolas II désorientent totalement les monarchistes qui ne peuvent mettre en cause la légitimité du nouveau régime. On sait que c’est Kerenski qui va être le principal acteur de cette première république qui débute en février 1917. Alexandre Javakhoff conte comment petit à petit le soviet de Petrograd devient de plus en plus influent sur les affaires de l’État et la situation des armées russes se dégrade.

On est frappé de remarquer qu’en juin 1917 ce n’est pas une Assemblée constituante qui se réunit mais le premier congrès national des députés ouvriers et soldats. Toutefois la manifestation bolcheviques du 4 juillet 1917 est un échec et il faudra que Savinkov et Kornilov montent un stratagème, qui braquera Kerenski, pour que l’on se dirige à grands pas vers la guerre civile en Russie avec une situation qui profite au dynamisme retrouvé des bolchéviques.

Alexandre Javakhoff  est président du Cercle de la Marine impériale russe et membre de l'Union de la noblesse russe. Ses grands-parents et son oncle ont quitté Sébastopol en novembre 1920 avec les restes de l’armée de Wrangel où ils étaient officiers. En fait le récit s’arrête vraiment avec ce départ de ces forces blanches du sol russe ; avec les familles ce sont 145 000 personnes  qui partent sur des bateaux en partie français commandés par le contre-amiral Dumesnil. Toutefois les responsables russes ont assez dans leur trésor pour financer cette évacuation.  L’auteur, sans donner les détails des évènements, écrit dans les dernières pages que l’on peut considérer que la Guerre civile russe prend fin avec la prise par les soviétiques de Vladivostok en octobre 1922. Il nous faut personnellement préciser que cela se fait après le retrait des forces japonaises qui appuyaient le Gouvernement provisoire de Priamurye, toutefois Anatoly Pepelyayev continua des actions contre-révolutionnaires encore un certain temps dans la région.  

Alexandre Javakhoff livre ici un impressionnant travail assez dépassionné, il est le fidèle chroniqueur de faits à dominante tragique. Il est loin d’encenser les actions de tous ceux qui s’opposent aux bolchéviques ; ces adversaires des soviets accumulent les maladresses et les rivalités entre eux. Tout en pointant les habiletés tactiques des soviétiques dans leur conquête du pouvoir et leur énergie à le conserver, il ne fait évidemment pas l’impasse  sur les conséquences de la terreur conduite par Lénine et Trotsky, deux personnages sur lesquels l’auteur a un regard très critique. Dans ses dernières lignes, il relève qu’aujourd’hui en Russie sont honorés des figures appartenant aux deux camps qui se combattirent entre 1917 et 1922.

Pour connaisseurs Quelques illustrations

Adam Craponne

Note globale :

Par - 734 avis déposés - lecteur régulier

400 critiques
28/02/17
734 critiques
01/04/17
L’acte original de la déclaration d’indépendance lituanienne du 16 février 1918 a été retrouvé dans les archives diplomatiques allemandes à Berlin

http://www.courrierinternational.com/article/histoire-la-lituanie-retrouve-le-document-qui-acte-son-independance
598 critiques
25/08/17
Avec qui et quand célébrer en France le centenaire de la Révolution d'octobre ? Quelques pistes mais rien d'annoncé par le PCF en cherchant sur internet .

https://paris.demosphere.eu/rv/51056

http://www.pcof.net/voici-notre-logo-pour-lanniversaire-de-la-revolution-socialiste-doctobre-1917/
461 critiques
30/10/21
Opération Chenkoursk: une bataille qui a largement déterminé le sort de l'intervention étrangère dans le Nord russe pendant la guerre civile https://fr.rbth.com/tech/87293-etats-unis-intervention-russie-sovietique?utm_source=Newsletter&utm_medium=Email&utm_campaign=Email
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