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Le projet Blumkine

Le projet Blumkine
La Découverte 278 pages
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Avis de Adam Craponne : "Chaque juif a neuf vies. Tant que je ne les aurai pas vécues, je ne peux pas mourir ! Inutile d’essayer de me tuer ! (Iakov Bloumkine)"

Iakov Blumkine (ou Bloumkine, voire Blumkin) est largement méconnu alors qu’il est lié à plusieurs tentatives d’assassinat de personnalités diplomatiques ; celle réussie de l’ambassadeur d’Allemagne à Moscou en juillet 1918 lui fut commandée par les socialistes révolutionnaires de gauche. En tuant à bout portant le comte von Mirbach, ils entendaient protester contre la signature de la paix de Brest-Litovsk par les bolcheviks. D’autres ont avortée comme celle, en 1928 à Paris, de Boris Bajanov l’ancien secrétaire de Staline (qui combattit les Russes dans l’armée finlandaise et fut un des fondateurs du Front national) et Iakov Blumkine est connu pour avoir renoncé à celle de tuer Trotsky, alors que ce dernier était réfugié en Turquie.

On a des doutes sur son lieu et sa date de naissance, mais on est certain qu’il est né dans un milieu de juifs ukrainiens et qu’il fut tôt orphelin de père. Il meurt fin 1929 alors qu’il a 29 ou 31 ans. Ce commis-voyageur de la Révolution (pas obligatoirement bolchévique) est en Perse en 1920 (il est un des acteurs de l’histoire de l’éphémère République soviétique du Gilan), en Palestine en 123-1924, toujours en 1924 en Afghanistan, en 1925 au Tibet (alors autonome, voire indépendant de la Chine) et au Turkestan chinois, en 1926 en Mongolie et Mandchourie, en 1928 et 1929 en Turquie et Palestine (où il rencontre Léopold Trepper). Il a eu un rôle important dans la vente de manuscrits hébreux pris dans les synagogues russes pour les proposer à l’étranger.  

En Ukraine entre 1918 et 1920, son action est complexe. Iakov Blumkine a eu un rôle actif dans l’établissement du pouvoir soviétique dans le Caucase. Il est connu pour avoir utilisé divers déguisements, dont celui de moine bouddhiste en Asie centrale (mais à notre avis, cela relève de la légende). Le récit est l’occasion d’évoquer de nombreux personnages, pas seulement d’origine russe, comme John Reed ou Enver Pacha.  À Moscou, il fréquente un grand nombre d’artistes dans le milieu des années 1920.  

L’ouvrage est une suite d’enquêtes autour du personnage, il est aussi une recherche liée à une quête personnelle de l’auteur. L'auteur redécouvre le personnage de Bloumkine, dont la vie l'avait passionnée trente ans auparavant:

"La malle contenait les archives que j’avais rassemblées des années auparavant sur un personnage légendaire de la révolution d’Octobre : Iakov Blumkine. C’est lui qui avait assassiné sur l’ordre de son parti, les « SR de gauche », l’ambassadeur d’Allemagne à Moscou en 1918. Ils entendaient par cet acte protester contre la paix « infamante » signée avec l’Allemagne par Lénine et Trotski à Brest-Litovsk. Pour calmer les Allemands, on avait annoncé son exécution pendant que Trotski, qui l’avait pris sous son aile, l’envoyait en Ukraine remplir des missions de sabotage à l’arrière des armées blanches. Un an plus tard, il était réapparu à Moscou alors que tout le monde le croyait mort. Loin de se cacher, il s’affichait dans les soirées et fréquentait les cafés littéraires à la mode. Un soir, il croisa le poète Maïakovski qui s’écria en le prenant dans ses bras, « Jivoï ! », ce qui signifie, le Vivant, un surnom qui lui est resté."

 

Pour connaisseurs Aucune illustration

Adam Craponne

Note globale :

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