Avis de Patricia : "De la peste de Justinien au covid-19 en passant par beaucoup d’autres pandémies et traversant quinze siècles"
Dans l’introduction, on propose une définition d’une pandémie, un mot apparu en 1752, soit un demi-siècle avant l’entrée du mot épidémie dans la langue française. Aujourd’hui, l’OMS prend le critère d’échelle géographique pour distinguer pandémie d’épidémie, la première touchant simultanément un nombre important de pays. Jean Vitaux, médecin gastro-entérologue basé à Paris, a publié en 2010 un ouvrage spécifiquement consacré à la peste et quelques années après un autre autour de la lèpre.
La peste de Justinien au milieu du VIe est la première pandémie retenue par les historiens, d’autres manifestations de la peste se produisent et on est étonné de savoir qu’Aubervilliers et des communes qui lui sont proches (dont Paris pour les quartiers nord) en sont frappées en 1920 alors qu’Ajaccio la connaît en 1945. En 2017 c’est Madagascar qui est encore frappée par ce mal.
Suivent des chapitres consacrés individuellement à la variole, la rougeole, la tuberculose (un mal bien identifié par Galien dans l’Antiquité, comme du à l’existence de petits foyers purulents baptisés tubercules), le choléra, la grippe espagnole, la lèpre, les pandémies transmises par les moustiques, la syphilis, le syndrome d’immunodépression acquise, la pandémie de covid-19. Les derniers chapitres s’intéressent à diverses dimensions des pandémies : leurs caractères généraux, les peurs qu’elles suscitent et la recherche des responsables de celles-ci, les mesures prise pour les contenir depuis l’invention de la quarantaine instaurée en 1377 dans le port de Raguse (aujourd’hui Dubrovnik) sur la mer Adriatique sur les pandémies apparues au XXIe siècle ainsi que sur celles prévisibles. De la conclusion on retient : « Les progrès de la médecine moderne nous avaient laissé croire que nous étions à l’abri des pandémies, au point de les avoir oubliées. Or elles ont rythmé l’Histoire depuis les origines. Elles ont ruiné des empires, modifié nos comportements face à la mort, mais elles n’ont jamais détruit l’humanité » (page 197).
L’ouvrage permet de rencontrer certains personnages historiques comme par exemple Ambroise Paré (pour la syphilis), Alexandre le grand, Baudouin IV roi de Jérusalem atteint de la lèpre, Arnaud de Villeneuve illustre médecin et théologien de Valence qui vivait aux XIIe et XIIIe siècles ou Louis XV. Le récit est porté par un souffle dynamique et, quoique fruit d’une impressionnante érudition, d’un bon style de vulgarisation. Soulignons par nous-même que les conflits ont parfois favorisé la propagation de certaines épidémies, comme récemment les soldats de l’ONU ont apporté le choléra en Haïti, les Américains ont amené la grippe dite espagnole en Europe à la fin de la Première Guerre mondiale, le choléra se propage lors de la Guerre de Crimée (le général de Saint-Arnaud qui commandait les troupes françaises l’attrape en Bulgarie et meurt peu de temps après son arrivée à Sébastopol) les soldats français ont attrapé la syphilis durant les guerres d’Italie au début du XVIe siècle et les invasions mongoles ont porté une nouvelle peste en Crimée d'où elle s'est répandue dans toute l'Europe.
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