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Atlas historique des épidémies

Atlas historique des épidémies
Autrement 96 pages
1 critique de lecteur

Avis de Patricia : "De quelques pestes et autres pandémies"

L’introduction avance que la compréhension d’une épidémie passe par la connaissance des lieux où elle se produit. Si dès 1776 la Société royale de médecine encourage la production de topographies médicales, les progrès de la médecine avec l’identification des virus et microbes plus le développement de la vaccination font que la tendance est de négliger les spécificités locales. Toutefois un médecin gaulois résiste encore et il lance en 1950 le projet de réalisation d’un atlas mondial des maladies (voir la présentation en français du premier tome paru en anglais en 1858 là https://www.persee.fr/doc/ingeo_0020-0093_1960_num_24_3_6805_t1_0135_0000_3). Il s’agit du Dr Jacques May, dont nous avons trouvé par nous-même des éléments de biographie, à savoir qu’il est né en 1896 à Paris, qu’il fut de 1923 à 1947 chirurgien en chef à Bangkok puis en Indochine. Il partit ensuite exercer son art aux USA.  

De six à neuf questions sont traitées sur une double-page pour chaque chapitre de l’ Atlas historique des épidémies. Les chapitres se nomment respectivement : La planète des pandémies, Les détectives des maladies infectieuses : la culture visuelle de l’épidémiologie, Les territoires de l’épidémie : une géographie politique, Lieux de confinement : de l’enfermement à l’invention de soi, Environnements pathogènes.

La première question montre que les épidémies apparaissent dès le Néolithique, avec les débuts de l’agriculture qui amène une sédentarisation, des échanges entre communautés et l’apport de maladies à l’homme de la part des animaux qu’il élève. Le phénomène de rapprochement des habitats humais et des lieux de vie des animaux sauvages s’accélère depuis quelques décennies, on sait ce qu’on lui doit déjà comme maladies passant de l’animal à la personne et cette dimension n’est pas prêt de disparaître.

Le second sujet est consacré à la peste et on est heureux de trouver une carte de la peste justinienne, celle-ci est la première épidémie de peste (on a retrouvé des bacilles de cette maladie dans des sépultures de l’époque) sur laquelle on dispose de sources variées. Elle frappe au milieu du VIe siècle un empire romain d’Orient en pleine expansion puisqu’il a repris pied en Italie, au sud de l’Hispanie, en Numidie orientale et en Ifriqiya. Certains historiens avancent que les ravages qu’elle fit dans cet univers expliquent en partie la faible résistance, quelques dizaines d’années plus tard, des Byzantins face aux Arabes devenus musulmans.

Comme la maladie se fait fi des frontières, elle atteint également la Gaule des Mérovingiens, l’Angleterre et l’Irlande. Notons qu’au Ve siècle avant Jésus-Christ, Thucydide avait déjà évoqué la peste d’Athènes. Durant l’Antiquité les épidémies sont qualifiées de peste, aussi cette épidémie comme la peste antonine vers 165-170 après Jésus-Christ ou la peste de Cyprien au milieu du IIIe siècle sont possible une question de typhus, variole ou rougeole. Une autre double-page concerne la peste noire arrivée en Europe avec l’invasion des Mongols.

Avec la colonisation de l’Amérique, on marche vers une unification microbienne du monde. Chacun des trois continents (Europe, Amérique et Afrique, ce dernier du fait de l’envoi d’esclaves) envoie vers l’autre des maladies qui étaient inconnues chez ce dernier. De nombreuses maladies sont cartographiées par la suite : paludisme, fièvre jaune, choléra, sida, maladie du sommeil, maladie de Lyme…

Pour la grippe espagnole qui commence à sévir lors de la Première Guerre mondiale,  trois hypothèses de foyer d’origine sont données ; je pense qu’il y a en fait une origine dans l’Arkansas quoique les Indochinois venus en France (comme combattants ou forces auxiliaires de l’armée) semblent voir été touché par un virus proche. Le mot de pandémie s’est imposé dans le milieu journalistique français vers 1890 (il se trouve toutefois dans les dictionnaires depuis le milieu du XVIIIe siècle) avec la grippe russe partie de Sibérie et propagée par le Transsibérien ; elle toucha, à divers degrés, tous les continents. Le nombre de pèlerins pour La Mecque augment grâce aux nouveaux moyens de transport et au milieu des années 1860 les fidèles d’Allah ramènent le choléra à l’ensemble européen.

De nombreuses pages montrent quelles données sont recueillies pour chaque épidémie et comment on les met en cartes ou tableaux. Quarantaine, sanatorium, léproserie, hôpital ayant un service réservé aux patients atteints par une épidémie, évocation d’épidémies dans des œuvres littéraires (sans citer toutefois Le Hussard sur le toit de Giono) sont parmi les nombreux autres sujets traités.    

 

Pour connaisseurs Beaucoup d'illustrations

Patricia

Note globale :

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