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Arkadi de Kochko: Détective du tsar

Arkadi de Kochko: Détective du tsar
Macha Publishing 235 pages
1 critique de lecteur

Avis de Patricia : "Un tiers de Vidocq par les déguisements, un tiers de Bertillon pour l’identification criminelle, un tiers de Jules Sébille (des Brigades du Tigre) pour la modernisation de la police et à la fin un grand tiers de Sherlock Holmes"

Notre titre fait bien évidemment allusion à un passage de la pièce Marius de Marcel Pagnol.   L’ouvrage est sous-titré Les incroyables enquêtes du dernier chef de la police judiciaire de l'empire russe. Révélations sur l’affaire Beilis. En mars 2017, le parlement municipal de Moscou a décidé d'ériger une statue en plein centre ville en l'honneur du légendaire détective russe, Arkadi Francevitch Kochko.  Notons que la statue de Sherlock Holmes et du docteur Watson réunis a été inaugurée à Moscou en avril 2007 pour fêter les 120 ans de la sortie du premier roman d’Arthur Conan Doyle. Le lien entre les deux ? En fait Arkadi de Kochko a été surnommé le Sherlock Holmes russe.  

Dimitri de Kochko est le petit-fils d’Arkadi de Kochko, il a adapté les mémoires de ce dernier non seulement pour le rendre spontanément compréhensible à un lecteur francophone qui se serait perdu dans les références historiques mais également afin de prendre le style du roman policier.

 

Arkadi de Kochko est né en 1867 près de Minsk (dans la Biélorussie d’aujourd(hui) au milieu d’une famille noble. Durant les premières années de sa vie professionnelle, il est officier dans l’armée tsariste. Pour une petit douzaine d’années il est directeur de la police à Riga, de nos jours capitale de la Lettonie. Il passe deux ans auprès de la police de la capitale de l’empire russe, à savoir Saint-Pétersbourg ; sa carrière se termine à la tête de la police judiciaire de Moscou où il exerce entre 1908 et 1917.   

 

Ce sont une petite vingtaine d’affaires qui sont exposées ici, après nous avoir offert un panorama sur l’organisation de la police à Moscou à la veille de la Première Révolution russe. On apprend d’ailleurs que cambriolages et crimes connaissent là une recrudescence durant les grandes fêtes religieuses orthodoxes et en particulier à Noël (page 17). Par ailleurs le premier récit concerne le vol de diamants incrustés dans une icône placée dans la cathédrale de l’Assomption ; celle-ci avait servi à bénir le couronnement de Mikhaïl Fedorovitch, premier tsar de la dynastie des Romanov. On y apprend incidemment que c’est le vin de Cahors qui servait là pour les offices religieux.

 

La seconde affaire concerne un meurtre, commis le nuit, de neuf personnes pas tous de la même famille ouvrière dans la ruelle Ipatiev touchant la célèbre rue éponyme. Le vol était le motif du crime. La troisième histoire concerne des faux billets de cent roubles ; à l’origine de ce trafic des vieux-croyants (appartenant à une communauté dont l’honnêteté est pourtant légendaire). Ces derniers billets sont d’ailleurs fabriqués à Nice, ce qui nous rappelle que les Russes étaient assez largement présents sur la Côte-d’Azur durant la Belle Époque. Le récit suivant concerne un vol de radium en 1913 ; celui qui l’avait dérobé, en le gardant fort longtemps dans la poche de son veston, avait attrapé un cancer à l’estomac.  L’affaire suivante concerne un meurtre dans un train motivé par un vol de bijoux et se traduit à la fois par l’arrestation du criminel et l’embauche, dans la police, d’un employé d’une horlogerie. Dans des allusions à des dimensions contemporaines, on a dans le même texte à la fois la mention de l’usage du premier chien policier en Russie et le fait que là (comme dans l’hexagone) l’orange était un produit de luxe.

 

Les questions traitées ne concernent en fait que moyennement Moscou et les lieux de l’action d’origine sont situés dans la partie européenne de la Russie d’alors. Ainsi on a le récit d’un hold-up à Kharkov aujourd’hui deuxième ville la plus peuplée d’Ukraine. Deux textes ont une forte dimension historique, à savoir la recherche du corps de Raspoutine (une affaire qui ne fut jamais jugée du fait des bouleversements dus à la Révolution de février 1917) et l’affaire Belis qui voit un juif de Kiev (capitale de la République d’Ukraine de nos jours) être accusé de meurtre rituel en 1911. Grâce aux récits écrits et oraux familiaux, des éclaircissements (en particulier sur le rôle du tsar) sont apportés sur un sujet appelé par certains "l’Affaire Dreyfus russe". Le procès en 1913 eut un retentissement international et il rappela au monde occidental le caractère globalement antisémite de la Russie de Nicols II. On retiendra que des éléments d’un possible meurtre rituel furent mis en scène par la meurtrière de confession orthodoxe (page 214) et que Kiev comptait alors plusieurs organisations monarchistes antisémites.            

Pour tous publics Aucune illustration

Patricia

Note globale :

Par - 165 avis déposés - lectrice régulière

318 critiques
03/05/21
Lors de l'affaire de Beilis en Ukraine, accusation de meurtre rituel contre un Juif, le rabbin Judah Leib Zirelson fut l'un des plus ardents défenseurs de l'accusé afin d'apporter la preuve que la religion juive ne permettait aucun meurtre.
https://regard-est.com/reportage-du-yiddishland-bessarabien-a-la-moldavie-contemporaine
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