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Rebelles et révolté(e)s de la Belle Époque (?) à la Grande boucherie en Franche-Comté

Rebelles et révolté(e)s de la Belle Époque (?) à la Grande boucherie en Franche-Comté
Cêtre314 pages
1 critique de lecteur

Avis de Octave : "Franc-Comtois, rends-toi ! Nenni, ma foi"

Une petite centaine de pages sont consacrées au développement du syndicalisme et du socialisme dans le département du Doubs dans les premières années du vingtième siècle. On y rencontre incidemment Rose Pétrequin, future épouse du belfortain Ludovic Oscard Frossard (premier secrétaire général du parti communiste français). Le livre s’attarde plus longuement sur Louis Hoenig un anarchiste inculpé pour appel à une manifestation ouvrière, Gabrielle Petit libertaire parisienne (quoique née dans le Cantal) en tournée de propagande, Auguste Jouchoux horloger syndicaliste.

Le second tiers du livre est essentiellement consacré à Louis Minjoz, un professeur à l’École primaire supérieure de Besançon ; militant SFIO pacifiste à la Belle Époque, il accepte la mobilisation de l’été 1914. Dans la presse locale, il écrit au moment de l’entrée des Allemands en Belgique :

«L’heure est venue où tous les Français sans distinction de classe, de parti ou d’opinion, libres-penseurs, socialistes, croyants catholiques, juifs ou protestants, doivent s’unir, n’avoir qu’une poitrine et qu’un cœur à opposer aux barbares du XXe siècle et redevenir des soldats de la France au service du Droit ».

En parallèle sont rappelés les propos tenus à Belfort le 28 juillet 1914 par Ludovic Oscard Frossard, un instituteur lui aussi militant pacifiste au sein de la SFIO à la Belle Époque. Ces derniers sont en phase avec les écrits de Jean Allemane ex-communard, chef de file avec Gustave Hervé du courant pacifiste :

« À bas la guerre ! Oui. Mais si nos camarades autrichiens et allemands sont impuissants à arrêter les crimes impérialistes de leurs dirigeants contre l’existence et l’indépendance des nations, le devoir du citoyen français sera tout tracé : comme leurs grands ancêtres de 93, ils prendront les armes pour la défense de leur pays, du droit des peuples et de la civilisation ».

Louis Minjoz est tué le 26 novembre 1916 devant Nancy par un obus allemand. Sa mort suit d’environ un an et demi celle de l’écrivain (et ancien instituteur) d’origine franc-comtoise Louis Pergaud. Des extraits des lettres de ce dernier sont donnés :

« Mars 1915 (…) Vous savez avec quelle ardeur je suis parti. Pacifiste et antimilitariste, je ne voulais pas plus de la botte du kaiser que de n’importe quelle botte éperonnée pour mon pays (…) ».

Cent-vingt pages pour le dernier tiers de l’ouvrage sont consacrées à l’Affaire du pantalon rouge, il y a à la fois exposition des faits et des tentatives de réhabilitation de son principal protagoniste ainsi que du soldat qui s’était porté solidaire de lui. Ce sujet avait été porté à l’écran par un téléfilm d’Yves Boisset.

Lucien Bersot, soldat du 60e RI, est fusillé pour refus d’obéissance en présence de l’ennemi (en fait les Allemands sont à plus de trois kilomètres). Il a en effet refusé de porter un pantalon en très mauvais état qui lui avait été attribué par son sergent fourrier, c’est le lieutenant qui notifie les faits au colonel Auroux. Ce dernier convoque immédiatement un conseil de guerre extraordinaire dont il décide de la composition, au mépris des règlements. C’est le journal Germinal fondé par Ludovic Oscard Frossard à Belfort qui, sous la plume de René Rucklin dévoile les évènements dans le but d’obtenir la réhabilitation de Lucien Bersot et en conséquence la reconnaissance du titre de mort pour la France. En effet ce dernier, natif de la Haute-Saône, était ouvrier à Besançon au moment de la mobilisation ; son exécution eut lieu le 12 février 1915 à Fontenoy dans l’Aisne.

Dans cet ouvrage Joseph Pinard se centre sur quelques personnalités et effectue un réel travail de recherche qui permet d’offrir des informations nouvelles et précises. S’il ne propose pas de notes et de bibliographie, par contre il cite assez régulièrement ses sources tout au long des pages.

Octave

Note globale :

Par - 461 avis déposés - lecteur régulier

734 critiques
28/08/17
Exposition C’est mon choix ! Les élections politiques dans le Doubs du Moyen Âge à nos jours. Aux archives départementales du Doubs du 4 septembre 2017 au 9 février 2018.

Un département qui élit le premier député musulman, un qui fait voter une loi de protection du patrimoine, un député royaliste qui vote contre les pleins pouvoirs à Pétain, un docteur croix-de-feu qui remplace un député radical mêlé à l'Affaire Stavisky, des industriels Japy et Peugeot parlementaires...
https://archives.doubs.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=650
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