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Un Tsar à Paris : 1814. Alexandre Ier et la chute de Napoléon

Un Tsar à Paris : 1814. Alexandre Ier et la chute de Napoléon
Champs histoire 328 pages
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Avis de Octave : "Un tzar plein d'appétit, t'ça redîne !"

L’armée coalisée de Bohême, commandée par Schwartzenberg, viole la neutralité de la Suisse pour envahir la France par le Jura, le 21 décembre 1813. La discipline des troupes russes fut variable, selon la qualité de leur commandement et les sentiments plus ou moins francophiles des officiers. Le poète Konstantin Batiouchkov rapporte que dans le village de Fontaine (entre Belfort et Mulhouse) la parfaite tenue des soldats du tsar eut pour conséqunence des marques de reconnaissance de la part des habitants de ce village (page 77). Non loin de là, mais un peu plus à l’ouest :

« À la tête de ses troupes, Alexandre Ier a tenu à faire halte à Montbéliard, dans cette ville où sa mère l’impératrice Marai Fiodorovna, née Sophie-Dorothée de Wurtemberg, a passé son enfance. Tandis que le tsar s’y promène et qu’il est reçu par le maire de ville, son aide de camp en profite pour aller rendre hommage et visite à… l’un de ses vieux maîtres ». (page 78)

Une note nous dit que cet aide de camp s’appelle Aleksandr Mihailovskij-Danilevskij et une citation de ce dernier nous informe que son maître s’appelait Morel et qu’il étudia à l’École Saint-Pierre. Sophie-Dorothée de Wurtemberg est la seconde épouse du tsarévitch Paul Petrovitch (Paul Ier de Russie), fils de Catherine II de Russie. D’une manière générale, côté français les exactions des Cosaques s’accumulent, Marie-Pierre Rey cite un habitant de Montmirail :

« Les cosaques prirent aussi quinze des notables, les mirent nus et leur donnèrent a chacun cinquante coups de knout. Ils déshabillèrent les hommes et les femmes. Moi-même, j’ai été volé par un chef à qui mes habits et mes bottes convenaient. En majeure partie, les filles et les femmes ont été violées même dans la rue. Il y en eut qui se sont jetées par la fenêtre pour se soustraire aux outrages. Des pères eurent les mains coupées à coup de sabre en voulant retirer leurs filles des mains de ces brutaux ». (page 105)

Si le tzar Alexandre s’attache à y mettre un peu fin, c’est parce qu’il prend conscience que les paysans français commencent à s’organiser pour mener une guérilla contre les armées d’occupation. Reprises très sérieusement en mais en mars 1816 par les actions de Mikhaïl Vorontsov les troupes russes ne quittent la France qu’en 1818 ; pendant un temps variable selon que l’on se trouve plus ou moins à l’est elles auront été présente dans une bande d’environ 100 km de large de Paris à Sarreguemines. Une carte des zones d'occupation des armées alliées, en ce début de Restauration, aurait d'ailleurs été bienvenue.

Cet ouvrage ne se contente pas, comme on le voit ici, d’évoquer la présence du tsar Alexandre Ier des cosaques et autres militaires russes, mais montre comment depuis la Campagne de Russie menée par Napoléon, le tsar a été le fer de lance d’une coalition en expansion continuelle. On y apprend que le tsar n’a aucune sympathie pour les Bourbons et désirait offrit le trône de France à Bernadotte.

Il y est aussi question des deux traités de paix successifs, on comprend mieux pourquoi la Prusse obtient la Rhénanie. Ce n’est surtout pas en échange de la non-disparition de la Saxe allié fidèle assez tardivement de Napoléon, et dont le souverain est parent avec la mère de Louis XIII à savoir Marie-Josèphe de Saxe, mais par souci de l’Angleterre de mettre un gardien des frontières françaises de l’est comme on le sait généralement et aussi parce que Alexandre Ier avait promis au roi de Prusse qu’il compenserait à l’ouest de cette dernière les territoires polonais que la Russie reprendrait à Berlin par rapport au partage de 1795 ( Varsovie comme Kalisz étaient alors rattachées à la Prusse). Marie-Pierre Rey montre bien comment dans un premier temps Talleyrand sait jouer des oppositions aux appétits russes en Europe de l’est (venant de l’Angleterre, de la Prusse et de l’Autriche) et dans un second temps peut s’appuyer sur Alexandre face aux appétits de la Prusse et de certains autres princes allemands qui entendent enlever toute l’Alsace et la Lorraine au royaume de France. "Un tsar à Paris : 1814. Alexandre Ier et la chute de Napoléon" de Marie-Pierre Rey montre bien qu’après les Cent-Jours la diplomatie russe a souvent défendu les intérêts de la France. La IIIe République naissante sera s’en rappeler et on sait que l’alliance franco-russe à la Belle Époque ne fut pas sans conséquences.

Octave

Note globale :

Par - 461 avis déposés - lecteur régulier

598 critiques
18/04/19
La bataille de Toulouse de 1814 commémorée
https://www.ladepeche.fr/2019/04/17/lentente-a-commemore-la-bataille-de-toulouse,8136454.php
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