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La visite d’un Parisien à Limoges

La visite d’un Parisien à Limoges
Geste 2017 pages
1 critique de lecteur

Avis de Ernest : "Au XVIe siècle, on bouffait du jésuite, au sens propre"

Au cours de Belle Époque, on trouve encore dans certains romans une approche inspiré de la théorie des climats de Montesquieu, ainsi René Bazin dans Le blé qui lève paru tout d’abord en 1906 dans la Revue des Deux-Mondes écrit-il :

« Il était nivernais, du pays où les volontés sont fortes, violentes même, mais où le visage est froid et la langue souvent muette ».

La bonne surprise, avec le tire qui nous intéresse vraiment, est que l’on a deux ouvrages pour le prix d’un, puisque l’on commence avec Le Limousin rebaptisé par Geste éditions Un voyage vers le Limousin en 1841. Ce texte est tiré de l’ouvrage Les Français peints par eux-mêmes dirigé par le libraire et éditeur Léon Curmer, paru en 1841 ; perçaient là deux influences, celle  du « néo-hippocratisme (les hommes sont déterminés par leur milieu) et la physiogonomie (le physique, le visage d’une personne révèle son caractère) » (page 11). Tant pour les plumes comme par exemple Théophile Gautier, Balzac, Jules Janin ou Nodier que pour les crayons avec Daumier, Monnier et Gavarni, on a des gens célèbres. Dans le septième tome, la partie consacrée au Limousin est rédigée par M. de la Bédollière ; dans ce volume ou le huitième, il présente également là le Lorrain, l’habitant du Sénégal, le Languedocien et le Normand (voir http://www.bmlisieux.com/normandie/labedo02.htm).

M. de la Bédollière dresse du point de vue de la géographie physique et humaine un tableau complet des départements de la Corrèze et la Haute-Vienne, rappelons-nous qu’en matière de province la Creuse relève pour l’essentiel de la Marche. Après une prière limousine en patois qui ouvre l’ouvrage, on découvrira plus loin que les paysans sont « tristes et inculte comme le sol natal » en Haute-Vienne et que « la Corrèze, où le climat est plus chaud, où les fruits foisonnent, où les vignes serpentent sur les collines, nourrit une population plus gaie, plus dissipée », mais pas seulement. Tout d’abord on évoque les conditions de voyage en diligence pour nos deux voyageurs dont la conversation va alimenter le contenu du récit. L’un connaît son Limousin sur le bout des doigts et l’autre vient l’explorer pour rédiger des articles de journaux. Le patrimoine est aussi évoqué, principalement lorsqu’il est lié à un personnage historique comme le château de Chalus par rapport à Richard Cœur-de-Lion. Des allusions littéraires, comme une réplique de la pièce Monsieur de Pourceaugnac de Molière, sont prétextes également à évoquer des hommes célèbres.

Image absente de l'ouvrage

Des commentaires sur le second texte, qui donne son nom à l’ouvrage, sont à trouver à la fin. Laurent Bourdelas s’interroge sur l’identité de ce Parisien qui se révèle être à coup sûr un Limougeaud. On peut penser que l’auteur est  Georges Perrin, un avocat devenu député radical de la Haute-Vienne de 1873 à 1889 (jusque dans les années 1890 ce sont les radicaux, en la quasi absence de socialistes à la Chambre des députés qui représente l’extrême-gauche)  et franc-maçon ou au moins quelqu’un de son entourage politique.      

L’auteur nous présente Limoges en mettant en exergue l’importance des frais d’octroi, la question sociale, l’éducation du peuple et les dangers pour la République que représentent les catholiques.

« Le dindon noir et le dindon blanc avaient obtenu par leur grosseur la préséance ; cet oiseau, introduit en Europe par le premiers missionnaires revenus de l’Inde, est le seul cadeau agréable que les Jésuites nous ont fait. Dans les premières années de son apparition en France, on l’appelait un jésuite ; l’on s’engageait alors à manger d’un jésuite ; mais les temps sont changés : aujourd’hui, les Jésuites nous mangent ». (page 113)

Les deux parties de l’ouvrage sont très illustrées, la première en particulier par les gravures de Charles Giroux et Jean-Baptiste Tripon et la seconde par des photographies de Jean-Baptiste Audiguet. Les trois ont vécu une partie ou la totalité de leur vie à Limoges.  

Pour tous publics Beaucoup d'illustrations

Ernest

Note globale :

Par - 318 avis déposés -

461 critiques
26/06/19
Cachés dans un grenier, les trésors Art déco de la gare de Limoges retrouvés 40 ans après
http://www.lefigaro.fr/arts-expositions/caches-dans-un-grenier-les-tresors-art-deco-de-la-gare-de-limoges-retrouves-40-ans-apres-20190618
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