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Le radio-traître

Le radio-traître
Alma465 pages
1 critique de lecteur

Avis de Adam Craponne : "L'Angleterre, comme Carthage, doit-être détruite !"

Les ouvrages d’Yves Pourcher sont toujours porteurs d’une mine d’informations et il sait souvent trouver des sujets ou des personnages dont on avait entendu parler et sur lesquels, depuis longtemps, on aurait aimé en savoir plus. De surcroît autour de l’homme ou la femme principalement évoqué, on glane nombre d’informations concernant d’autres gens dont on avait également entendu parler et par ailleurs Yves Pourcher contextualise magistralement l’intérêt de son propos.

Ainsi ici nous parle-t-on du personnel travaillant à Radio-Paris sous l’Occupation et Radio-Patrie qui fonctionne, de la fin de l’été 1944 au tout début du printemps 1945, et cela depuis Bad Mergentheim  (aujourd'hui en Bade-Wurtemberg). C’était la radio de Doriot et du PPF,  elle émetait de 6 à 9 heures et de 14 heures à 1 heure du matin avec neuf bulletins d’informations quotidiens. Jean Hérold-Paquis, signe là d’ailleurs sa dernière chronique militaire dans le journal parlé du 3 avril. Claude Jeantet, autre animateur de Radio-Patrie, se voit ainsi accorder quelques lignes. On apprécie d’ailleurs beaucoup l’index des noms propres cités. Notons qu'à Sigmaringen existait Ici, la France, une radio dirigée par Jean Luchaire.

Par ailleurs on en apprend par exemple un peu plus, que n’en a jamais dit un de ses fils le chanteur Renaud (voir http://www.leparisien.fr/culture-loisirs/renaud-devoile-ses-secrets-de-famille-dans-son-autobiographie-27-05-2016-5833923.php) et encore moins wikipédia, sur les responsabilités à Radio-Paris d’Olivier Séchan. Ce dernier s’est fait un nom dans le roman policier (il en signe certains avec Igor B. Maslowski, autre employé à Radio-Paris) et la littérature de jeunesse. René Bousquet, qui concentre entre ses mains la quasi-totalité de la machine policière du gouvernement de Vichy, trouve également une petite place page 311 à propos des attaques de magistrats par la Résistance. Jean Hérold-Paquis ne se fait pas tirer dessus mais reçoit des colis piégé.

Jean Hérold ne devient Jean Hérold-Paquis que lors de son passage en Espagne, en France auparavant, comme on l’apprend autour des pages 115-120, il a surtout collaboré à la presse catholique qu’elle soit nationale (comme L’Aube des démocrates-chrétiens) ou provinciale (comme L’Express de l’est). 

La France commence la Seconde Guerre mondiale, dans le domaine radiophonique, en portant au pilori le poitevin Paul Ferdonnet qui rédige le contenu de Radio Stuttgart ; cette dernière, de fin août 1939 à fin juin 1940, déverse en français ma propagande allemande. Le pays termine le conflit, en matière de TSF, par l’assassinat d’Henriot, député de la Gironde, qui tient une chronique sur Radio-Paris, et l’arrestation en Suisse  du Vosgien Jean-Hérold-Paquis début juillet 1945. L'accusation se contenta de faire écouter, aux juges, des enregistrements, réalisés par des résistants, des chroniques de l'accusé.

Son antienne « L'Angleterre, comme Carthage, doit-être détruite ! » est restée dans les mémoires et ses diatribes égratignent ponctuellement le régime de Vichy qu’il accuse par exemple de ne pas lutter contre le marché noir. Toutefois dans ses emportements, il voit toujours les choses en surface et n’effleure jamais la question de fond, à savoir pour les pénuries alimentaires le fait que les Allemands pillent la France. On retiendra du livre ceci :

« La voix de Paquis est une voix de haine, de provocation, une voix qui appelle la mort, qui trépigne devant elle et qui joue en permanence avec les images de l’apocalypse. Pour lui, il y a toujours, il les faut absolument, des tas de cadavres » (page 20) ;  

D’avril 1938 à mars 1939 il avait assuré les émissions en langue française à Radio-Saragosse, la voix de Franco. C’est par ce conflit que la radio est entrée dans l’univers de la propagande, un peu plus d’un demi-siècle plus tard, à l’occasion de la Première Guerre d’Irak on vit que la télévision allait très largement renouveler le genre du bourrage de crâne, né lors que la Première Guerre mondiale  

On peut entendre évoquer Radio-Paris dans une fiction ici https://www.youtube.com/watch?v=_3nOcsorRkc&t=77s

Les éditoriaux et critiques militaires de Jean Hérold-Paquis sont consultables sur le site INA. Cependant il faut s’inscrire et avoir un code d’accès pour l’écouter. On l'entend en d'autres circonstances là https://www.ina.fr/video/AFE86002361/reunion-anti-bolchevique-au-vel-d-hiv-video.html

Pour tous publics Aucune illustration

Adam Craponne

Note globale :

Par - 734 avis déposés - lecteur régulier

598 critiques
24/10/20
Paul Ferdonnet, « salopard national » de la drôle de guerre
https://www.retronews.fr/conflits-et-relations-internationales/long-format/2019/10/25/paul-ferdonnet
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