Avis de Alexandre : "Le rôle des Français réhabilité, mais pas seulement"
Dominique Lormier a déjà beaucoup écrit autour de la Seconde Guerre mondiale, il est plus à classer dans les grands compilateurs que dans les chercheurs maniant les archives. Lorsqu’il revoie à un document d’archives, ici comme dans d’autres ouvrages, il ne donne jamais sa côte et on se demande parfois si au mieux il ne s’est pas trompé dans la source qu’il cite ou au pire (mais à tort) s’il ne l’a pas bidonné. Ainsi page 277, on voit mal comment on pourrait trouver un écrit du général russe Sciocolov dans les archives militaires italiennes . En fait ici, l’auteur a trouvé sa citation dans un ouvrage traduit du russe (voir http://cataloghistorici.bdi.sbn.it/file_viewer.php?IDIMG=1197945&IDCAT=139&IDGRP=1391501&LEVEL=&PADRE=&PROV=INT) qu’il a peut-être consulté aux archives militaires italiennes mais ce n’est nullement un document d’archives comme il le laisse entendre. Bref, on n’a là qu’un bon ouvrage vulgarisateur qui met en exergue quelques faits peu connus de ce conflit.
Si les faits rapportés sont intéressants, leur éclairage manque parfois un peu d’intensité, ainsi il semble que l’auteur n’ait pas compris ou n’ait pas voulu expliquer la résistance du fort de Bir Hakeim (et la sortie en partie réussie des troupes françaises) par un intense minage sélectif des alentours du fort. Par ailleurs, faute de contre-exemple comme celui de Victor Barthélémy ou de Léon Gaultier voire de François Brigneault, on a l’impression que parmi les premiers adhérents au Front national on ne trouvait, pour des gens engagés durant la Seconde Guerre mondiale, que des personnes qui avaient choisi de combattre les Allemands (page 140). Par ailleurs que Churchill ait admiré Mussolini n’est pas une information nouvelle ni que les Italiens aient relativement protégé les juifs ; de là à tresser des couronnes de lauriers au régime fasciste il y a un pas, trop allégrement franchi.
On apprécie plus le chapitre consacrée à la réhabilitation des soldats italiens mais on aurait aimé voir développé les raisons de leurs défaites a priori (selon moi) liées à des erreurs de commandement et des raisons matérielles. Pour approfondir le sujet, signalons la sortie de l’ouvrage Les Italiens sur le front de l'est - Juillet 1941-mars 1943 de David Zambon chez un éditeur Lemme qui ne donne que des ouvrages historiques de grande qualité.
Les questions (y compris celles en lien avec nos remarques) auxquelles l’auteur répond en général par une trentaine de pages, sont : La défaite de 1940 est-elle si impardonnable ?, Le sacrifice héroïque de l’armée française en 1940, Les Français ont majoritairement rejeté la collaboration et l’antisémitisme, La gauche dans la Résistance, la droite dans la Collaboration, une imposture historique ?, La réelle efficacité de la Résistance française, Les batailles de Bir Hakeim et des Glières : des mythes gaullistes, La bravoure des soldats italiens, Mussolini : un dictateur belliqueux, fanatique et allié toujours à Hitler ?, Les vérités méconnues de la bataille de Normandie, La France n’a pas joué un rôle mineur dans la victoire des Alliés.
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