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Les 100 000 collabos

Les 100 000 collabos
Monpoche375 pages
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Avis de Alexandre : "Nous partîmes cinq cent et par un prompt renfort nous nous vîmes cent mille fichés en arrivant en 1945"

Cet ouvrage était sorti dans une collection plus luxueuse en 2017, il est sous-titré Le fichier interdit de la collaboration française. Le colonel Paul Paillole,  plus giraudiste que gaulliste, fin 1944 se retrouve responsable du contre-espionnage français, un an plus tard il livre l’objet d’une de ces enquêtes. Il s’était agir d’établir un fichier des collaborateurs ; il en recense 96 492 mais oublie très largement les dirigeants d’entreprise et certaines personnalités tard venus à la Résistance après avoir servi le Maréchal, voire les Allemands. Dans les années 1990, ce fichier est arrivé, grâce à l’action du député-maire de Bordeaus, à avoir Chaban-Delmas, dans le fonds documentaire du Musée de la Résistance de la préfecture de la Gironde. On peut supposer qu’il y est encore.

À la libération, on a de grand procès (comme ceux de Laval, Pétain ou Darnand) et un certain nombre de miliciens ou d’anciens de la LVF passent en jugement. Toutefois dès 1947, avec le déclenchement de la Guerre froide, un très net coup de frein est mis aux procès et quand ils ont lieu les verdicts sont assez cléments. Au total, l’auteur donne 127 000 jugements avec à la clé des condamnations dans trois-quarts des cas.

Après un chapitre sur la biographie de Paul Paillole et un à la fois sur le fichier et l’Épuration, l'auteur s’intéresse aux diverses collaborations identifiables à partir du fichier, donc avec l’impossibilité de traiter de la dimension économique, et dresse un petit tableau pour chaque organisation ayant soutenu la Collaboration en précisant quels sont ses chefs, son importance et sa sensibilité.

Incidemment on apprend des choses inédites ou peu connues comme l’effectif des troupes d’occupation (civiles ou militaires) en France pour mars 1944, on est à plus de 1 500 000 hommes (allemands, fascistes italiens, caucasiens russes retournés…) ou encore le fait que un peu plus du quart des prisonniers français sont libéré par les Allemands (ceci d’ailleurs parfois dans l’intérêt immédiat des Allemands, c’est le cas avec les cheminots, ajouterons-nous personnellement).       

Des biographies sobres concernent des grandes figures de la Collaboration ; celle de Darnand permet de montrer que tous les miliciens ne le suivirent pas dans son tournant pro-allemand, ainsi le responsable de cette organisation pour la Dordogne démissionne-t-il en décembre 1943. En prolongement, on apprend que Paul de Gassowski, responsable milicien dans les Bouches-du-Rhône, est la première vistime des résistants le 24 avril 1943. Pour les lecteurs, qui se sont déjà intéressés à la période, ce ne sera vraisemblablement pas les biographies des Déat, Doriot, Drieu La Rochelle et d’autres qui seront les plus intéressantes.

On découvrira, avec une plus grade attention, des parcours plus anonymes et souvent assez singuliers. Michel Haripse est né à Pantin en 1906, il est membre de l’Action française à 21 ans et rejoint la Cagoule, le MSR, le RNP (de Déat) puis le PPF (de Doriot) par la suite ; il est au service de l’espionnage allemand et de Vichy. Fin 1944 il tente d’organiser, dans la région de Belfort, un maquis pro-allemand (page 204), on le retrouve ensuite en Italie où il est arrêté à l’été 1946…

L’auteur a interviewé certaines personnes du fichier, au milieu des années 1980, il ne livre pas leur nom (et leur prénom est peut-être déguisé). André travaille, en 1936, à 14 ans dans un garage pantinois, il désire rejoindre Londres  mais n’y parvient pas. Au chômage, car mécanicien auto n’est pas une situation lorsque la plupart des voitures ne roulent plus, il part travailler en Allemagne, mais à Munich il fréquente des jeunes filles germaniques. La Gestapo lui promet l’envoi dans un camp de travail, à moins qu’il s’engage dans la Waffen-SS. Encore un Pantinois avec Pierre Pujol, né en mars 1926 dans cette ville de banlieue, orphelin d’un père mort des conséquences de ses blessures de guerre. Il rentre, vers 15 ans, au PPF où il subit un endoctrinement intensif et il est encouragé à s’engager dans la Waffen-SS, ce qu’il fait. On a le cas d’une famille où un fils est dans les FFL du général de Gaulle, alors que son frère et son père sont au PPF, il s’agit des Cartaud (page 286).             

Pour connaisseurs Aucune illustration

Alexandre

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