Avis de Alexandre : "L’année où l’idéalisme wilsonien et les soviets prennent corps"
L’année 1917 est une année de rupture à divers points de vue. On sait que la Russie risque de se retirer du conflit après deux révolutions successives alors que les USA y rentrent progressivement. L’Allemagne a un nouveau chancelier et les Grecs ont un autre roi. Des projets de paix, même peu réalisables faute de clarté, sont portés par le pape et le encore nouvel empereur d’Autriche-Hongrie et l’Internationale socialiste doit se réunir à Stockholm pour explorer des pistes mettant fin au conflit. Les civils souffrent énormément des restrictions en Allemagne et en France ; ce dernier pays doit faire face à des mutineries. Daudet et Clemenceau qui, il y a peu de temps, se haïssaient, tirent à boulets rouges sur Malvy et Caillaux. On en apprend beaucoup sur les calomnies odieuses portée sur Malvy par L’Action française qui le dénonce entre autre comme juif (Malvy étant évidemment un nom de famille né de la fusion des patronymes israélites Malvus et Lévy). L’Action française commet d’ailleurs une quasi trahison en ne respectant pas les indications données par la censure et en publiant un article qui révèle que les Français ont percé le nouveau codage allemand utilisé entre l’Espagne et la France (page 381). Les financements évolutifs du Bonnet rouge d’Almereyda sont révélés (page 381).
On apprécie l’existence d’un indice des noms propres ; ce qui permettra, à ceux qui par exemple s’intéressent à des figures de la SFIO comme Albert Thomas, Pierre Brizon et Hélène Brion, d’aller tout de suite aux pages assez nombreuses où on les évoque. Le premier, alors membre du gouvernement, est bien naïf face à l’Offensive Nivelle en pensant quelle va provoquer réellement la rupture et il la soutient alors que le ministre de la Guerre Painlevé est sur le point de l’annuler alors que le président du conseil Ribot hésite. Par ailleurs nous avons relevé en particulier que le 17 mars 1917, Pierre Brizon tient une conférence publique à Saint-Denis, il y déclare au sujet de la Première révolution russe : « Espérons que la révolution fera le tour de l’Europe et saura jeter bas les Briand, les Lyod George, les Bethmann-Hollweg et les Poincaré. Les révolutionnaires imposeront la paix qui sera la régénération du genre humain et abolira toutes les frontières». Adhérente du parti socialiste mais aussi dirigeante du syndicat des enseignants du primaire, l’institutrice Hélène Brion distribue le 28 mai 1917, devant le siège du conseil national SFIO, un tract qui commence ainsi "Aux grévistes, aux femmes" et deux papillons un avec l’inscription "La paix sans annexions ni indemnités" et l’autre "Assez d’hommes tués". Un peu plus tard, elle pénètre dans la salle de réunion et lance les papillons qui lui restaient. Alors que le gouvernement compte encore des ministres SFIO, il y a un basculement de majorité ce jour-là ; la tendance derrière Longuet et Paul Faure n’est plus minoritaire.
En résumé, tous ceux qui croient connaître quasiment tout sur la conduite de la guerre par les gouvernements français en apprendront encore. C’est là le point fort de l’ouvrage, ce qui ne veut pas dire que les autres points ne sont pas traités de façon intéressante.
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