Avis de Octave : "L’amour gâché par le masque à gaz et par bien d’autres choses encore"
Il se compose de quatre parties : la guerre moralisatrice, angoisse morale et médicale, transgressions, de l’union sacrée à la démoralisation. On y apprend entre autre que le 13 mars 1918, l’armée crée des bordels militaires soumis à un règlement strict concernant les règles d’hygiène et que par ailleurs les pères de six enfants et plus sont retirés du front à partir de février 1915. La préoccupation principale des autorités civiles et militaires est de garder saine la santé du combattant et promouvoir l’avenir de la race française. Les qualités viriles du combattant sont hyper valorisées par la propagande et l’embusqué est présenté comme un quasi eunuque. Gustave Hervé, ardent antimilitariste avant 1914, reconverti dans le chauvinisme écrit :
« Nous nous demandons comment on peut être embusqué, comment un homme jeune, ayant des muscles, des capacités sexuelles suffisantes, un estomac passable, peut-il vivre loin de la guerre, du danger, loin du plaisir élégant de risquer son bonheur et sa vie ? » (page 318)
Les conséquences d’une longue guerre sont multiples, et apparaissent en particulier les mariages par procuration où le marié au front se fait représenter, des possibilités seront également offertes à des jeunes femmes, qui prouvent qu’elles avaient un statut de fiancée, de se marier avec un mort pour la France. Se pose également le cas du devenir des enfants nés d’une mère française et d’un géniteur allemand ayant violé la première, l’on verra plus profondément cette question dans L’enfant de l’ennemi d’Audoin-Rouzeau. Par ailleurs, sur l’ensemble du sujet traité ici, on ira chercher une iconographie (totalement absente dans Misères et tourments de la chair) dans quelques pages de Françaises en guerre1914-1918 paru chez Autrement sous la direction d’Évelyne Morin-Rotureau.
Le fait que la femme prend alors la nationalité du mari se traduit par l’internement comme sujets allemands ou autrichiens de nombreuses mères de famille nées sur le sol hexagonal. Ce fait dans l’après-guerre se traduira par une réforme en la matière. Jean-Yves Le Naour consacre également de nombreuses pages aux relations consenties entre femmes françaises des régions occupées et militaires allemands. On y approche la façon dont elles sont perçues durant et juste après le conflit, ainsi que le rôle d’informatrice tenu par certaines maîtresses d’officier allemand.
Les sources sont très diversifiées, documents d’archives et publications de l’époque abondent (périodiques ou livres) ; ceci permet de se faire une idée de certains évènements ou réactions individuelles dans des villes de l’arrière comme Rouen, Caen, Angoulême, Bordeaux … Bien sûr la majorité des informations sur l’arrière concerne la capitale.
Animée par Claude Ribouillault, ethnomusicologue et Guy Marival, historien.
Caverne du Dragon http://www.caverne-du-dragon.com/fr/default.aspx
Rendez-vous au petit théâtre de la Maison des arts et loisirs de Laon.
Tarif : 5€. Durée : 1h30.
https://www.historial.fr/musee-de-collection-peronne/expositions-temporaires/amours-en-guerre/