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Aristide Briand

Aristide Briand
Perrin, Tempus925 pages
1 critique de lecteur

Avis de Alexandre : "Pour faire la paix, il faut être deux: soi-même et le voisin d'en face (Aristide Briand)"

Il s’agit là de la réédition en poche d’un ouvrage paru il y a une dizaine d’années, donc la bibliographie n’a pas été mise à jour ; ceci n’est pas trop grave dans la mesure où il y a eu peu d’apports depuis. Le livre de Christophe Bellon, sorti en 2016 aux éditions du CNRS, est nettement plus complaisant  avec le personnage que celui de Bernard Oudin.

On peut que remercier ce dernier, ainsi voit-on que la phrase suivante de Georges Clemenceau était pleinement justifié : « Briand ne sait rien, mais comprend tout ; Poincaré sait tout, mais ne comprend rien ». Quand on lisait les attaques sur son inculture venues durant toute sa carrière politique de L’Action française on émettait des doutes sur leur véracité. Et bien il apparaît que ce manque de connaissances faisait l’unanimité et valut quelques lapsus  à l’intéressé dont Jaurès disait en 1902 (alors qu’ils n’étaient pas encore fâchés) qu’il était "d’une ignorance encyclopédique".

 

 

(Image absente du livre)

Par contre est très largement diffamatoire la rumeur comme quoi il ne serait pas le fils du mari de sa mère ou que son père avait transformé à Nantes son café-concert en maison de prostitution. L’on sait que ces lieux à la Belle Époque, comme les théâtres d’ailleurs, étaient en effet le moyen de rencontrer des chanteuses ou comédiennes peu farouches et prêtes à arrondir leur maigre salaire. Cependant ce n’est pas pour autant que l’on doit accuser de proxénète ceux qui les gèrent.

En dix-huit chapitres, l’auteur nous dresse à un rythme soutenu l’évolution des motivations de l’homme et les mesures qu’il prend pour tenter de faire évoluer la société française.  Bernard Oudin rappelle c’est le président du Conseil Briand qui fait voter la Loi des trois ans mais omet de parler des conséquences sur l’opinion des dirigeants allemands de cette loi. Le kaiser perçoit en effet cette mesure comme la préparation de la Revanche et consolide son idée d’abattre la Russie et la France avant que les deux pays ne renforcent chacun leur armée.  Il est certain que Briand connaissait, avant qu'elle ne se déclenche, la campagne visant à saper l'avenir politique de Caillaux (et la perspective d'un gouvernement revenant sur la Loi des trois ans) toutefois la question de savoir s'il a encouragé Calmette le directeur du Figaro à lancer cette campagne est moins sure.  Il est rentré dans l'Histoire pour être parvenu à rendre cohabitables l’Etat et l’Eglise.après le vote de Séparation de l'Eglise et de l'Etat, il apaise la situation en tant que ministre des cultes et après la guerre en 1921 il sera le principal artisan (le Président Millerand le suivant là-dessus au moins) du rétablissement des relations diplomatiques avec le Saint-Siège, interrompues depuis 1904.

Il est bon de bien faire sentir l’importance de Briand dans les décisions gouvernementales durant la Première Guerre mondiale.  Dans le second gouvernement Viviani qui dure du 26 août 1914 au 29 octobre 1915 il est vice-président et ministre de la Justice, puis du 29 octobre 1915 au 17 mars 1917 il est à la tête de deux gouvernements successifs. S’il est un des artisans du basculement de l’Italie dans le camp allié, c’est en faisant promettre au gouvernement de Rome une large part des dépouilles d’Autriche-Hongrie et deux pieds à terre l’un en Albanie (Vlora dans la baie de Valona, d’après une rectification de notre part pour la page 410) et en Asie mineure.  Il fait également venir la Roumanie aux côtés de la France mais celle-ci tient six mois (avec l’aide russe) contre les Allemands et leurs alliés. Il appuie Lloyd George dans l’idée d’attaquer à Gallipoli puis à Salonique. L’auteur essaie de nous éclairer sur l’attitude Briand face aux tentatives austro-hongroises de négocier la paix début 1917 par l’intermédiaire de Belges, cet épisode de la Grande Guerre est entré dans l’histoire sous le nom de l'affaire Briand-Lancken.

Vu l’inimité entre Clemenceau et Briand ce dernier n’est en rien associé aux discussions qui débouchent sur le Traité de Versailles, c’est donc sans remords qu’il pourra le détricoter en partie. Au passage on apprend que Clemenceau n’a pas dit à propos de Mandel : « Quand je pète, c’est lui qui pue » mais « Quand Mandel pète, on m’accuse d’avoir mangé des haricots ». (page 592)

Redevenu Président du Conseil de janvier 1921 à janvier 22, il est désavoué par Millerand (le Président de la République) et nombre de ministres de son gouvernement pour sa volonté d’accepter un allègement des réparations en contrepartie de garanties britanniques en cas d'agression allemande. Briand est revenu au centre gauche et par ses choix de réintégrer l’Allemagne comme partenaire il y reste jusqu’à sa mort. Il est amusant de voir que lui qui est président du Conseil de la Chambre horizon (avec toutefois une majorité allant des radicaux au centre-droit) redevient président du Conseil de la Chambre du Cartel des gauches de l’automne 25 à l’été 1926.                    

Pour connaisseurs Aucune illustration

Alexandre

Note globale :

Par - 401 avis déposés - lecteur régulier

734 critiques
04/09/17
28 mars 1916 : Georges Clemenceau écrit à Aristide Briand
http://lhistoireenrafale.blogs.lunion.fr/2016/03/27/28-mars-1916-georges-clemenceau-ecrit-a-aristide-briand/
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