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DE TANNENBERG À VERDUN LA GUERRE TOTALE

DE TANNENBERG À VERDUN LA GUERRE TOTALE
SPM 364 pages
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Avis de Alexandre : "De 1914 à 1916, le conflit s’étend progressivement à de nouveaux territoires"

Il s’agit de près de trente contributions fruits d’un colloque tenu, à l’ICES de La Roche-sur-Yon, fin 2016.  Dans son texte sur les anarchistes face à la guerre, Thomas Siret commence par évoquer les positions des libertaires sur la question à la Belle Époque. Ce qui amène, vu l’influence de ceux-ci dans le syndicalisme, à s’intéresser aux positions de la CGT. Les oppositions, dès 1915, à la poursuite du conflit de certaines personnalités comme ente autres Monatte, Lecoin, Ruff, Sébastien Faure sont mises en avant.  Il est fait aussi allusion, en citant une phrase significative, à un texte signé en février 1916, dit Le Manifeste des Seize. Il est à l’initiative de Jean Grave et Pierre Kropotkine.


Ce texte a eu un contenu largement caricaturé par, entre autre, des propos d’auteurs de l’histoire du mouvement anarchiste non universitaires, à l’instar de Michel Ragon, qui considèrent comme une ignoble tâche dans la biographie d’un militant le fait de l’avoir signé. Aussi nous préciserons personnellement un point. Le Manifeste des Seize dénonce l’impérialisme allemand et déclare qu’une perspective de paix qui offrirait à l’Allemagne une prime à l’agression doit être refusée : « avec ceux qui luttent, nous estimons que, à moins que la population allemande, revenant à de plus saines notions de la justice et du droit, renonce enfin à servir plus longtemps d’instrument aux projets de domination politique pangermaniste, il ne peut être question de paix. Sans doute, malgré la guerre, malgré les meurtres, nous n’oublions pas que nous sommes internationalistes, que nous voulons l’union des peuples, la disparition des frontières. Et c’est parce que nous voulons la réconciliation des peuples, y compris le peuple allemand, que nous pensons qu’il faut résister à un agresseur qui représente l’anéantissement de tous nos espoirs l’affranchissement».

 

Les personnalités de Pierre Laval et Aristide Briand ont droit chacune à un article, ce qui permet, à la marge, d’évoquer le fait que des tentatives de mettre fin au conflit proviennent de milieux laïcs. Renaud Meltz, à qui on doit une biographie complète de Laval, écrit ici : « La guerre, dans le cas de Pierre Laval, a défait un révolutionnaire et crée un conservateur. La détermination de Clemenceau, sa popularité et l’espoir d’un portefeuille persuadent le socialiste minoritaire que la meilleure façon de terminer la guerre est de la gagner sur le terrain » (page 122).

 

Jean-Marc Joubert évoque les BD qui traitent de la Première Guerre mondiale avec une action dans l’hexagone. Il ne néglige par Tardi mais nous nuancerons son propos qui est d’avancer que pour Tardi « il existe une éternelle nature humaine mauvaise en soi » en ajoutant que pour cet auteur l’ennemi du poilu ce n’est pas le boche mais le gradé et le gendarme.  Nous partageons entièrement son opinion sur le caractère exceptionnel Des Folies bergères de Zidrou et Postel, en y rajoutant que c’est le seul album qui évoque l’antisémitisme dont sont victimes certains soldats juifs dans l’armée française. Nous le suivons dans toutes ses mises en valeur et en particulier pour les deux tomes de Pour un peu de bonheur dont l’action se passe non loin de celle où s’était déroulée, près d’un demi-siècle avant, l’Affaire de Martin Guerre où comme ici, il y a substitution, avec la complicité de l’épouse, du personnage qui revient de guerre. Le héros est une gueule cassée, qui fut anarchiste à la Belle Époque.  

 

De la Russie, il est aussi question avec l’Offensive Broussilov, Lénine et indirectement autour  de la Pologne et des Polonais à qui on promet beaucoup dans les deux camps. Des batailles comme la Somme, Verdun et le Jutland sont analysées. L’Occupation en Belgique, durant la Première Guerre mondiale, fut bien plus sévère que durant la Seconde Guerre mondiale du fait qu’entre 1940 et 1944 l’Allemagne eut tout loisir de piller la France. Laurence van Ypersele nous parle des pénuries et de certaines formes de résistance outre-quiévrain. L’entrée en guerre de l’Italie date de 1915 et Frédéric Le Moal raconte de façon très passionnante les atermoiements de ce pays. François-Joseph n’entendant pas céder un pouce de territoires autrichiens, il fait basculer l’Italie dans le camp adverse d’autant qu’au Traité de Londres, fin avril 1915, il lui est promis monts et merveilles en Europe, sans tenir compte des intérêts que les Serbes feront valoir car le pays de ces derniers se verraient toujours privé d’un accès à la mer.  

 

Si, après avoir disséqué les conditions dans lesquelles la guerre se déclare, on est amené forcément à parler de la Serbie, par contre on oublie généralement ce qui se passent dans les Balkans entre 1914 et 1918, à l’exception certes de l’Expédition des Dardanelles et des offensives de la fin de l’été 1918, réalisées par l’Armée d’Orient, qui amènent les Bulgares à accepter un armistice le 29 septembre à Salonique. Aussi dans ce volume, comme dans le suivant sur l’année 1917, apprécie-t-on particulièrement ce qui nous fait découvrir la situation en Grèce, Serbie, Roumanie, Bulgarie et Croatie. Wilhelm Pabst, avec de grands comédiens français des années 1930, rappelle.

 

Charlotte Nicollet montre que la Bulgarie est courtisée par les deux blocs ennemis pour tomber dans leur camp, la France envoyant d’ailleurs en vain Jean d’Orléans duc de Guise, futur prétendant au trône de France (de 1926 à 1940), qui a des liens familiaux avec la mère du roi de Bulgarie. Selon nous, il est possible que l’échec de l’Expédition aux Dardanelles  (entre mars 1915 et janvier 1916) ait précipité la Bulgarie dans le camp  austro-allemand. Mais ce n’est pas la seule raison de l’entrée en guerre de ce pays le 5 octobre 1915, lorsque le tsar Ferdinand refuse les termes de l'ultimatum allié, comme Charlotte Nicollet nous l’explique largement. Nicolas Pitsos rappelle les violences entre venizelistes interventionnistes et royalistes neutralistes, des populations d’origine bulgare, installées autour de Salonique,  en faisant aussi les frais. Sur l’ordre du général Sarrail, des officiers français remplacent certains Grecs dans l’administration des villes du nord de la Grèce.

Pour connaisseurs Peu d'illustrations

Alexandre

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