Avis de Benjamin : "Caillaux était peut-être une victime de ma férocité bien connue, mais à coup sûr pas un sauveur (Clemenceau)"
Joseph Caillaux (1863-1944) fut plusieurs fois ministre des finances et également président du Conseil (l’équivalent de Premier Ministre mais avec des pouvoirs plus importants). Il fut le promoteur de l'impôt sur le revenu et la lutte contre les paradis fiscaux, mais il est plus connu pour chronologiquement déjà avoir su gérer le conflit avec l’Allemagne en 1911 qui débouche sur l’occupation de la plupart des terres marocaines par la France en échange de l’abandon par Paris de 272 000 km2 en Afrique équatoriale.
Il entre dans les faits divers lorsque sa seconde épouse assassine le directeur du Figaro qui proposait épisodiquement les échanges épistolaires de Joseph Caillaux avec celle-ci. Après l'arrivée au pouvoir Clemenceau en 1917, il y a une chasse aux prétendus traîtres ou défaitistes. Il est arrêté en janvier 1918 et passe en Cour de justice (composée de sénateurs) en 1920 ; il est condamné à trois ans d'emprisonnement et à la privation de ses droits civiques pour correspondance avec l'ennemi. La victoire du Cartel permet son amnistie prononcée le 3 janvier 1925. Devenu ministre des finances en avril de la même année, il demande à la Chambre des députés l'autorisation de légiférer par décrets délibérés en conseil des ministres. Édouard Herriot et Léon Blum s’y opposent et entraîne la chute du ministère Painlevé le 19 juillet 1926.
Son dernier acte notable est, comme président de la commission des finances du palais du Luxembourg depuis 1932, de refuser à Léon Blum cette même autorisation de légiférer par décrets. Il joue ainsi un rôle majeur dans la chute du premier gouvernement de Front populaire en juin 1937. Caillaux vote les pleins pouvoirs à Pétain mais il n’évoque pas cela ici du fait que son écriture se fait sous l’Occupation. On relèvera que six pages sont consacrées à l’univers des lois laïques depuis le gouvernement Waldeck-Rousseau (page 150) en passant par celui de Combes pour se terminer par celui de Rouvier sous lequel est votée la Loi de Séparation de l’État. Ces Mémoires paraissent en trois tomes, dont le dernier est posthume ; cette édition de 2024 est présenté par Henri Paul notamment président à la Cour des comptes.
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