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Clemenceau : dernières nouvelles du Tigre

Clemenceau : dernières nouvelles du Tigre
CNRS 220 pages
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Avis de Adam Craponne : "Quand on est jeune, c'est pour la vie (Clemenceau)"

Clemenceau avait pleinement confiance en son secrétaire d'état Jules Jeanneney (député d'une circonscription méridionale de la Haute-Saône) au point de dire : « M. Jeanneney, c'est moi » ; cette information est donnée à la page 634 dans la biographie de Jean-Baptiste Duroselle sur Clemenceau. Il faut dire que Clemenceau et Jeanneney unirent leurs efforts en 1913 pour renverser le gouvernement dirigé par Briand (page 47 de "Clemenceau : dernières nouvelles du Tigre").  

Nous savons personnellement que  cette complicité valut au fils de ce Jules de voir figurer son enfant Jean-Marcel le 14 juillet 1919 aux côtés de Clemenceau sous l'Arc de triomphe. Jean-Marcel Jeanneney fit une brillante carrière ministérielle sous la présidence du général de Gaulle et est le père de Jean-Noël Jeanneney l’auteur de l’ouvrage "Clemenceau : dernières nouvelles du Tigre".   

Des repères biographiques conséquents (sur quatorze pages) et un index des noms cités sont très appréciés. Dans son introduction, Jean-Noël Jeanneney montre que l’on reprocha à Clemenceau tout et son contraire et que rares furent les hommes politiques qui revendiquèrent son héritage après sa mort à la notable exception (récente) de Manuel Valls : « l’image du Tigre a longtemps souffert de ne pas trouver de tradition politique pour la défendre et la promouvoir post mortem » (page 9). L'auteur ne se lance pas dans des explications sur le peu d'intérêt qu'eût le radicalisme de l'Entre-deux-guerres (d'ailleurs largement pacifiste) à se réclamer de Georges Clemenceau.

Jean-Noël Jeanneney propose onze chapitres qui permettent de pointer l’originalité de l’oeuvre et de la pensée politique de Georges Clemenceau. Sont passés ainsi successivement en revue sa pensée anticolonialiste, sa vision du parlementarisme, son réformisme social, son opinion sur le rôle de l’État (en particularité dans le domaine des libertés), son travail de journaliste, son intérêt pour le monde grec antique, son combat pour le droit d’auteur à faire percevoir à l’étranger, son aversion pour la propension de l’Église catholique à vouloir porter son message au nom de l’ensemble des Français, ses relations avec certains de ses contemporains (Louis Andrieux,  le général Boulanger, Aristide Briand, Joseph Caillaux, Jean Jaurès, Jules Jeanneney, Georges Mandel), son action pertinente dans les négociations du Traité de Versailles (les médisances de Foch sont largement mises en avant).

Grâce à une meilleure connaissance des inimités et amitiés de Clemenceau pour ces personnages (plus celui de Jules Ferry évoqué dans le chapitre autour du colonialisme), on comprend mieux certains resorts de la vie politique française entre 1880 et 1920 et en particulier ce qui se trama derrière le résultat de certaines élections  présidentielles (dont celles de Sadi Carnot en 1887, Poincaré en 1913 et Deschanel en 1920).

Pour connaisseurs Aucune illustration

Adam Craponne

Note globale :

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