Avis de Octave : "Articles d'un grand journal catholique durant la Grande Guerre"
René Bazin propose dans L’Écho de Paris une série d’articles, sont reproduits ici certains parus entre septembre 1914 et juin 1915 autour de celle qu’on appelle déjà la Grande Guerre. Ils sont au nombre de vingt-huit. L’action peut se dérouler aussi bien sur le front qu’à l’arrière, voire à l’étranger. Ces nouvelles sont quasi immédiatement rééditées, sous le titre de Récits du temps de guerre par Calmann-Lévy en 1915 et juste un siècle plus tard par les éditions Édilys qui enrichissent le contenu avec une préface du général Jacques Richou, président de l’Association des Amis de René Bazin.
Pour les récits outre-mer on retiendra ce récit de l’expulsion de Palestine des religieux des pays de l’Entente par les autorités turques. En prolongement dans Aujourd’hui et demain, Pensées du temps de la guerre on trouve une nouvelle "La France du levant" paru le 23 mai 1915 dans L’Écho de Paris où pour revendiquer, après une victoire jugée toujours certaine, la Syrie, René Bazin rappelle les liens qui unissent depuis Charlemagne la France à l’espace des Lieux saints et du Mont Liban.
On n’est guère surpris de voir dans la nouvelle "La classe 14" la reprise d’un mythe bien connu qui passe encore pour vérité historique auprès de nombreux Français. Jean Allard-Méeus est membre de l'Action française et il est selon la légende celui qui incita les nouveaux saint-cyriens qui l'entouraient à prêter le serment de monter aux tout prochains combats, "en casoar et gants blancs". Le général Humbert, major de la promotion de Montmirail, à laquelle appartenait Allard-Méeus, indiquera bien après-guerre que cette anecdote a été inventée (ajoutons personnellement que Maurice Barrès la popularisa largement), d’ailleurs à l’insu même de Jean Allard-Méeus mort pour la France fin août 1914. Soyons très clair, jamais les cyrards ne montèrent à l’assaut en casoar et gants blancs. On connaît les liens entre Barrès et René Bazin dont les textes d’ailleurs se côtoient parfois en première page de L’Écho de Paris. Ce journal passe en fait durant la Grande Guerre pour être la voix officieuse de l’État-major.
Le motif littéraire du brave soldat faisant tirer à coup de canon sur sa propre maison est traité dans "Le pointeur". On le retrouve dans le film allemand de propagande nazie Kolberg qui raconte comment la ville prussienne en Poméranie orientale résiste courageusement et victorieusement au siège qu’elle subit en 1807 pendant plus de deux mois par les armées napoléoniennes. Comme d’ailleurs beaucoup de poilus engagés en Lorraine, René Bazin fait un pèlerinage à Domrémy et ceci est conté dans le récit "La maison de Jeanne".
En nos propres temps troublés, certains lecteurs relèveront cette phrase :
« Nous serons toujours la France, nation unique au monde, qui répand le scandale comme les belles idées, mais qui, le jour venu, balance le mauvais pour se ressaisir et lutter ».
Sont très largement valorisées les solidarités qui naîtraient à la campagne pour suppléer à l’absence des hommes sur le front. Celles-ci sont données à l’initiative des paysans ou d’un curé artésien qui laboure le champ de trois mobilisés. Nombre de lecteurs de René Bazin de L’Écho de Paris prennent d’ailleurs pour du journalisme ce qui relève de la fiction, même si certaines nouvelles s’appuient sur des observations sur le terrain. D’ailleurs Geneviève Duhamelet écrivait dans René Bazin : romancier catholique et français paru en 1935 ceci à propos de l’ensemble de ces nouvelles :
« Comme nous les attendions, comme ils faisaient monter à nos yeux des larmes d’admiration ou de pitié, ces récit dont le fond était authentique, si la trame en était tissée par l’habile navette du conteur ». (page 159)
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http://lhistoireenrafale.lunion.fr/2020/09/11/12-septembre-1915-ce-que-retiennent-les-journaux-de-la-situation-sur-les-fronts/