Avis de Alexandre : "La BD de l’année 2013 pour les jeunes qui approcheront la Grande Guerre"
L’ouvrage commence en nous présentant la vie dans les tous premiers jours de guerre dans un orphelinat du nord de la Picardie à l’est de Guise dans l’Aisne. Le narrateur est un des enfants d’un petit groupe de quatre qui se sont construit une cabane dans les bois avoisinant. Dans les derniers jours d’août 1914 c’est l’ensemble de la population villageoise du lieu où est situé l’orphelinat qui est évacuée. Toutefois les quatre héros sont alors dans les bois et ils échappent à l’évacuation. Les voilà bientôt obligés de se méfier de la présence possible d’Allemands dans le village et de réfléchir à comment se nourrir, avec l’arrivée de l’hiver c’est le problème du froid qui se pose. Ils font deux rencontres qui élargissent leur cercle, ils recueillent tout d’abord une petite réfugiée belge et ensuite ils font connaissance avec un soldat allemand blessé. Les couleurs sont vives et les héros ont des côtés de titis parisiens à la Poulbot. Le village, appelé ici Valencourt, qui sert de modèle est Buire-sur-Ancre près d’Albert (au nord-est d’Amiens), est situé dans la zone autour d’Amiens occupé par les Allemands en gros du 31 août au 12 septembre 1914 et non reprise dans l’offensive allemande d’avril 1918. Il est donc un peu au-delà côté français d’un front qui passe à Péronne. Il y a donc un peu moins de cent kilomètres entre le village qui sert de modèle et le village fictif de l’action.
Dans leurs divers interviews, les auteurs n’évoquent pas ce que leur fréquentation de l’Historial de Péronne fait qu’ils ne devraient pas ignorer. Il faut savoir que fut écrit un ouvrage intitulé « Les Robinsons de la Somme » par Eugène Thébault en 1925, cet ouvrage s’inspirant d’ailleurs des « Robinsons de Sambre-et-Meuse ». Dans le premier ouvrage publié dans la collection de la Bibliothèque verte chez Hachette deux filles et trois garçons de 11 à 14 ans (de classes sociales fort diverses) sont orphelins de père et leurs mères ont été emmenés en Allemagne. Après avoir aidé un Français à renseigner les armées tricolores sur les mouvements des troupes ennemies et faciliter l’évasion de deux prisonniers français, ils passent clandestinement les lignes pour arriver à Amiens. Il est à noter qu’Eugène Thébault est un Poitevin né en 1864 et mort en 1942 fut feuilletoniste, et il qu’il a rarement écrit pour la jeunesse, donnant plutôt des romans policiers, d’aventures, prenant parfois une tonalité de science-fiction et d’autre fois d’épouvante. Il était une des rares personnes à être aussi bien l’ami de Clemenceau que celui d’Aristide Briand. Pour l’autre titre, voici ce qu’en dit la revue « Le musée et l’encyclopédie de la guerre » dans son numéro de juillet-août 1918 : « La guerre et les livres pour l’enfance. Il convient d’enregistrer, dans ce domaine, un très intéressant volume : « Les Robinsons de Sambre et-Meuse » par M.Edmond Chollet. Aventures de trois enfants belges et d’un jeune Français, au début de la grande guerre, volume illustré de très artistiques compositions de E. Gillette en manière de bois, et édité à Lausanne par la firme Editions Spes, à laquelle on doit déjà plusieurs publications. C’est la première fois, croyons-nous, que le personnage classique de Robinson se trouve accommodé aux péripéties et aux horreurs de la grande guerre. C’est pourquoi nous croyons devoir attirer l’attention des établissements scolaires français sur le récit des aventures de ces petits robinsons de la cause du droit et de la liberté ».
Selon le scénariste de » La Guerre des Lulus », il y aura un tome consacré à chaque année de guerre : « Oui, un par année ce qui permet aussi de voir les enfants grandir. C’est tout d’abord un phénomène physique – challenge du dessinateur – mais aussi un aspect mental, intellectuel et psychologique… on a des enfants au début de l’histoire, qui ont entre 11 et 15 ans. Donc ce sont des adolescents. A la fin de la guerre, ils seront devenus de jeunes adultes… ». En 1915 « ils vont devoir quitter ce cocon et parcourir les routes de France… ». Pour des compléments sur cet album et le devenir de cette série, nous recommandons deux très bons interviews aux adresses internet suivantes : http://www.critiqueslibres.com/blog/?p=2202 http://blog-picard.fr/bulles-picardes/tag/la-guerre-des-lulus/ Voilà au demeurant deux sites internet qui apportent des regards originaux sur les auteurs de BD et leurs œuvres que le ressort en soit la Grande Guerre ou pas.
Accessible jeunesse
Conférence à OIGNIES EN THIERACHE (Belgique) 9 rue Roger Delizée salle du rez-de-chaussée
vendredi 18 novembre 2016 à 19 h 30