Avis de Alexandre : "Le dragon cache quelqu'un mais pas dans une caverne"
Notre jeune héros Bixente est venu dans la zone des armées depuis le Pays basque dans le but de retrouver son frère. Parrainé par le caporal Ambroise Palette et le second classe Le Bourru, et avec la complicité du lieutenant Ledru, Bixente se retrouve en novembre 1916 à raconter à ses amis ce qui lui est arrivé en décembre 1915. Une précédente aventure Les Godillots: Le Gourbi du sorcier évoquait la technique du camouflage.
L’action se déroule dans le département de le département de la Meurthe-et-Moselle créé en septembre 1871 (et non de la Meurthre comme l’indique le texte de l’ouvrage Les Godillots, 2 Miya et le dragon d’après la carte du livre Le Tour de France de deux enfants). En effet le manuel de lecture Le Tour de France de deux enfants sert de guide de voyage au héros. D’après les indications fournies, on est non loin du front plutôt vers Lunéville.
Derrière la vitrine du magasin de photographie, Bixente découvre une photo où figure son frère Joanes, en compagnie de camarades vraisemblablement de son régiment. C’est Charline qui tient ce commerce et Bixente n’a pas le temps d’expliquer son intérêt pour cette photo qu’il est mis à la porte du magasin par celle-ci. Peu après notre personnage rencontre Miya une enfant à peine plus jeune que lui. Comme la mère de Miya est boulangère, elle va l’embaucher comme mitron car son mari et son apprenti ont été mobilisés. Si les auteurs ne connaissent pas l’histoire des petits boulangers d’Exoudun (voir http://www.lanouvellerepublique.fr/Deux-Sevres/Actualite/24-Heures/n/Contenus/Articles/2014/05/29/Exoudun-va-celebrer-son-heroique-boulangere-1926674), ils ont tapé juste sans le savoir et s’ils la connaissent ils ont su bien l’adapter. Ce nouvel épisode des Godillots permet de bien pointer l’importance du travail des femmes et des jeunes entre dix et dix-huit ans à l’arrière.
Miya est une passionnée des aventures d’Arsène Lupin (page 40) et elle entend bien percer un mystère avec l’aide de Bixente ; en échange elle fera tout pour procurer à Bixente la photographie de son frère. Charline, surnommé "Le dragon" est d’ailleurs une rouquine, et à l’époque dans les fictions cela est quasiment un indice d’un caractère au moins trouble quand il n’est pas diabolique. Une autre allusion devrait laisser le jeune lecteur perplexe, c’est celle au commissaire Bertillon (page 61) qui d’ailleurs n’a jamais été commissaire mais chef du service photographique de la préfecture de police de Paris.
Même si l’idée d’espionnage n’est guère développée elle est présente comme une très vague approche de la situation des Alsaciens-Lorrains durant le conflit. Certes on est dans de la littérature de jeunesse mais on aurait aimé que l’on nous présente mieux la situation de cet Alsacien, visiblement ayant passé la frontière pour venir travailler en France (peu d’années avant la déclaration de guerre) qui se cache pour ne pas être fusillé comme ressortissant d’un pays ennemi. En fait s’il s’était fait connaître, il aurait eu le choix entre être interné ou s’engager sous la fausse identité, que lui auraient fournie les autorités françaises, dans l’armée de la République.
Vu qu’il y a une parution en petit roman illustré et par ailleurs en BD pour cette série et que les volumes dans chacune de ces deux catégories ne paraissent pas en suivant la chronologie de l’époque, on apprécie la frise chronologique sur une double page, avec en haut les couvertures des ouvrages reliés par un trait au mois où l’action se déroule et en bas les évènements militaires (comme la durée de la Bataille de la Somme) et civils entre 1914 et 1918. Dans les domaines concernant directement les femmes, on pointe successivement : les premières marraines de guerre, la loi sur l’autorité maternelle, les munitionnettes (arrivée de femmes dans les usines d’armement), grève des midinettes.
Accessible jeunesse Beaucoup d'illustrations
À VOS PIEDS prochaine exposition au Musée des Confluences à Lyon du 6 juin 2016 au 30 avril 2017