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Les catholiques de l’Isère et la Grande Guerre 1914-1918

Les catholiques de l’Isère et la Grande Guerre 1914-1918
L’Harmattan 186 pages
1 critique de lecteur

Avis de Benjamin : "Les catholiques français bien plus à l'avant-garde du chauvinisme que cet ouvrage le laisse croire"

Louis Herbelin est expert-syndic au tribunal de commerce de Belfort et il a des responsabilités dans diverses sociétés savantes locales. Catholique rallié à la République, il tient durant toute la Grande Guerre un journal personnel intitulé Éphémérides belfortaines. Guerre franco-allemande de 1914 dont on connaîtra la publication de pages choisies dans des revues d’histoire régionale. À la lecture de ses écrits, on s’aperçoit qu’il est farouchement hostile à la tentative de paix initiée début août 1917 par Benoît XV ; le texte intégral de cette proposition de paix est reproduit dans Un Lorrain dans la tourmente d’Aloyse Stauder et Pauline Guideman. C’est le genre d’information sur l’opinion générale des catholiques français dont il est fait l’impasse ici.  

En 1903 l’expulsion des Chartreux fait l’objet d’un important tirage de cartes postales et l’année suivante les ecclésiastiques ne peuvent plus se présenter à un concours d’enseignant. Voici deux exemples parmi une flopée, venus rappeler la poussée d’anticléricalisme pour l’auteur et pour d’autres la simple application des lois de laïcité, au début du XXe siècle en France.  Le but de l’ouvrage est de montrer comment, par diverses actions matérielles, morales et militaires les populations dauphinoises ont soutenu l’effort de guerre. La lecture de la presse catholique locale permet d’en relever un grand nombre.

Gilles-Marie Moreau s’intéresse à la présence du clergé isérois au front en particulier à travers courriers et photographies. On passe évidemment à l’évaluation de la pratique religieuse dans les tranchées, l’auteur ne faisant pas la distinction entre ce qui tient quasiment l’amulette (image pieuse de saint, insigne du Sacré-Cœur, ou médaille de la Vierge par exemple). Page 70, on lit qu’en septembre 1915 le ministre de la Guerre Alexandre Millerand déclare le droit absolu pour les soldats de pratiquer leur religion. En fait le décret Millerand-Godart, sur la liberté de conscience dans les hôpitaux, permettait aussi de refreiner le zèle des infirmières religieuses dans leur distribution à la volée des images pieuses et leur incitation à se rendre à la messe, mode de sélection parmi leurs blessés.

On évoque pour l’arrière les saints évoqués pour protéger ses proches, les types de prières dites et les lieux de pèlerinage visités. Bien entendu l’Église a ses œuvres sociales et ajouterons-nous c’est un habile moyen de pression que de promettre de les accorder à la veuve ou femme du poilu si elle sort son enfant de l’école publique. Le pourcentage de garçons scolarisés dans l’enseignement catholique augment très nettement entre 1914 et 1919 ; ceci est moins apparent chez les filles qui étaient déjà nombreuse dans les écoles privées. Une dizaine de pages sont consacrées aux rapports que les papes Pie X et Benoît XV entretiennent avec le conflit. Une belle occasion pour accuser Clemenceau d’avoir torpillé la tentative de négociation amorcée par le nouvel empereur Charles Ier, les choses sont assez différentes en fait car la diplomatie autrichienne se montra d’une exceptionnelle maladresse dans cette affaire. On s'étonnera de ne pas trouver mention du fait que quand le pape demande des prières pour la paix lors du culte, les prètres précèdent ces prières d'une explication de texte en disant que c'est bien entendu pour une paix française que l'on doit prier, celle qui nous rendra l'Alsace-Lorraine. 

Des cas de censure dans la presse religieuse sont présentés. On termine sur l’entretien du souvenir, avec en particulier la reproduction d’un vitrail de l’église de Saint-Paul d’Izeaux qui laisse entendre que poilu mort pour la patrie a gagné sa place au paradis. Sur la couverture du livre, le vitrail provient de l'église de Plan. Si le contenu de cet ouvrage est intéressant, il n’en reste pas moins emprunt d’un esprit militant qui s’éloigne parfois du discours que devrait tenir un historien.    

Pour connaisseurs Beaucoup d'illustrations

Benjamin

Note globale :

Par - 459 avis déposés - lecteur régulier

400 critiques
08/03/17
L'origine des allocations familiales remonte à 1916 en Isère dans le patronat catholique

http://www.slate.fr/story/137699/emile-romanet-inventa-allocations-familiales?google_editors_picks=true
459 critiques
31/01/18
Églises, clergé et croyants en Picardie et Haute Somme en 1918.
Samedi 10 février 2018.
Historial de la Grande Guerre à Péronne.
Entrée libre- réservation/renseignement : resahgg@historial.org ou 03.22.83.14.18
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