Avis de Xirong : "La Chine à l’avant-garde d’un capitalisme social, voire d’un socialisme de marché?"
Voici un ouvrage qui compare la nouvelle économie chinoise à une NEP (politique choisie un temps par Lénine) mâtinée de keynésianisme. De ce fait, en gardant un appareil de planification, abandonnée par la France depuis de longues années pour des politiques néolibérales, la Chine connaît un taux de croissance bien enviable (ceci ne veut pas dire par contre qu’il faut envier toutes les conséquences de celui-ci, d’après nous).
L’auteur montre qu’en s’appuyant sur un politique monétaire rigoureuse entièrement contrôlé par le gouvernement, on débouche sur un socialisme de marché avec une dette qui repose sur des banques du pays. Dans le domaine de l’énergie par exemple, la Chine a gardé des entreprises sous le contrôle de l’État. Les barrières tarifaires, certes souvent déguisées, et le contrôle des capitaux à l’entrée et à la sortie permet de réduire l’impact du poids de la mondialisation financière.
Une dernière partie pose la question de savoir si notre pays peut s’inspirer de ce modèle et si cela se faisait, est-ce-que cela impliquerait une sortie de l’Union européenne. Tony Andréi avance que ses idées recoupent en partie celles de Joshka Fisher, ancien ministre des Affaires étrangères de l’Allemagne. Selon l’auteur, s’il était impossible de renégocier les traités, il faudrait passer de la transformation de la monnaie unique à la monnaie commune. Face aux enjeux des prochaines élections européennes, cet ouvrage est du plus grand intérêt. On relèvera d’ailleurs, page 108, ceci à propos de l’action du Président Macron: « Tout se résume à une politique gestionnaire et marcantiliste ».
Les annexes abordent des questions intéressantes comme la question de l’écologie, même si le contenu fait l’impasse sur la situation globale réellement catastrophique de la Chine en la matière (ne se limitant pas aux émissions de CO2) et relaie des phrases, de dirigeants chinois comme celle du président Xi Jinping au 19e congrès ou le Premier ministre en 2014, relevant plus de la langue de bois que de l’objectif réalisable quel que soit le terme (page 158). On sait que la corrruption est importante et que sa lutte n'est qu'une instrumentatisation pour éliminer des rivaux. Par ailleurs, je n’ai pas trouvé la mise en avant de l’existence d’un prolétariat urbain (le système 户口 hukou dans le cas des mingongs), privé de nombre de droits sociaux et sous-payés légalement, dont le travail dynamise très largement la machine économique.
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