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Perrin1481 pages
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Avis de Alexandre : "La Grande Guerre vue depuis les bureaux de commandement"

Le général Edmond Buat est né à Châlons-sur-Marne le 17 septembre 1868 et mort à Paris le 30 décembre 1923, son père né à Courdemanges dans la Marne était un officier du génie, sorti du rang. Le grand-père d’Edmond Buat avait vu aussi le jour à Courdemanges où il était charpentier, en 1806 il avait reçu comme prénom Paul Napoléon et à l‘époque c’était le dernier prénom qui était d’usage.  Je ne sais si c’est le cas mais lorsque, sous la Restauration, le prénom Napoléon était interdit  et plus tard lorsque l’individu n’avait pas de sympathie pour l’Empereur, on se faisait appeler Léon.

Edmond Buat suit les mutations de son père, et poursuit donc ses études au lycée de Nantes, bien après  l’époque où Clemenceau les fait (ce dernier est né en 1841) et au temps où Aristide Briand  (né en 1862) fréquente cet établissement. Edmond Buat épouse en 1893 le fille du général Bubbe, peu d’années après avoir quitté l’École polytechnique. De la fin de 1902 à la fin de 19014, il est capitaine au 25e RA en garnison à Châlons-sur-Marne, entre 1909 et 1911 il est de nouveau dans cette unité.

Professeur-adjoint de tactique générale à l'École supérieure de guerre au moment de la déclaration de guerre, il est chef d'état-major de l'armée d'Alsace durant tout le mois d’août 1914. Par la suite, il ne quittera plus l’État-major ou le Ministère de la Guerre. Ses sympathies vont à Millerand, qui en a fait son chef de cabinet au Ministère de la Guerre, et à Pétain. Adolphe Messimy n'a pâs été reconduit dans ses fonctions de ministre de la Guerre, lors du changement de cabinet; l'affaire des soldats du Midi y étant pour quelque chose.

Le journal démarre le 6 août 1914, au moment où le Grand Quartier général est installé à Vitry-le-François,  et se clôt quasiment au décès du général fin 1923. Le 11 août au soir, Edmond Buat est à Belfort, rencontre le commandant de la place, à savoir le général Thévenet, dîne et couche dans la préfecture du Haut-Rhin resté français. Le poste de commandement de l’Armée d’Alsace est à Pont d’Aspach, juste après la frontière de 1870. L’auteur parle longuement du général Pau qui commande l’Armée d’Alsace et signale qu’une femme puis un homme ont été fusillés comme espions dans les fossés du fort de Belfort (page 46).

Au sujet de la Première Bataille de la Marne, il met en avant l’inefficacité de la cavalerie qui, mal commandée depuis le début de la guerre, est alors composée d’hommes et de chevaux exténués (page 65). Lors de la désastreuse Offensive Nivelle, il passe une journée à Épernay (page 383) et à plusieurs occasions il se rend dans une commune de la Marne, ainsi le 23 juin 1918 il déjeune à Sézanne et discute, avec des officiers d’état-major d’une armée, de l’offensive finale qui va être déclenchée (page 605). Après-guerre, par exemple, il rencontre le cardinal Luçon au cimetière militaire italien de Bligny et poursuit la route jusqu’à Hautvillers puis Épernay pour la remise de la croix de guerre à la ville en ce 29 mai 1921 (page 1031).

Tout au long du récit, on récolte des informations, ainsi apprend-on que Pétain et Pershing se mettent d’accord avant certaines réunions pour imposer des choix au général Foch (page 629). Le pouvoir qu’exerce Mandel sur les ministres du gouvernement Clemenceau est souligné, et cette pesance influence attire sur ce collaborateur de Clemenceau déjà bien des haines (page 782). À la mi-janvier, l’auteur se réjouit de l’échec de Clemenceau (qu’il juge mégalomane) à l’élection présidentielle et s’il ne néglige pas le rôle (effectif) de Briand dans cet évènement, il ajoute que nombre de parlementaires sont mécontents de la façon dont le Tigre gère les affaires d’après-guerre et que Foch n’a pas hésité à dire à certains de ces derniers que « l’élection de Clemenceau serait un malheur public ». Trop attaché à Millerand, le général Buat ne comprend pas (page 1155) combien ce dernier a savonné la planche à Aristide Briand en janvier 1922. Le député républicain socialiste, alors présicent du Conseil, avait obtenu de la Grande-Bretagne un projet d'accord franco-britannique garantissant les frontières françaises pendant dix ans.

La guerre a repris en Pologne où les soviets lancent des offensives qui se terminent mal mais aussi en Anatolie et Thrace dont les Grecs sont chassés. Sans développer, l’auteur évoque certaines actions de l’armée et de la diplomatie française dans ces deux conflits ; on connaît le lobbying pro-turc de Franklin-Bouillon, largement cité par notre général. On voit Weygand accepter en août 1920 de prendre le commandement des armées polonaises très en difficulté et que le général Sikorski s’entretient avec l’auteur en octobre 1922. Cette république polonaise découvre que son président Gabriel Narutowicz est assassiné, par un ultra nationaliste, moins d’une semaine après son élection. Ce dernier lui reprochant d’avoir été élu par les Rouges, les Juifs et les Allemands car des déoutés socialistes et des minorités avaient voté pour Gabriel Narutowicz (page 1294). Les conditions dans lesquelles Poincaré se lancent dans l’occupation de la Ruhr et certaines des conséquences de cette décision trouvent place un peu avant la page 1400. Par ailleurs, peu partisan du vote des femmes, l'auteur nous rappelle que les militaires n'ont pas le droit de vote jusqu'en 1945.         

 

Pour connaisseurs Quelques illustrations

Alexandre

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