Avis de Alexandre : "Quand accusé d’être le perds la victoire, Clemenceau fait de Foch le père Choir"
Juste après le décès de Foch en mars 1929 paraît l’ouvrage le Mémorial de Foch écrit par Raymond Recouly qui se veut la transcription des conversations que le maréchal a eu de 1919 à 1928 avec ce journaliste au Temps, au Figaro, et aussi directeur en 1918 de la Revue de France ainsi que rédacteur politique pour le Gringoire. Ces deux journaux sont dirigés par Horace de Carbuccia qui entend bien en faire des organes nationalistes, xénophobes et antisémites. La pensée de Foch a été vraisemblablement un peu retouchée, diront certains en s’appuyant sur le fait que des jugements plus nuancés de Foch sont rapportés dans En écoutant le maréchal Foch sous la plume du commandant Charles Bugnet qui avait été l’officier d’ordonnance du maréchal. On peut quand même remercier Raymond Recouly puisque sans lui Clemenceau, muet depuis son départ du gouvernement en janvier 1920, n'aurait pas donné son testament politique. Il y consacra ses six derniers mois. Clemenceau mourut le 23 novembre 1929.
Dans le Mémorial de Foch le lecteur reçoit l’idée à propos du Traité de Versailles que « Ce n'est pas une paix, c’est un armistice de vingt ans ». Si on peut saluer la phrase prémonitoire par contre on reste dubitatif sur l’idée que cela est dû à Clemenceau qui en particulier n’a pas obtenu les frontières de 1815 (c’est-à-dire une partie de l’actuel land de Sarre) et la création d’un état rhénan. En plus il déclare que la guerre aurait pu être gagné en 1917, juste avant la défection russe. Si ceci apparaît totalement invraisemblable par contre effectivement la paix se serait alors faite sans la participation des Américains à la table des négociations, ce qui changeait totalement la donne.
Cette image n'est pas dans le livre
Clemenceau entend bien donner des explications sur son action, d’autant que depuis des années Poincaré sur des thèmes assez voisins que ceux du Mémorial de Foch le dénigre. Le livre Grandeurs et misères d’une victoire est donc conçu comme une réfutation des propos prêtés à Foch. Il est magistralement introduit par Jean-Noël Jeanneney dont un ascendant Jules était sous-secrétaire d'État à la présidence du Conseil des ministres dans le dernier gouvernement Clemenceau (de novembre 1917 à janvier 1920).
Les mutilations au Traité de Versailles, que Foch évoque, ne sont pas du fait de Clemenceau mais serait à porter au crédit (ou discrédit si on prend l’angle de Foch) de Briand et de Poincaré. Le contenu du Traité de Versailles fut d'ailleurs approuvé à l'unanimité au Sénat, par contre à l'Assemblée nationale (élue en 1914) des personnalités radicales, modérées ou nationalistes telles que Franklin-Bouillon, André Maginot, Louis Marin et Jean Ybarnegaray et la quasi-totalité de la petite centaine d’élus socialistes votent contre ou s’abstiennent. Le résultat fut donc de 372 voix pour et 58 contre.
L’illustration de la couverture est un détail du tableau Georges Clemenceau assis dans une voiture descendant les Champs-Élysées réalisé par Emmanuel Gondouin. Notons que le musée dit des “Deux Victoires“ à Mouilleron-en-Pareds (entre Poitiers et La Roche-sur-Yon) consacré à de Lattre et Georges Clemenceau est en travaux en 2015 et 2016 afin de pouvoir valoriser les collections ayant rapport avec le Père la Victoire. Le musée rénové ouvrira ses portes en 2017 afin de célébrer le 100e anniversaire du début du gouvernement de guerre de Clemenceau.
Pour connaisseurs Aucune illustration
http://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/mouilleron-saint-germain-85390/mouilleron-saint-germain-clemenceau-de-lattre-la-nuit-des-musees-4235504