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Géopolitique de la Russie: Approche pluridisciplinaire

Géopolitique de la Russie: Approche pluridisciplinaire
SPM380 pages
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Avis de Adam Craponne : "La Russie a toujours eu des ambitions byzantines"

Il s’agit des actes du colloque tenu à l’ICES de La Roche-sur-Yon les 20-21 novembre 2017. Rappelons à la fois que cette ville est la préfecture de la Vendée départementale et que la Russie de Poutine se pose comme un conservatoire de traditions refusant le libéralisme politique. Il n’est pas étonnant que certains  catholiques, en voyant également le renouveau chrétien orthodoxe là-bas et ayant l’impression que ce pays est devenu un rempart contre le développement de l’islam, manifestent une admiration pour la Russie. On a parfois l’impression que cette dernière est sans bornes et cela rappelle, avec un autre contenu, les discours dithyrambiques tenus par les militants et intellectuels du PCF jusque dans les années 1980.  

 

Notons que l’actualité a été prise en compte dans certains papiers, ainsi est évoquée la très récente élection, comme président de l’Ukraine du comédien Volodymyr Zelenski. La première partie de cet ouvrage s’intitule "Les déterminants intérieurs de la puissance russe", on trouve les communications suivantes : Une identité russe ? L'approche littéraire et culturelle comme compréhension de la géopolitique, L'espace russe : atouts et contraintes, Le défi démographique, La logique de l'appareil militaire, Les hydrocarbures : un outil diplomatique, Le rapport de la Russie et de ses musulmans.

 

Le deuxième volet a pour titre "La Russie et son étranger proche", les articles suivants sont offerts : Perspectives ukrainiennes dans la politique russe, La Transcaucasie dans la perspective russe, Le grand jeu des puissances en Asie centrale, L’engagement russe aux Balkans : entre intérêts stratégiques et symboliques.

 

La troisième partie "La Russie et le monde" est composé des textes suivants : La Russie et les États-Unis : une nouvelle guerre froide, La Russie et la Chine: entre intérêts communs et rivalités séculaires, La Russie et le sous-continent indien, Le retour de la Russie au Moyen-Orient, Entre système d’intégration et acteur géopolitique : les univers parallèles de la Russie et l'Union européenne, France Russie : une relation géopolitique à réinventer. 

 

On apprécie la présence de plusieurs cartes de géographie historiques et politiques, comme celles permettant de voir les limites historiques de l’islamisation globalement en fonction des frontières de l’URSS en 1945 et finement dans le Caucase. Cette dernière carte fait aussi apparaître combien la Géorgie d’aujourd’hui est piquée de tensions autonomistes, certaines comme l’Abkhazie ou l’Ossétie du sud largement soutenues par la Russie (deux territoires de tradition chrétienne). On retiendra que « toutes les formes d’islam en Russie sont liées à des revendications territoriales ou ethniques » (page 170).

 

Les cartes nombreuses autour de l’Ukraine viennent rappeler les frontières très élastiques de cet espace, d’ailleurs partagé avec l’Autriche-Hongrie jusqu’en 1918. Pour le texte en rapport, on relève cette phrase : « Le nationalisme ukrainien repose donc sur une langue encore mal définie et la pureté supposée de la race ukrainienne qui contrairement à la race russe n’aurait pas été "souillée" par le sang turco-mongol » (page 177). Si l'ukrainien oral est très variable selon les régions, selon nous,  la raison en est évidemment que des tsars à l’URSS, il y eut une quasi interdiction de produire des écrits dans cette langue.  Cet article est un bon exemple d’un discours de complaisance envers la Russie. Son auteur n’hésite pas à dire que l’UPA en Ukraine était « une armée de collaboration avec l’Allemagne nazie », ce qui est une contre-vérité comme disait d’ailleurs Georges Marchais dans les débats où il accusait de mensonge son interlocuteur.

 

D’autre part est marquée, par un esprit engagé, cette réflexion du même auteur, le commentaire suivant : « Nous verrons d’abord en quoi la construction nationale ukrainienne et son inévitable fédéralisation semblent donner raison à la Russie » (page 177). Cette phrase arrivant après ce long développement qui a le mérite de la clarté de la russophilie du contenu : « Depuis le début du conflit, la politique russe vis-à-vis de la crise ukrainienne n’a pas changé. Elle part du principe que l’appartenance historique de l’essentiel du territoire ukrainien au monde russe, associée aux intérêts communs des deux États et des deux populations russe et ukrainienne provoqueront un inévitable rapprochement à moyen terme. Concrètement, la politique russe sur le terrain consiste à garantir la sécurité des deux républiques autoproclamées du Dombass en attendant que l’écroulement économique et politique de l’Ukraine fasse comprendre à sa population qu’elle n’a rien à attendre de l’Occident mais tout à espérer de la Russie » (page 175). Nul doute que certaines communications ici présentes figureront un jour en bibliographie d’une étude sur l’image complaisante portée par les études françaises sur la Russie au XXIe siècle.        

Pour connaisseurs Quelques illustrations

Adam Craponne

Note globale :

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