Avis de Zaynab : "Les minorités nationales plus broyées qu’intégrées aujourd’hui en Chine"
L’ouvrage est la traduction de Die Kronzeugin, un titre paru en allemand en 2020. Son auteure Sayragul Sauytbay a reçu le prix des droits de l’Homme de Nuremberg 2021 et l’année précédente le prix international de la femme de courage aux USA par l’équivalent du ministère des Affaires étrangères français.
Elle est née et a vécu dans la partie de la province chinoise du Xinjiang (connue comme le Turkestan chinois) proche du Kirghistan. Cette région autrefois de religion manichéenne et plus marginalement chrétienne nestorienne est passée très progressivement à l’islam à partir de la fin du Xe siècle. Quoique la population indigène du Xinjiang soit majoritairement ouïghour, Sayragul Sauytbay appartient à l’ethnie kazakh et parle donc une lange de la famille turque.
L’auteure connaît d’abord les vexations symboliques et la surveillance que le gouvernement chinois impose aux populations non-han de cette province, sous prétexte de lutter contre un possible terrorisme islamique. C’est à un embrigadement idéologique, passant parfois par des mois d’internement dans des prétendus centres de formation que connaissent les kazakhs de cette région. La manipulation mentale et la torture physique sont pratiquées dans ces lieux.
Le mari et les enfants de Sayragul Sauytbay rentrent légalement au Kazakhstan en 2016 pour officiellement voir de la famille. L’auteure est alors privée de passeport et reste donc au Xinjiang ; elle connaît alors l’enfer de ces centres de formation, où elle est notamment employée comme enseignante de chinois auprès de ses compatriotes. Stérilisation forcée et traffic d'organes sont ponctuellement évoqués ici. Libérée elle passe clandestinement au Kazakhstan en 2018. Face au refus de ce dernier pays pour lui accorder l’asile politique, elle gagne la Suède qui lui accorde ce droit.
La Chine a des moyens de faire pression sur le Kazakhstan qui, comme d’autres républiques d’Asie centrale, est largement endetté auprès de Pékin. Or il se trouve que l’auteure est un témoin particulièrement dangereux auprès de la Chine sur la question de sa politique de répression culturelle au Xinjiang.
Notons d’ailleurs que se multiplient depuis le début de l’année 2021 les vidéos en anglais et français sur youtube visant à donner une image positive de l’attention portée par les autorités chinoises à la population indigène du Turkestan chinois.
D’autres minorités nationales sont également forcées de se plier à de nombreuses contraintes. On sait par exemple que le discours officiel chinois ne supporte pas la moindre remise en cause de l’histoire culturelle des Mongols qu’il impose ; ceci a été récemment la cause de l’annulation de l’exposition qui devait se tenir à Nantes sur les Mongols.
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https://www.francetvinfo.fr/monde/chine/camps-pour-ouighours-en-chine-nous-attendions-de-mourir-devenir-fou-ou-perdre-la-sante-temoigne-une-musulmane-rescapee_4622733.html
https://www.letemps.ch/opinions/normalisation-xinjiang-lenvers-decor
https://www.chine-magazine.com/colere-de-lambassade-de-chine-en-france-contre-la-publication-dun-article-sur-le-xinjiang/
https://www.lyon.fr/actualite/solidarite/journee-internationale-des-droits-humains