Avis de Adam Craponne : "À l’ombre des ailes était-il le livre de lecture dans la classe de Clarisse ?"
Né en Aveyron, Roger Béteille est professeur honoraire en géographie de l'université de Poitiers. Il dépeint ici pour une bonne part l’univers des campagnes de l’Entre-deux-guerres. C’est celui que l’on retrouve dans nombre de romans d’Ernest Pérochon, un Poitevin instituteur à l’origine, qui fut auteur de plusieurs romans scolaires dont "À l’ombre des ailes". D’où notre titre. L’action démarre en Rouergue, main on n’en a la certitude qu’en ayant dépassé la moitié du récit.
L’auteur point bien le sursaut d‘influence religieuse chez les femmes de l’arrière, inquiète du devenir de leur homme sur le front. Si la mère de Clarisse n’a pu la changer d’école, comme celle se fit pour un nombre assez important d’élèves dans l’Ouest de la France (environ 10% de l’effectif du public dans les trois départements du Poitou), c’est faute de l’existence d’une école catholique dans ce village de l’Aveyron. Toutefois elle a décidé de faire de Clarisse une religieuse au cas où la Vierge Marie voudrait bien protéger son mari François, sans évidemment l’avertir de cette idée. Ce dernier revient de la guerre et doit à la fois s’opposer à ce projet et trouver des moyens financiers afin que sa fille puisse suivre les trois années d’École primaire supérieure (niveau collège) à l’époque quasiment toujours en internat. À l’issue de ces études, elle obtiendra le brevet élémentaire et pourra présenter le concours d’école normale d’institutrice.
La seconde partie du livre est consacrée aux débuts de la carrière d’enseignante de Clarisse. Celle-ci est d’autant plus tumultueuse qu’elle est amoureuse d’un notable. Ceci lui vaut un déplacement de l’Aveyron vers l’Indre. Malheureuse dans une école urbaine à Châteauroux, elle choisit de demander un poste dans un village au nord du département que les hasards des négociations de l’été 1940 vont placer à la limite de l’extrême-nord de la ligne de démarcation. L’héroïsme de la jeune institutrice est traité de façon pudique et les évènements dramatiques qu’elle vit, lui permettent de rencontrer l’amour. L’importance des instituteurs dans la Résistance, soit de façon directe (comme Guingouin chef des maquis du Limousin ou Pierre Jacquet et Fernand Sochet responsables dans le Cher des FTP), soit de façon indirectes (par exemple en déconseillant à leurs anciens élèves de partir pour le STO), était bonne à rappeler. D’autres par ultra-pacifisme versèrent d’ailleurs dans la collaboration, à des degrés très divers, comme en particulier Wullens (second du mouvement de rénovation pédagogique insufflé par Freinet) ou Lavenir (au cabinet d’Abel Bonnard, dernier ministre de l’Éducation nationale de Vichy) ou le père d’un ancien premier ministre socialiste.
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