Avis de Benjamin : "Simple mutation ou radicale métamorphose de l’idée de laïcité"
Stéphanie Hennette-Vauchez est membre de la Vigie de la laïcité. De nos jours, de multiples initiatives sont encensées ou diabolisées au nom d’un principe de laïcité, lu de façon très personnelle par des divers acteurs de la scène publique.
L’auteur revient évidemment sur le nouveau prisme pris par cette valeur de laïcité à dater de 1989, année de l’apparition de foulards sur la tête de collégiennes à Creil dans l’Oise. D’ailleurs Ernest Chenière, principal (et non proviseur) du collège Gabriel-Havez, gagnera là une médiatisation qui lui permettra d’être élu député RPR quatre ans plus tard. On passe alors, dans le domaine de la laïcité, d’une dimension prioritaire de rivalité entre écoles publiques et écoles catholiques à un questionnement autour du vivre ensemble menacé par le communautarisme.
Stéphanie Hennette Vauchez mène ensuite une réflexion autour de l’obligation de neutralité religieuse passant sur les institutions publiques aux personnes privées.Il nous est personnellement apparaissant cocace que les parents d’élève puissent venir avec des signes religieux à des sorties scolaires car ils sont considérés comme un usager (selon des décisions datées de 2015) mais sont interdits de port de voile quand ils sont présents pour des activités à l’intérieur des classes (décision de la cour administrative d'appel de Lyon en 2019).
L’auteure, comme beaucoup d’autres exposant les questions de laïcité, revient sur l’affaire de la crèche Baby Loup car elle débouche sur un possible choix d’une entreprise d’inscrire dans son règlement intérieur l’obligation de neutralité religieuse pour son personnel en contact avec le public. D’autres points intéressants ne manquent pas d’être abordés ici dont certaines conséquences de la loi de 2021 « qui affirme un pouvoir inédit de contrôle de l’autorité publique sur les organisations en charge des cultes » ((page 67). Ceci est, pour Stéphanie Hennette Vauchez, en contradiction avec l’esprit de la loi de 1905.
En conclusion, Stéphanie Hennette Vauchez avance que « la dynamique d’hypertrophie (…) repose sur et véhicule une conception simpliste du droit et des exigences d’égalité propres à la tradition républicaine : la loi doit être la même pour tous, mais elle peut vouloir ou devoir, précisément pour être égale, varier et s’adapter » (page 107). La laïcité s’était donnée en 1905 l’objectif d’organiser les rapports entre l'État et les cultes, elle a dérivé vers un but de régulation des conduites individuelles ou collectives. Alors que le président Emmanuel Macron dit qu'il ne va pas à la messe du pape à Marseille "en tant que croyant" mais "en tant que chef de l'État", on peut se demander sur quelle compréhension de la loi de 1905 la chose se fait.
Pour tous publics Aucune illustration
La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a estimé mardi 28 novembre qu’une administration publique pouvait décider d’interdire le port de signes religieux à l’ensemble de ses employés, même quand ils ne sont pas en contact avec le public. Le jugement porte sur une affaire concernant le foulard islamique en Belgique. https://www.la-croix.com/religion/Laicite-CJUE-valide-linterdiction-signes-religieux-salaries-dune-administration-2023-11-28-1201292517