Avis de Xirong : "Un riche univers culturel d’une petite île rebelle"
Chantal Zheng est professeure émérite de chinois de la faculté d’Aix-en-Provence, et elle a déjà livré plusieurs études autour de l’île Taiwan et de ses dépendances. On relève en particulier parmi ses ouvrages Forme et fonction du sacré chez les Paiwan de Formose, Les Européens aux portes de la Chine: l'exemple de Formose au XIXe siècle, Les austronésiens de Taiwan: à travers les sources chinoises, Taïwan: enquête sur une identité, Les Presbytériens anglais à Taïwan: la rencontre avec les Austronésiens.
Elle nous livre aujourd’hui une vision bien variée, à défaut d’être évidemment exhaustive de divers thèmes qui relève du patrimoine taïwanais. Ceci nous permet d’ailleurs de visiter ou revisiter des pans de l’histoire de cette île n’appartenant véritablement au monde chinois que depuis un demi-millénaire. Si l’on ajoute que depuis 1895, elle a quasiment toujours été coupée politiquement de la Chine continentale, on est là face à un univers aux traits culturels bien spécifiques.
Peuplée à l’origine de population austronésiennes, Taiwan abrite aujourd’hui les langues austronésiennes les plus anciennes, ceci donne lieu à un chapitre intitulé D’une identité refoulée vers une identité revendiquée : "Le cas de la réinvention de la langue siraya". Le texte ne se limite d’ailleurs pas à l’aspect linguistique et ce sont nombre d’aspects culturels qui sont ici abordés, dont le fait qu’après la première naissance, l’homme partait résidait chez sa femme. Grâce aux écrits de Hollandais du début et milieu du XVIIe siècle, on connaît un certain nombre de choses sur ce peuple de la plaine occidentale méridionale de ce qui était alors Formose. Un Français le jésuite Joseph de Mailla les rencontre en 1714. Page 118, une carte de l’emplacement des diverses populations austronésiennes au XVIIe siècle est proposée pour l’île principale et pour l’île de Lanyu (蘭嶼), également appelée "Les deux île des Orchidées" où résident toujours les Yamis, au nombre d’environ 2 400.
Les Paixan sont les voisins orientaux des Sirayas et c’est à travers le prisme de leur artisanat des perles de verre que ce peuple austronésien est abordé. Certaines traditions des Hakkas, un peuple qui progressivement descendit des régions centrales du Fleuve Jaune, vers le sud de la Chine continentale puis Taïwan (ainsi qu’en direction du monde malais), réapparaissent.
Plus d’un million de Chinois accompagnent Jiang Jieshi (Chang Kai-chek) en 1949, moitié sont des militaires et moitié sont des civils et ils appartiennent à toutes les ethnies de la Chine continentale. Apparaissent, pour les loger, des villages dit militaires, qui rassemblent des soldats démobilisés. Ces habitations, généralement peu confortables, ont été détruites à de rares exceptions près qui sont plus ou moins muséifiées.
L’occupation japonaise dura exactement un demi-siècle et il reste aujourd’hui une architecture officielle et des grands magasins, le tout parfois en Art nouveau ou Art déco. De cette époque datent aussi certains bâtiments qui appartenaient à de riches commerçants, Taiwan était une riche colonie agricole pour le Japon et le commerce était donc très actif entre Formose et sa métropole. Un musée de cire est d’ailleurs abrité dans les locaux de l’ancienne firme Tait et Co, on y retrace l’histoire de l’île.
Parmi les autres textes, on relèvera celui consacré au cimetière français de Keelung, lié à la politique coloniale de Jules Ferry ; fin 1884 l’amiral Courbet débarque dans le nord de l’île avec 1 800 hommes mais quatre mois plus tard il doit évacuer la place. On compte 700 morts dont la moitié par maladie et note la présence de Pierre Loti parmi les survivants. Le Japon et la France passent un accord sur l’entretien de deux cimetières, aujourd’hui celui de Keelung est devenu le Parc commémoratif de la guerre franco-chinoise sous les Qing. Il y a encore d’autres sujets évoqués comme les nombreux phares de l’île ou le patrimoine défensif, d’architecture occidentale (style baroque ou néo-classique) et d’habitat traditionnel de Jinmen (Quemoy) une île de la province du Fujian qui est restée aux mains des nationalistes et fut largement bombardée durant la quinzaine d’années qui sivit la prise du pouvoir en Chine par les communistes.
Notons que n’est pas développée l’existence du fort hollandais de Taïwan ; appelé Zeelandia (chinois : 熱蘭遮城). Il a été construit, entre 1624 à 1634, avec des briques amenées de Java. Il est situé près de Tainan, donc plutôt sur la côte occidentale méridionale. Au passage dans divers articles, l’auteure renseigne sur les dispositions prises pour protéger le patrimoine. Rédigé dans un style dépouillé, cet ouvrage est très illustré par des photographies en couleurs ; il est accessible à tous.
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https://next.liberation.fr/theatre/2019/04/18/france-taiwan-les-maillons-fiables_1722206
https://www.20minutes.fr/monde/2519927-20190517-taiwan-parlement-vote-faveur-mariage-tous
https://www.lalibre.be/actu/international/des-manifestations-visent-les-medias-rouges-taiwanais-5d0fae579978e2779665d503
https://quebec.openjaw.com/2020/07/23/china-airlines-devrait-bien-etre-renommee-taiwan-airlines/
https://www.cnbc.com/2020/08/17/china-risks-losing-taiwan-forever-due-to-its-actions-in-hong-kong-says-strategist.html
https://www.franceculture.fr/emissions/journal-de-8-h/journal-de-8h-du-vendredi-04-septembre-2020
https://fr.rti.org.tw/news/view/id/93565
https://asialyst.com/fr/2021/06/02/festival-mazu-taiwan-culte-populaire-coeur-vie-politique/