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Imaginer l’indigène: La photographie coloniale à Taiwan (1895-1945)

Imaginer l’indigène: La photographie coloniale à Taiwan (1895-1945)
Maisonneuve & Larose / Hémisphères 240 pages
1 critique de lecteur

Avis de Xirong : "Fudafudak à l’époque se nommait Sugihara, elle s’appelle de nos jours Shan-Yuan"

Fudafudak est le nom indigène d'une plage paradisiaque de la côte Est de Taïwan, appelée "Sugihara" entre 1895 et 1945 sous la domination nippone, et nommée "Shan-Yuan" en langue nationale chinoise. L’île de Taiwan fut la première colonie japonaise (bien avant que la Corée ne tombe dans l’escarcelle de Tokyo) et la présence nippone dura un demi-siècle. Avant cette mainmise par le pays du Soleil levant, ce territoire, appelé Formose par les occidentaux, était peuplé d’environ 4% d’indigènes de type polynésien (je me fis à des chiffres donnés par Alain S.de Sacy, pas par ceux de l’auteur de cet ouvrage) et de 96% de Chinois han, qu’ils parlent hakka ou les dialectes min (du Fujian). Les aborigènes sont donc 200 000 au minimum en 1895, leur chiffre diminuera au cours de la période de la colonisation, mais remontera pour approcher les 480 000 aujourd’hui. Les Amis sont la tribu la plus nombreuse.

D’abord bien reçu par les autochtones, qui pensent pouvoir reprendre des terres ancestrales prises par les Chinois, les Japonais entrent en conflit avec les indigènes lorsque les colons nippons développent en particulier l’exploitation du camphre. Répressions et politiques d’assimilation s’en suivent. Au milieu des années 1930, l’orientation de la politique vis-à-vis des tribus est légèrement modifiée pour prendre une forme plus accentuée de paternalisme.

En s’appuyant sur plus de 110 illustrations (dont certaines en couleurs), l’auteur montre quelle représentation on donna des aborigènes taïwanais depuis la venue des Hollandais au XVIIe siècle jusqu’à la période de colonisation japonaise. En 1670, l’indigène apparaît d’ailleurs comme un coupeur de tête. Des photographes européens, comme Julien Edwards ou John Thomson prirent les premières photographies autour de 1870, au moment où l’île relevait de la souveraineté des empereurs chinois.

Les clichés pris des aborigènes ne se trouvent pas dans les documents des anthropologues japonais, certains sont publiés dans des revues et prétextes à des cartes postales. Des tableaux ou affiches sont également porteurs de l’image des indigènes taïwanais. Les chapitres de l’ouvrage sont regroupés en cinq parties : "Illustrer les sauvages de Formose" , "Regard, race, empire : anthropologie et photographie", "Des cartes postales pour imaginer l’empire", "Femmes, corps, empire", "La Grande Asie orientale et la Seconde Guerre mondiale". Rappelons, à propos de ce dernier point, que le dernier soldat japonais à se rendre, à savoir Teruo Nakamura (né Attun Palalin) était un Amis. Il se cacha dans une île indonésienne jusqu’à la fin de l’année 1974.

idé cadeau

Pour tous publics Beaucoup d'illustrations

Xirong

Note globale :

Par - 598 avis déposés - lecteur régulier

598 critiques
24/11/21
"Imaginer l'indigène - La photographie coloniale à Taïwan 1895-1945" de Ju-Ling Lee vient d'obtenir le prix Louis Marin 2021 de l'Académie des Sciences d'outre-mer.
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