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Noces révolutionnaires

Noces révolutionnaires
Vendémiaire 191 pages
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Avis de Zaynab : "Six mille prêtres n’ont plus le bourdon. La faute à qui donc ? À la Révolution"

En effet ce sont six mille hommes d’Église qui se marient entre 1791 et 1815, chiffre à comparer avec les presque 80 000 personnes de sexe masculin qui appartiennent au clergé en 1789. Toutefois tous n'ont pas fait voeu de célibat, tel Joseph Fouché, passé par le séminaire et devenu oratorien qui n'a jamais reçu que les ordres mineurs. Aussi il n'a pas sa place dans cette étude.

Le plus célèbre est Talleyrand, évêque d’Autun, qui épousa en septembre 1802 Catherine Noël Worlee qui en était à ses secondes noces (car divorcée depuis 1798). Elle était née au sud de l’Inde, d’un père officier de marine. Un mot de sa part est resté, elle aurait dit à plusieurs reprises : « Je suis d’Inde », ceci alors qu’elle passait pour une femme stupide. D’autres ont joué un rôle public local important comme Euloge Schneider dans le Bas-Rhin où il est accusateur du Tribunal révolutionnaire.

Certains sont issus de la noblesse comme Achille Hennequin d’Ecquvilly (ancien grand vicaire de Reims), le lorrain Guy de Valory (qui reprend son métier de militaire interrompu durant quinze ans et sera nommé général en 1803) ou Victor de Lanneau de Marey (procureur et agent national du district d'Autun puis refondateur du collège Sainte-Barbe à Paris). Sont élus aux États généraux 291 membres du clergé dont six se marieront (Talleyrand compris dans le lot) et, parmi ces six, cinq deviendront évêque constitutionnel.

En février 1790, les ordres religieux contemplatifs sont dissous, les séculiers deviennent des fonctionnaires. On doit élire 84 évêques (un par département) et seuls quatre anciens évêques sont choisis. Talleyrand est parmi eux et c’est le seul, alors qu’il est démissionnaire à peine élu, qui accepte de donner la confirmation canonique.

Image absente de l'ouvrage

La Constitution de 1791 autorise le mariage des prêtres et Thomas Lindet, ancien député aux États généraux, devenu évêque de l’Eure épouse sa gouvernante le 20 novembre 1792. Nous avons donné là une idée du contenu des deux premiers chapitres, avec quelques compléments biographiques glanés en milieu et fin de récit.

Les trois autres ont respectivement pour titre : Mariages du Directoire et du consulat, Famille et travail : les conditions d’une reconversion réussie, Fragile réconciliation entre Paris et Rome. On apprend que près d’un demi-millier de prêtres divorcés ou veufs reprendront leurs fonctions sacerdotales après la signature du Concordat. Un des intérêts de l’ouvrage est de montrer que la moitié des prêtres mariés vécurent ensuite totalement coupé de relations avec l’Église. Avec quelques autres, ils sont des exemples de vie totalement déchristianisée, un luxe que personne ne pouvait s’offrir avant la Révolution.

Les annexes proposent, entre autres, le recensement des prêtres mariés par département. Il aurait fallu comparer avec le nombre d’habitants de ces départements en 1801 pour avoir une idée de l’importance du phénomène en valeur absolue. Toutefois, on perçoit intuitivement qu’en approchant ou dépassant largement la centaine (et parfois même doublant les 200), des départements comme l’Eure, l’Aisne, l’Oise, le Cher, la Nièvre, l’Allier, la Meuse, la Côte d’Or, la Saône-et-Loire, le Rhône, l’Ain et le Lot-et-Garonne connurent amplement ce phénomène. On est surpris de devoir compter parmi ceux-ci le Maine-et-Loire qui sera un double foyer contre-révolutionnaire (vendéens au sud, chouans au nord). L’Ardèche et le Gard, centre de la première insurrection contre-révolutionnaire avec le comte de Saillans, comptent respectivement 24 et 20 cas ce qui est très peu (même si on tient compte que ces derniers ont une minorité protestante en leur sein) sur les 5 600 répartis en 88 départements (une Savoie examinée globalement, non prise en compte autonome du Tarn-et-Garonne et par contre apparition du Mont-Terrible qui correspond à peu près au canton suisse du Jura). Les chiffres dépassent aussi 100 pour quelques autres départements a priori bien peuplés comme le Nord ou la Seine-et-Oise.

Pour connaisseurs Peu d'illustrations

Zaynab

Note globale :

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