Avis de Octave : "La bataille de Marengo, un effet bœuf !"
Alors que l’on commémore le bicentenaire de la mort de Napoléon Ier, Jean Tulard qui lui va allégrement vers ses 88 ans livre un nouvel ouvrage. Rappelons qu’il fut président de l’Institut Napoléon un quart de siècle alors que Thierry Lentz, bien plus jeune, est directeur de la Fondation Napoléon.
La bataille fait rage toute la journée du 14 juin 1800 à Marengo dans le Piémont. Après la victoire de Bonaparte sur les Autrichiens, les officiers supérieurs et le premier Consul désirent se restaurer. Le cuisinier Dunant invente une recette à partir des ingrédients dont il dispose alors qu’il est coupé des fourgons de ravitaillement. Il arrive à préparer du poulet accompagné en particulier de tomates, ail et persil vert, le tout cuit dans de l’huile d’olive.
Jean Tulard livre là, outre l’anecdote autour du poulet Marengo, une réflexion sur la naissance de la gastronomie et le fait que d’autres plats nouveaux portent des noms de bataille, comme les noisettes d’agneau Rivoli qui sont qualifiés d’un nom d’un nom d’un général tel le brochet à la Masséna (ce maréchal d’Empire était d’ailleurs duc de Rivoli) ou la sauce Alburéfa en l’honneur d’un des rares généraux d’empire à s’être illustré en Espagne (pages 59-60).
Le général autrichien Michael Friedrich Benedikt von Melas, avec l’aide de troupes russes commandées par Alexandre Vassilievitch Souvorov, avait battu à diverses occasions (à Cassabo, Trebbia et Novi) au printemps et l’été 1799 les armées françaises. Toutefois Souvorov parti pour la Suisse afin de soutenir le général Korsakov qui s'apprêtait à envahir la France, von Melas se retrouve à faire face, avec les seules troupes autrichiennes, aux soldats français. D’abord vainqueur puisqu’il arrive au Var, il se replit en apprenant le passage des Alpes pour Napoléon Bonaparte.
C’est à Marengo qu’il affronte, dans un premier temps victorieusement, les troupes commandées par Victor et Lannes, mais heureusement secourues de façon inopinée par Desaix. Jean Tulard nous conte non seulement tout ce qui a trait à des opérations militaires où apparaît l’espion François Toli (à l’origine un avocat italien, en fait agent double), mais bien des faits collatéraux. La moindre n’est pas de consacrer un chapitre sur l’enlèvement près de Tours du sénateur Dominique Clément de Ris. Notre auteur lève l’hypothèse d’un complot entre Fouché et Talleyrand, auquel aurait été mêlé Dominique Clément de Ris ; en effet certains ont soupçonné ces trois personnages de prévoir la défaite définitive des armées françaises en Italie et en conséquence mettre fin au régime du consulat. Toutefois Jean Tulard omet de mentionner que Pierre François Viriot, membre de la cour spéciale qui juge les accusés, refuse de signer le verdict qui condamne trois accusés aux convictions royalistes connues.
Les annexes ne manquent pas d’intérêt, outre le plan de la bataille à deux moments de la journée, elles proposent des témoignages autour du combat (essentiellement à partir de correspondances d’époque), un extrait du livre Les compagnons de Jéhu d’Alexandre Dumas (autour de cette bataille) et un récit de vie autour du chien Moustache, un barbet qui en particulier prévient les Français d’une infiltration de soldats autrichiens le 13 juin 1800 et combat un dogue autrichien à Marengo.
Pour tous publics Peu d'illustrations