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Les femmes et le guerre de 1870-1871. Histoire d'un engagement occulté

Les femmes et le guerre de 1870-1871. Histoire d'un engagement occulté
Pierre de Taillac374 pages
1 critique de lecteur

Avis de Octave : "En passant par la Lorraine, les Ardennes et Suresnes, les Allemands ont rencontré de Françaises beaucoup de haine"

La déclaration de la Guerre de 1870 est assez largement due une femme, à savoir l’impératrice Eugénie surnommée "La fée chiffon" ou "Falbalas Ière" pour son goût pour la mode et son esprit frivole. Elle a exercé la régence à trois reprises, à savoir 1859 (Napoléon III étant en Italie), 1865 (l’empereur voyageant en Algérie) et donc 1870 (Badinguet partant pour Sedan) pour un mois et demi. L’auteur fait l’impasse sur cette information  et il évoque des dames qui ont eu un engagement civil ou militaire, dans des lieux autres que le gouvernement, en rapport avec le déroulement du conflit après sa déclaration. 

 

La première partie de l’ouvrage porte essentiellement sur les documents pouvant apporter des informations sur le rôle des femmes durant cette guerre et la mémoire qu’on a entretenue autour de certaines. Jamais auparavant les dames n’avaient trouvé une place aussi importante dans le récit d’une guerre et de sa conséquence directe à savoir La Commune. Le contenu global de cet ouvrage est largement illustré (toutefois en noir et blanc, ce qui donne un rendu inégal) aussi cela nous vaut en particulier  parmi les premières images un tableau montrant respectivement Juliette Dodu à Pithiviers (un récit d’espionnage selon nous monté de toutes pièces, mais qui valut au personnage, postière de son état) notamment un emploi d’inspectrice générale de l’éducation en maternelle (https://www.persee.fr/doc/inrp_0298-5632_1986_ant_11_1_6321).  

 

Dans le domaine de la combattante, on trouve quelques pages plus loin la reproduction d’une couverture de cahier d’écolier montrant Jeanne Bernier, en embuscade, tirant sur une colonne de soldats prussiens à Sainte-Geneviève-des-Bois (un fait historique rapporté par Charles Le Goffic mais dans des circonstances autres que celles mises en image). On nous offre également, montrant notamment une femme vindicative une œuvre d’Alphonse Neuville ayant pour titre Entrée des parlementaires allemands dans Belfort, ainsi qu'un tableau d’André Brouillet intitulé Ambulance de la Comédie française .  

 

La seconde partie présente diverses personnalités de Françaises témoins ou victimes du conflit, assurant le rôle d’infirmière, jouant le rôle de passionaria, avec un emploi d’ouvrière pour différentes tâches (dont confection d’uniforme et fabrication de munitions), en situation d’espionnage au profit des Français, de traîtresses, de combattantes. Quoique les prostituées soient un produit d’exportation dès la fin du XIXe siècle, je doute fort que les troupes allemandes aient fait venir des filles perdues de Germanie, ce que l’auteur présente comme une possibilité page 285. Dans cette même page, deux romans de Maupassant sont cités car ils évoquent des Françaises qui couchent avec l’ennemi, d’ailleurs sans pour autant obligatoirement trahir les intérêts de leur patrie. D’autres œuvres littéraires servent pour illustrer une attitude, ce sont des personnages tirés des productions notamment de Zola, Alphonse Daudet ou de Léon Bloy. De plus le parcours de réfugiées, épouse d’écrivains ou d’artistes, est esquissé (pages 106-107) et il est souligné que l’écrivaine Zénaïde Fleuriot choisit de rester dans la capitale.     

 

Le dernier volet est une réflexion autour de la marche franchie en 1871 dans l’engagement des femmes pour un conflit, cela selon nous est à mettre en lien avec la montée des nationalismes. D’ailleurs la faiblesse du mouvement féministe français avec des options pacifistes est certaine pour Jean-François Lecaillon. Ce dernier cite deux textes parus en janvier 1915 dans L’Action féministe où Pauline Rebour et Hélène Brion (une institutrice pantinoise, dont le père fut en effet un combattant de la Guerre de 1870, nous pouvons ajouter que alors sergent, il passe six mois en captivité) argumentent autour de l’investissement présent ou passé des femmes tant dans l’économie en tant de guerre que dans les combats mais en ne donnant aucun exemple pour L’Année terrible.  Ceci alors que, comme nous le pointe une illustration, l’imagerie enfantine met notamment en valeur l’institutrice Louise de Beaulieu blessée au bras droit à la bataille de Champigny (page 318). Pauline Rebour ne manque pas par contre d’évoquer Madeleine Brès qui fait fonction d'interne à l’hôpital de La Pitié durant le conflit qui nous intéresse. Les annexes ne manquent pas d’intérêt, on y trouve entre autre le projet de monument aux héroïnes de la Guerre de 1870 qui fit couler plus d’encre que remuer de pierres, des listes de femmes ayant reçu une décoration, une présentation du journal tenu par la Franc-comtoise Jeanne Baudot qui habite Gray et prie beaucoup pour des victoires françaises.

Pour tous publics Beaucoup d'illustrations

Octave

Note globale :

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