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Trois saisons en enfer: Les possédées de Loudun

Trois saisons en enfer: Les possédées de Loudun
Geste252 pages
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Avis de Benjamin : "Loudun ville du diable?"

Nombre de Français ont entendu parler de Marie Besnard surnommée " l’empoisonneuse de Loudun" ou "la Brinvilliers de Loudun" pour avoir été soupçonnée d’avoir empoisonné une douzaine de personnes entre 1927 et 1949. Son troisième procès à Bordeaux le 20 novembre 1961 conclut à son acquittement.

Toutefois le fait divers qui eût le plus de conséquences se déroula dans le cours du XVIIe siècle sous le règne de Louis XIII et eût pour effet la fin des procès de sorcellerie dans le royaume de France. Pour l’Europe occidentale et orientale la dernière femme exécutée pour sorcellerie, après un procès, est en 1782 Anna Göldin dans le canton protestant de Glaris ; il semblerait qu’environ vingt-cinq ans après dans le royaume de Prusse en 1811 une dernière femme Barbara Zdunk (Sdunk) d’origine polonaise ne soit pas la dernière à être exécutée pour sorcellerie malgré ce que certains récits polonais rapportent. Cette affaire de Loudun est également un cas d’école en matière d’hystérie collective.

Bien que Michel Carmora l’ai déjà avancé dans un ouvrage sur le sujet qui nous intéresse, beaucoup de lecteurs découvriront que la ville de Loudun est frappée par la peste en 1632 ce qui nous incite à comprendre que ce sont là les feux d’une épidémie qui démarre en 1628 et dont on trouve encore trace à Langres en 1638. En fait on considère que pour la France la grande dernière épidémie de peste relève des années 1720-1721 et touche la Provence et le Languedoc ; il faudrait vérifier si des épidémies qualifiées de peste comme à Saulieu en 1773 en relèvent bien comme on peut le voir écrit parfois. Rappelons que la peste est alors assez souvent présenté comme un fléau envoyé par Dieu pour punir des pêchés.

Richelieu est alors dans l'archiprêtré de Faye-la-Vineuse limitrophe de celui de Loudun

La ville de Loudun souffrait d’un autre mal, celui-ci psychologique dû au désir du cardinal de Richelieu, alors principal ministre de Louis XIII de déposséder Loudun de ses fonctions administratives nombreuses au profit de la ville de Richelieu dont le cardinal avait fait le centre d’un duché-pairie situé en Anjou mais aux limites du Poitou et de la Touraine. Notons toutefois que le Loudunais et le Richelais (comme l’abbaye de Fontevrault ou Fontevraud) relèvent du diocèse de Poitiers, alors que Richelieu est évêque de Luçon car cela a son importance dans l’histoire qui nous intéresse. Loudun comptait alors un nombre considérable de protestants et un certain nombre de tensions en résultait.      

C’est en 1632 que des religieuses du couvent des Ursulines, dont la mère supérieure sœur Jeanne des Anges, accusent de les avoir ensorcelées leur confesseur Urbain Grandier à Loudun curé de l’Église Saint-Pierre-du-Marché et chanoine de l’Église Sainte-Croix. Or tant pour son opposition à la démolition des murailles de Loudun, que pour une question de préséance dans une cérémonie et une affaire de pamphlet, il avait contrarié le cardinal.

Si un premier procès l’acquitte Richelieu en exige un second dont il confie la responsabilité à un homme à lui Jean Martin de Laubardemont qui venait d’envoyer une bonne soixante de sorciers au bûcher au Béarn et qui plus tard sera chargé par le même cardinal d’instruire contre l’abbé de Saint-Cyran (apôtre du jansénisme) et le comploteur Cinq-Mars. Par ailleurs il a collectionné les maîtresses dans des milieux de la noblesse ou du peuple et on lui doit un Traité contre le célibat des prêtres.

La sœur Jeanne des Anges

En fait l’ouvrage se clôt avec le décès de sœur Jeanne des Anges en 1665 à Loudun ; en effet cette dernière montre des signes de possession par sept démons (d’après ses dires) et à partir de décembre 1634 son confesseur le père Jean-Joseph Surin privilégie l’écoute de celle-ci (dans une perspective pré-psychanalytique). Cependant le père Jean-Joseph Surin, mort la même année que "sa patiente", voit son état psychologique se dégrader considérablement et un des intérêts du livre est de décrire les conséquences supposées du poids de l’entrée dans l’univers de Jeanne des Anges. L’abstinence sexuelle que leur condition leur impose semble les conduire à des délires vécus parfois séparément et en d’autres occasions en communion. Voici successivement ce qui est rapporté sur lui et elle rapportent :

«  Lors de l’exorcisme de la mère, cet après-midi, le Démon s’est coulé dans mon corps, il a descendu dans mon estomac et mes intestins jusqu’à leur extrémité, et là, dans cet endroit abject, brusquement et violemment, il m’a infligé de telles douleurs que j’ai dû me coucher à terre, où j’ai été saisi de tremblements dans tous les membres ». (page 187)

« On s’était vite rendu compte que c’étaient les démons de la luxure qui le torturaient. Le père Surin était obsédé par les sexe ». (page201)

« Pour éteindre le feu qui était en elle, Jeanne des Anges se plongeait nue dans la neige ou dans des cuves d’eau glacée. Au printemps et en été, elle se jetait dans les buissons d’épine et se roulait des nuits entières dans les orties… »  (page 187)

Bine que sérieusement documenté, l’ouvrage Trois saisons en enfer : Les possédés de Loudun relève du roman historique. Est-il bon de le préciser ?   

Pour connaisseurs Aucune illustration

Benjamin

Note globale :

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