Avis de Benjamin : "Plus belle la vie à Marseille ? Oui au moins à la Belle-de-Mai, la rue Thubaneau et le Fort Saint-Jean"
Marseille fait souvent les feux de l’actualité, tant au sens propre (assassinats, incendies) qu’au sens figuré. Elle est le support d’un feuilleton d’une longueur devenue incommensurable ; en effet "Plus belle la vie" fêtera en l’été 2015 son onzième anniversaire. Les auteurs consacrent d’ailleurs une page pour montrer que le succès de ce feuilleton ne doit rien au caractère prétendument local de l’action, mais est tributaire de l’évocation très réaliste de la vie dans une ville européenne banale ; le téléspectateur trouve là des héros confrontés aux mêmes problèmes que lui-même rencontre avec, ajouterons-nous personnellement le même accent pointu que les acteurs. Les auteurs ne soulèvent même pas la légende urbaine que ce feuilleton a entraîné des familles "parisiennes" (avec le sens marseillais, c’est-à-dire venant de plus au nord qu’Orange) dans une installation dans la cité phocéenne.
Lorsqu’un très léger apport de population de l’extérieur très favorisée s'est produit cela s’est fait au sud du Vieux-Port dans les 7e et 8e arrondissements près des plages. Malgré les efforts de rénovation urbaine au centre, la population pauvre des arrondissements voisins du Vieux-Port et de la Cannebière s’est maintenue. Certes est citée la transfiguration de la rue Thubaneau où les touristes du Mémorial de la Marseillaise ont remplacé les clients prêts à lever autre chose (prostituée et dose de drogue) que des armes, toutefois Marseille a bien des particularités sociologiques propres. Tout d’abord en matière de population bourgeoise, elle ne fait pas le poids devant l’attrait qu’exerce Aix-en-Provence et ensuite elle a à la fois des pauvres au centre et une bonne partie de sa banlieue indigente dans son territoire communal. Si le nombre de retraités dans ces deux cités est sensiblement le même, soit près du quart pour Marseille et 22% pour Aix (pour une population adulte), d'après nous leurs revenus sont loin d'être équivalents; à titre de comparaiqon Paris intramuros et Toulouse sont à 17%.
L’ouvrage souligne le magnifique effort de transformation de friches industrielles comme celle de la Belle-de-mai en espaces culturels sous les mandats de Robert Vigouroux. Ce dynamisme culturel s’est prolongée par l’arrivée, sur le site du Fort Saint-Jean, du MUCEM (le Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée) ouvert en 2013 avec pour héritage les collections du Musée national des arts et traditions populaires et bénéficiant d’une conséquente politique d’acquisition. La ville gagne énormément en nombre de touristes.
Le discours global de cet ouvrage est tout d’abord que le renouveau à Marseille (et dans sa proche agglomération) se fait dans des conditions que l’on n’attend pas car des populations s’emparent de nouveaux espaces pour des objectifs qui n’étaient pas prévus dans la feuille de route. C’est ensuite que les caractéristiques légendaires de Marseille tiennent soit du mythe, soit sont en train de s’estomper. Reste quand même selon nous (mais les auteurs ne nous ont pas apporté la preuve du contraire) la persistance d’un fort contingent de fonctionnaires de la cité (toujours largement syndiqués à FO, le syndicat qu'il vous faut, comme disait Coluche), des habitudes de distribution d’aides publiques pas très réglementaires et une institution de formes plus ou moins légales (voire pas du tout) de commerces. Avant d’arriver à sa conclusion propre, "Sociologie de Marseille" aura dressé un tableau de l’évolution de la ville sociologique sur cinquante ans, pointant en particulier la disparition de la manne que constituait les achats des Algériens (ceux habitants outre-mer, pas les résidents) et comment avaient évolué les poids respectifs des diverses communautés dans la ville.
Pour tous publics Quelques illustrations
Marseille : parents et enseignants s'indignent de l'insalubrité des écoles
http://mobile.francetvinfo.fr/societe/education/marseille-parents-et-enseignants-s-indignent-de-l-insalubrite-des-ecoles_1296721.html#xtref=https://www.google.fr
http://www.laprovence.com/article/actualites/3820177/a-marseille-le-tourisme-du-crime-sorganise.html
http://www.lepoint.fr/politique/l-ancien-maire-de-marseille-robert-vigouroux-est-mort-09-07-2017-2141844_20.php
https://blogs.mediapart.fr/joel-villain/blog/110712/la-classe-politique-marseille-episode-3