Avis de Benjamin : "La délinquance avec l’accent, c’est pas plus étourdissant!"
Michel Samson a assisté à toutes sortes de procès au TGI de Marseille et aux assises d’Aix-en-Provence de 2012 à 2013 puis de 2015 à début 2016. Il essaie de nous démontrer que la délinquance à Marseille n’a pas de spécificités locales et en particulier que les hommes politiques provençaus ne sont pas liés au milieu. Si le discours est clair, on peut se demander si le thermomètre est le bon. Ce qui remonte jusqu’à la justice est-il tout-à-fait significatif de la réalité ?
Trois personnages connus du banditisme sont évoqués, ce sont Nordine Achouri, Raymond Mihière (dit "le Chinois") et Tony l’anguille ; ils sont d’âges très différents. Au sujet du premier, on retrouve ce qui a été avancé par certaines études à savoir la tentation d’imiter les attitudes et paroles des gangsters au cinéma. Tony l’anguille évoque le fait que tous les membres de sa famille sont morts assez jeunes d’épuisement en travaillant sur les quais, lui a eu une autre vie ; il se dit heureux d’avoir vécu ce mode de vie aventureux.
Cette ilustration n'est pas dans l'ouvrage
Si les trafiquants de drogue trouvent facilement des nourrices et des charbonneurs (vendeur régulier au détail) c’est bien parce que les conditions sociales environnantes le permettent. Combien d’emplois industriels ont disparu dans les Bouches-du-Rhône en une génération ? Il semble quand même, malgré le discours banalisant de l’auteur, que les règlements de compte soient un peu plus fréquents dans l’univers marseillais que dans des espaces comparables comme la Seine-Saint-Denis. Ceci n’enlève en rien l’intérêt des pages de ce livre qui montre comment la littérature et le cinéma français mais aussi américain (en panne d’inspiration malgré Chicago) ont construit la légende noire de Marseille. À ce propos nous ajouterons personnellement que Pierre Yrondy (cité page 21) ne semble pas un pseudonyme et que ce dernier dirigeait le journal Montparnasse dans l’Entre-deux-Guerres ; on doit à ce personnage la création de Marius Pégomas, détective marseillais une série d’une petite quarantaine de romans policiers.
On reste réservé sur la banalisation des liens que le milieu marseillais aurait entretenus avec Simon Sabiani, passé par étapes de la SFIC (ancêtre du PCF) au PPF de Doriot, et on sait que pour le trafic d’armes à destination des franquistes Simon Sabiani s’implique fortement avec l’aide de Carbone et Spirito. Par ailleurs la mention d’un fait précis lié à l’Affaire Stavisky ne manque pas d’intérêt. On se reportera, pour un résumé du travail de Laurence Montel autour de l’histoire criminelle de la cité phocéenne et de l’imaginaire allant avec à http://criminocorpus.hypotheses.org/1054
Pour connaisseurs Aucune illustration
http://actu.orange.fr/france/marseille-l-enquete-se-poursuit-apres-un-meurtre-par-balles-CNT000000zMVaG/photos/le-parc-kalliste-dans-le-15e-arrondissement-de-marseille-le-25-decembre-2016-ou-un-jeune-homme-a-ete-tue-par-balles-samedi-soir-225398dbaf177bab2e4ed8d51e531127.html
http://www.leparisien.fr/faits-divers/marseille-un-corps-carbonise-retrouve-dans-une-zone-industrielle-31-12-2016-6512046.php