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Il était une fois la Marseillaise

Il était une fois la Marseillaise
Cabédita181 pages
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Avis de Adam Craponne : "La France ne doit pas seulement la Vache qui rit à la Franche-Comté"

Deux établissements culturels sont consacrés conjointement à Rouget de Lisle et à La Marseillaise, l’un à Lons-le-Saunier où est né Rouget de Lisle en 1760 et l’autre ouvert au début du XXIe siècle à Marseille (précisément en 2011) dans la rue Thubaneauoù fut chanté, pour la première fois en Provence, le chant qui allait devenir national. Elle permet de joindre rapidement le cours Belsunce au boulevard d'Athènes.   

Notons, pour la petite histoire, que dans cette dernière ville durant au moins cinquante ans (à peu près de 1943 à 1995) la rue Thubaneau était une des plus mal famées (prostitution et vente de drogue) de la cité phocéenne. Ceci après que le quartier réservé, dans le Panier, ait été dynamité par l’occupant allemand en janvier 1943 et que l'on ait fermé les maisons closes en avril 1946. Si bien que "faire la rue Thubaneau" signifiait  "faire le trottoir" et "aller rue Thubaneau" signifiait "aller voir les prostituées".

Mémorial de la Marseillaise dans la rue Thubaneau (photo absente de l'ouvrage)

L’ouvrage d’Annie Gay est sous-titré Grandeur et misère de Rouget de Lisle. Issu d’une famille de la noblesse de robe, le jeune Claude Joseph est admis à l’École militaire de Paris en 1776, alors qu’il vient d’avoir seize ans. À la veille de la Révolution, il est lieutenant au corps royal du génie des Deux-Bourgognes et se trouve au fort de Joux aux limites de la Franche-Comté et de la Suisse (où près de vingt ans plus tard décèdera Toussaint Louverture).

Le 20 avril 1792, la France déclare la guerre à l’Autriche. Capitaine dans l’Armée du Rhin, notre personnage est sollicité par le maire de Strasbourg Dietrich pour trouver un chant patriotique, qui ne serve pas qu’à faire dans les femmes en cheveux (ce qui nous rappelle que jusqu’au milieu du XXe siècle, en France, une femme ne sortait pas sans quelque chose sur la tête).  C’est donc dans le salon de la demeure personnelle du maire de Strasbourg que fut interprété, pour la première fois fin avril 1792, ce qui alors se nomme Chant de guerre pour l’Armée du Rhin. Il semblerait qu’il fut largement imprimé et diffusé par le colportage et la presse. 

On n’a pas trop d’aitres détails sur la façon dont il est arrivé dans le Midi mais on sait que c’est le 21 juin qu’un jeune médecin de Montpellier François Mireur, venu dans la cité phocéenne, et invité à un banquet offert par le club marseillais des Amis de la Constitution aux volontaires de l’Hérault et du Var qui s’apprêtent à monter dans un premier temps à Paris et dans un second mouvement à aller combattre sur les frontières orientales de la France. On sait ensuite que les volontaires marseillais l’adoptèrent et le chantèrent de Marseille à Paris. C’est à partir du 14 juillet 1792, lors de la fête de la Fédération, que progressivement le Chant de guerre pour l’Armée du Rhin allait devenir La Marseillaise et on peut regretter que l’auteure n’est pas précisé ce qui fit qu’à cette date les Parisiens étaient venus en masse.

Dès la fin de l’été 1792, Rouget de Lisle est en disgrâce auprès des autorités politiques et on verra qu’il le sera quasiment tout le temps jusqu’à sa mort en 1836. Seule l’arrivée au pouvoir en 1830 de Louis-Philippe, qui entendait réconcilier tous les Français, lui vaudra une reconnaissance honorifique et financière d’un gouvernement français. Un récit spécifique du devenir de La Marseillaise nous apprend que de Napoléon à Charles X elle fut interdite d’interprétation et que ce fut encore le cas de 1852 à 1870 avec Napoléon III. C’est, ironie de l’histoire, sous la présidence du Jurassien Jules Grévy, que ce chant devint l’hymne national.

Les apports que les marxistes français (à diverses époques) et les gaullistes ont entretenus avec La Marseillaise sont développés. Lors de la période 1940-1944, elle était interdite en zone occupée mais pas en zone libre (où elle est remplacée comme hymne national par Maréchal, nous voilà), si bien que n’est pas extrêmement regrettable de ne pas signaler l’acte de relatif héroïse de Paul Seguin, un habitant de Lons-le-Saunier (en zone encore non occupée pour près de quatre mois), le 14 juillet 1942 devant le monument à Rouget de Lisle. Cela vaudra à cet acteur une longue période comme maire radical, de 1944 à 1965, pour la préfecture du Jura.    

Le livre se clôt à la fois sur la demande de certains me modifier certaines paroles du chant national et le message unitaire qu’elle porta suite aux attentats djihadistes. En littérature de jeunesse était paru, chez SEDRAP jeunesse, en 2011 Sur la piste des Marseillais, avec une action à Paris en juillet 1792 lorsque les fédérés marseillais arrivent dans la capitale.

Pour tous publics Beaucoup d'illustrations

Adam Craponne

Note globale :

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