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L’exil français de don Carlos, infant d’Espagne

L’exil français de don Carlos, infant d’Espagne
L’Harmattan312 pages
1 critique de lecteur

Avis de Adam Craponne : "La croix de saint André chère à Degrelle, chère aux carlistes, chère aux Écossais, chère aux Russes de Valssov, chère aux Francs-Comtois…"

Si récemment nous avions dit que la croix de saint André figurait sur le drapeau des légionnaires wallons engagés à l’initiative de Degrelle  contre la Russie (et donc se battant pour l’Allemagne), elle figure également sur le drapeau de plusieurs communautés. Elle est pour les carlistes un héritage bourguignon, passé par la fille de Charles-le-Téméraire à son propre fils Philippe le Beau puis à son propre petit-fils Charles-Quint.  

Le carlisme est né de la volonté de Ferdinand VII d'Espagne de transmettre sa couronne à sa fille Isabelle, en accord avec la décision prise secrètement en 1789 par Charles IV,  plutôt qu'à son frère Charles. Il s’agit là d’une rupture des règles de la loi salique que la maison de Bourbons a emmenée en Espagne grâce au couronnement de Philippe V, un des petits-fils de Louis XIV. Charles (ou don Carlos) va  se considérer  comme roi sous le nom de  Charles V alors que sa nièce a été proclamé reine sous le nom d'Isabelle II. Les défenseurs des traditions (coutumes protégeant les communautés) et de l’empreinte du catholicisme sur la vie civile se rangent derrières les carlistes.

Les troupes d’Isabelle II sont mal en point et triomphent grâce à l’appui de quelques troupes anglaises et le prêt de la légion étrangère. De 1833 à 1846 se déroule la première guerre carliste, deux autres guerres civiles vont suivre au milieu et à la fin du XIXe siècle et les carlistes seront une des forces principales qui amèneront Franco ou pouvoir. Toutefois les carlistes passeront assez vite dans l’opposition au caudillo et dans leurs branches actuelles, l’une plutôt réactionnaire et l’autre plutôt autogestionnaire, elles n’ont  plus qu’un intérêt de témoignage au sein d’un système politique espagnol pour qui elles n’ont aucun rôle représentatif.  

Le livre "Les Bourbon Parme une famille engagée dans l'histoire", écrit par Maria Teresa de Bourbon Parme, fille du prince François- Xavier de Bourbon-Parme (à l’origine d’une tentative de paix en 1917), donne des clés pour situer l’histoire d'une branche de cette famille carliste liée aux Bourbons à divers degrés. Il est à noter que le don Carlos qui nous intéresse est l’arrière petit-fils de Philippe V.   

Pour en savoir plus sur l’idéologie des carlistes au XIXe siècle, on se reportera à une communication de colloque "Les autres Vendées. Les contre-révolutions paysannes au 19ème siècle" tenu du 2 au 3 octobre 2009, à La Roche-sur-Yon sous la direction d’Yves-Marie Bercé et qu’autour de l’émigration des carlistes en France durant le XIX e siècle, il existe l’étude d’Emmanuel Tronco "Les carlistes espagnols dans l’Ouest de la France, 1833-1883"  parue aux PUR en 2010. Le roman Pour don Carlos de Pierre Benoit traite de la troisième et dernière guerre carliste dans les années 1870.

Alain Pauquet dans "L’exil français de don Carlos, infant d’Espagne" ouvre intelligemment sur les conséquences de l’occupation de l’Espagne par Napoléon et rappelle que Ferdinand VII grignota toutes avancées libérales installées sous la domination française. En 1820 eut lieu le premier pronunciamento et il faut la venue des troupes françaises en 1823 pour écraser la tentative libérale.

Dix ans plus tard, à la mort de Ferdinand VII, sa fille monte bien sur le trône sous le nom d’Isabelle II, elle a trois ans aussi la mère de cette dernière Marie-Christine est régente. Mais l'oncle de la jeune riene don Carlos mène une rébellion en se voulant celui qui maintiendra une société civile en phase avec le discours catholique, des autonomies locales, un corporatisme, des traditions et des franchises. Pays basque, Navarre et Catalogne sont ses points d’appui. Le gouvernement de Louis-Philippe, contesté par ses propres légitimistes, accepte d’accueillir les exilés carlistes mais entend bien les surveiller. Bourges, loin de toutes les frontières, est imposé comme lieu de résidence à don Carlos ; l’ironie veut que la ville est non loin de Valençay qui fut sa résidence forcée de 1808 à 1814 sous l’Empire. Jusqu’à l’amnistie  générale de 1849 régulièrement des carlistes rentreront clandestinement outre-Pyrénées.

En 1846 don Carlos a fui Bourges pour l’Angleterre et il meurt en 1855 à Trieste dans l’empire austro-hongrois. Alain Pauquet nous a dressé les portraits de nombre de personnage que don Carlos fréquenta tant en Espagne qu’en France. L’ouvrage est illustré par en particulier les différents lieux, y compris des intérieurs où séjourna le personnage. Le contenu global de et ouvrage permet d’aller aux racines des tensions qui agitent l’Espagne au XIXe et XXe siècle.

Pour tous publics Quelques illustrations

Adam Craponne

Note globale :

Par - 734 avis déposés - lecteur régulier

462 critiques
22/04/15
En 1883 après la mort du duc de Bordeaux, le fis de don Carlos, déclara sous le nom de Jean III :

« Devenu le chef de la Maison de Bourbon par la mort de mon beau-frère et cousin M. le comte de Chambord, je déclare ne renoncer à aucun des droits au trône de France que je tiens de ma naissance. »

Il y a donc un prétendant carliste Louis XX au trône de France.
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