Avis de Ernest : "1673 mort du catholique d’Artagnan, de l’excommunié Molière et d’Isaac Moillon peintre protestant pour tapisseries d’Aubusson"
Charles de Batz de Castelmore, fils de Bertrand II du même nom et de Françoise de Montesquiou de d’Artagnan, est né autour de 1613 à Lupiac, dans le comté de Fézensac (une terre gasconne au nord de la ville d’Auch). Après avoir présenté fort à propos un arbre généalogique allant des arrière-grands-parents aux arrières-petits-enfants de notre personnage, Odile Bordaz réfléchit sur les caractéristiques qui pouvaient être celles d’un cadet de Gascogne sous Louis XIII.
Un peu comme les Suisses, ces derniers avaient alors une réputation d’exceller dans le métier des armes. Elle évoque cela en s’appuyant sur les combats glorieux des ancêtres de d’Artagnan. On découvre ainsi la vie militaire de Jean Gassion, oncle par alliance de notre héros, qui fut tué en 1647 d’un coup de mousquet au siège de Lens alors qu’il avait le titre de maréchal de France. Par contre un des arrières-grands-parents paternel de notre personnage était un marchand fortuné qui accéda à la noblesse en achetant le château de Castelmore et ses terres, un bien noble du comté de Fézensac.
Un des fils de ce personnage récemment entré dans la noblesse combat, sous les ordres de Blaise de Monluc (un autre Gascon maréchal de France) durant les Guerres de religion. N’ayant pas d’héritier, il choisit son neveu Bertrand II pour le devenir. Ce dernier se marie en 1608, avec sa femme il a sept enfants dont d’Artagnan. Les garçons ont des précepteurs et les filles sont élèves dans un couvent. Un des oncles de notre personnage est curé de Lupiac puis abbé commendataire de l’abbaye Notre-Dame de La Réau à Saint-Martin-l'Ars dans le diocèse de Poitiers.
Un autre oncle maternel Charles fut lieutenant au régiment de Persan alors que Paul le frère aîné de celui-ci est mousquetaire avant de passer comme enseigne puis lieutenant et enfin capitaine aux gardes françaises. Paul de Batz acquiert une réputation de folle témérité lors de la Guerrede Trete ans. Notons qu’en 1702, à la veille de sa mort, il voit, comme beaucoup d’autres dans le royaume, sa noblesse contestée. Sa lettre à Louis XIV arrête heureusement l’action de l’intendant de Montauban.
Charles de Batz de Castelmore arrive à Paris au début des années 1630 ; on trouve son nom déjà en 1633 dans un état de la compagnie des mousquetaires. De nous-même nous concluons que sa présence au siège de La Rochelle (contée par Alexandre Dumas) est chronologiquement impossible. Un cousin de notre héros, Joseph de Montesquiou, est également mousquetaire; sous la régence de l’épouse de Louis XIII il termine capitaine-lieutenant dans la première compagnie des mousquetaires.
Les deuxièmes, troisièmes, quatrièmes chapitres nous dressent le portrait de d’Artagnan à travers les actions dont on a connaissance de celui-ci. C’est l’occasion d’en apprendre en particulier plus sur certains personnages mis en scène par Alexandre Dumas. Ainsi découvre-t-on que Troisvilles (Tréville pour le romancier) avait participé à des complots contre Richelieu Après la mort de ce dernier, Mazarin peu confiant dans la fidélité potentielle des mousquetaires décide de dissoudre leurs unités. Il faudra attendre un peu plus de dix ans pour que cette compagnie soit rétablie. L’année suivant cette restauration, d’Artagnan quitte les gardes françaises pour devevir sous-lieutenant chez les mousquetaires.
Le lecteur découvrira l’ensemble des hauts faits ou méfaits (selon du point de vue où on se place) attribués à notre personnage. En 1670 il mâte la Révolte du Roure en Vivarais. Anthoine du Roure, propriétaire terrien et ancien soldat du roi, la mena durant le printemps cette année-là. Ce dernier fut roué vif à Montpellier. Durant l'hiver 1669-1670 tous les oliviers de la province du Languedoc gelèrent et nombre d’autres cultures ne donnèrent pas ce que l’on attendait. Lorsqu’un commis des fermes Barthélemy Casse arriva à Aubenas le 30 avril 1670, et fait afficher des placards invitant la population à venir payer ses impôts, la ville s’enflamme. C’est le début de l’insurrection.
Auparavant notre lecture nous aura évoqué les fréquents accompagnements que d’Artagnan effectua pour amener Fouquet en divers lieux d’emprisonnement. Après l’avoir arrêté en septembre 1660 à Nantes, il l’amène successivement à Angers, Amboise, Vincennes, la Bastille,Moret-sur-Loing et Pignerol (forteresse alpine française de 1536 à 1574 et de 1631 à 1696).
On apprécie beaucoup les dix-huit pages de repères chronologiques qui mettent en scène de’un côté ce qui concerne d’Artagnan et sa famille et de l’autre des évènements touchant le royaume de France essentiellement sous les règne de Louis XIII et Louis XIV. On démarre en 1600 année du mariage de Marie de Médicis avec Henri IV et se clôt en 1673. Cette année-là voit, outre les morts de d’Arrtagnan et Molière, les Français subir les assauts des Iroquois manipulés par les Anglais mais également la religieuse visitandine Alaconque recevoir des apparitions du Sacré-Coeur à Paray-le-Monial en Bourgogne.
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