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L’impératrice Cixi

L’impératrice Cixi
Tallandier608 pages
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Avis de Xirong : "L’Angleterre reste fière de Victoria, la Hongrie adore toujours Sissi, et la Chine redécouvre Cixi"

Les Chinois se voient offrir une vision positive de la dernière impératrice depuis quelques années, tant dans les études que les romans et les fictions télévisuelles. Une biographie plus littéraire que historique, intitulée Au sujet de Cixi, de M. Xiang Si ( de la Bibliothèque du Musée du Palais impérial ) est devenue en 2006 en Chine un best-seller. Notons que, depuis un peu plus longtemps, il en est de même avec Wu Zetian l’impératrice de l’époque des Tang (elle est morte en 705).

Jung Chang propose ici un ouvrage paru à l’origine en anglais en 2013 ; dans sa version française il est sous-titré "La concubine qui fit entrer la Chine dans la modernité". Comme avec Au sujet de Cixi, il s’agit plus d’évoquer autant la femme que le chef d’état qu’elle fut pendant près d’un demi-siècle. Si la vie de Cixi mérite d’être revisitée, surtout avec une telle application, peut-on adopter, pour la rendre autant positive pour son pays, une telle position révisionniste sur la période des Cent jours (entre le 11 juin au 21 septembre 1898) et écrire en particulier ceci :

« Kang le renard voulait être empereur. Il avait d’ailleurs tenté de légitimer ses aspirations au trône en se prétendant dans un premier temps la réincarnation de Confucius (…) Ensuite, avec sa coterie, peu nombreuse, mais influente, il tenta d’imposer l’idée que Confucius avait été couronné roi de Chine en substitution de l’empereur de l’époque. » (page 341)

Cette affirmation renvoie à un ouvrage paru en 2009 avec une référence un peu obscure Sun Jiani in Mao Haijian. De 1894 à 1898 : jugement critique de mon histoire par Kang Youwei. Kang Youwei, surnommé Kang le renard, qui était partisan d’une monarchie constitutionnelle (et le resta même après la chute des Qing), fut un des moteurs de la Réforme des Cent jours. Faire passer pour un désir de prendre le pouvoir, le fait que Kang Youwei appelle à l’aide le général Yuan Shikai (qui le trahit d’ailleurs) face au coup d’état fomenté par Cixi, le général Ronglu et tout le camp conservateur surprend beaucoup.

"Le vieux Bouddha", comme la surnommait les Occidentaux, met fin au programme de profondes réformes initié par l’empereur Guangxu. Elle fait exécuter tous les conseillers de l'Empereur et ne se lance pas à la poursuite du seul prétendu comploteur Kang Youwei.

Soyons très clair là-dessus. Certes il y avait plus conservateur qu’elle, et on peut citer là le prince Chun. En 1900 face à la Révolte des Boxers, où si le consensus se fait contre les manœuvres des étrangers, elle trouve des éléments qui mettent en cause la dynastie mandchoue (ou des Qing). L'impératrice sent le boulet passer. Si elle tente de récupérer les leaders du mouvement, après la répression de ces troubles par les occidentaux, elle ouvre la voie à de nombreuses réformes à partir de 1902 (un très gros effort est porté sur la modernisation de l’armée), toutefois celles-ci ne font pas changer radicalement le modèle de gouvernance qui reste aux mains des Mandchous et sans les attributs d’une monarchie constitutionnelle. Pour l’impératrice, Kang Youwei est un traître car il défend un système politique qui remet en cause l’absolutisme des Qing.

La relation de Cixi à un très jeune eunuque Petit An  nous apprend que, pour non respect des rites ou des règlements, la mort était à la clé. Or ce non-respect par Petit An était fort discutable, puisque théoriquement une autorisation venant de la famille impériale permettait aux eunuques de sortir de la Cité interdite. Cette exécution exacerbe l’antagonisme entre le Prince Chun et Ci Xi. Ceci méritait largement d’être éclairé, car les choix que fait l’impératrice de faire monter sur le trône Guangxu et Puyi sont habilement destinés à assurer un certain équilibre des pouvoirs dans la famille impériale. Rappelons que le Prince Chun en question (à ne pas confondre avec son fils) est le septième fils de l'empereur Daoguang, le frère de l’empereur Xianfeng, l’oncle de l’empereur Tongzhi, le père de l’empereur Guangxu et le grand-père de l’empereur Puyi.

Certains faits, comme l’affaire de Tianjin en 1870 (où suite à des rumeurs d’enlèvements d’enfants chinois pour les placer dans un orphelinat catholique, le consul français Henri Fontannier, venu à la rescousse, blesse un Chinois par un coup de feu) ce qu'il paiera de sa vie ensuite, méritaient également d’être mis en exergue, tant pour relever le rôle essentiel que joue Tianjin (port maritime de Pékin) en général dans cette période que pour rappeler qu’elle est un lieu de fixation de conflits entre missionnaires et autochtones catholiques (protégés par la France par les traités) et la population chinoise (il y a d’ailleurs un autre fait significatif en 1916 dans cette ville avec le désir d'extension de la concession française en annexant les terrains de la cathédrale).

Pour connaisseurs Aucune illustration

Xirong

Note globale :

Par - 612 avis déposés - lecteur régulier

612 critiques
22/07/17
Cixi démystifiée: une Impératrice Douairière qui aimait lire le Pavillon rouge
http://french.peopledaily.com.cn/45714/48038/4691824.html
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