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Le trésor de Huê : une face cachée de la colonisation

Le trésor de Huê : une face cachée de la colonisation
Nouveau monde316 pages
1 critique de lecteur

Avis de Adam Craponne : "En matière de laqués, pas que des canards dans le palais de Huê"

L’avant-propos du livre "Le trésor de Huê" est fort intéressant car il rappelle qu’en Extrême-Orient des trésors considérables passèrent d’une dynastie à une autre lors de guerres entre rois du Dai viet et souverains chams. Quelques pages permettent d’expliquer que dès la fin du IIIe siècle avant Jésus-Christ, les Chinois ont une tutelle plus ou moins pesante sur le pays de Yue (Viet en vietnamien), y gagnant le titre d’Annam (Sud pacifié) sous la dynastie chinoise des Tang. À la chute de cette lignée, le pays (qui est en gros le futur Tonkin français) gagne le titre de royaume et ce dernier en résistant aux armées mongoles se détache temporairement de sa tutelle chinoise.

À partir du XIVe siècle le grignotage des territoires nams et cambodgiens se fait de façon constante jusqu’à ce que la dynastie des Nguyen (avec en particulier l’aide de mercenaires français en 1802) ne réussisse à unifier une région qui couvre l’actuel Vietnam et le tiers méridional du Cambodge actuel. S’il est difficile d’établir une carte exacte des frontières du pays en 1850, une chose est sûre c’est qu’après la guerre avec le Siam en 1834, elles ne correspondent en rien aux frontières actuelles ; la carte proposée par l’auteur lui-même page 20 est fantaisiste.

Au milieu du XIXe siècle une querelle dynastique où un prétendant est soutenu par les missionnaires catholiques et l’autre pas entraînent une persécution de ses derniers et des chrétiens vietnamiens, protégés par Napoléon III.

« les troupes françaises reviennent bombarder les forts de Tourane en 1857 et en 1858 et qu’elles débarquent à Saigon au début de 1859. Le sud du pays est occupé par les Français, Tu Duc doit signer le traité de Saigon (5 juin 1862) qui accorde la liberté d’exercice de la religion chrétienne dans l’empire et donne à la France les trois provinces de Bien Hoa, Gia Dinh et Dinh Tuong, qui forme la colonie de Basse-Cochinchine » (page 43).

Le grignotage colonial se fait cette fois du sud vers le nord et en un quart de siècle, la France décrète successivement l’Annam et le Tonkin comme protectorats. Dans un premier temps, ce sont au printemps 1885 les Français, lors de leur abandon de Lang Son (ce qui provoque la chute du ministère Ferry), qui perdent un trésor assez modeste qui sera retrouvé fin 1940 à l’occasion de l’arrivée des Japonais en Indochine (pages 84-85).

Dans un second temps avec la prise d’Hué en juillet 1885, les troupes françaises s’emparent non seulement de lingots d’or et d’argent, de monnaies mais aussi de pierres précieuses. Que deviennent ces objets, certains sont-ils fondus ? Qui et selon quel argument peut les réclamer ? La famille impériale ? Le gouvernement du pays ?

Cet ouvrage répond à ces questions tout en mettant en lumière les rapports complexes que les souverains de Hué (qui règnent sur l’Annam et le Tonkin) ont entretenu avec les autorités coloniales françaises après 1885 et jusqu’à la création du Vietnam du nord et du Vietnam du Sud.

On apprécie qu’une douzaine de pages présente les nombreux protagonistes (français ou vietnamiens) de l’affaire etque d'autres pages proposent des photographies de pièces du trésor de Hué.

Pour connaisseurs Quelques illustrations Plan chronologique

Adam Craponne

Note globale :

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