Par le sang et l’acier

Voici le dixième titre de la collection 14/18, et cette fois-ci nous quittons l’ensemble géographique des anciennes régions Picardie et Nord-Pas-de-Calais pour rejoindre l’autre extrémité du front, celle qui court des sommets des Vosges à la frontière suisse. Félix  Fallon évoque ici le Hartmannswillerkopf, le Linge, Belfort et Pffetterhouse (le kilomètre 0 du front à la frontière suisse) et une carte avec la ligne de front est fournie. On peut y voir la petite partie de l’Alsace libérée et conservée par les troupes françaises, les limites entre le Haut-Rhin et la Bas-Rhin n'étaient pas indispensables par contre.

Il s’agit ici de suivre ce qu’on appelle un corps franc côté allemand au départ et également par la suite après-guerre côté français. En effet les poilus évoquent un détachement d’assaut ou un est groupe de grenadiers d’élite pour désigner ces petits groupes d’une dizaine à une cinquantaine d’hommes chargés soit de faire des prisonniers (pour obtenir des renseignements) soit de réduire un nid de mitrailleuse ou un fortin dont l’artillerie ne peut venir à bout.  

Dès la fin de mai 1917 le général Pétain décide de systématiser ce type de petites attaques, si bien qu’en 1918 il y a sur le front en moyenne plus d’une action de ce type. Ces hommes ont un statut particulier et leur recrutement peut se faire dans des milieux qui ont eu dans le civil une certaine habitude de la mise à mort d’animaux ou d’hommes. Félix  Fallon est un des rares romanciers à montrer le sadisme (certes ponctuellement) ou les macabres collections (comme celle d’oreilles de l’ennemi) et à évoquer l’homosexualité possible.  Ce roman Par le sang et l’acier incitera à la lecture ou la relecture de Capitaine Conan (par Roger Vercel) avec un corps franc qui agit cette fois dans les Balkans.