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Le drame du fort de Vaux: journal du commandant Raynal

Le drame du fort de Vaux: journal du commandant Raynal
SOTECA 179 pages
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Avis de Alexandre : "Im des Hole des belagerten Löwen"

Le commandant du fort de Vaux publie en 1919 un livre vraisemblablement largement commencé en captivité qu’il signe Colonel Raynal et fait préfacer son ouvrage par Eugène Étienne ministre de la Guerre fin 1905 et jusqu’au 25 octobre 1906 et durant quasiment toute l’année 1913. Il était connu pour sa sollicitude envers les officiers. Eugène Étienne avait rêvé de faire Saint-Cyr mais la perspective d'un mariage contraria cette idée. En 1876 il entre en franc-maçonnerie.

Contrairement à ce qu’écrit Allain Bernède, Eugène Étienne et le colonel Raynal ne sont pas de la même sensibilité politique. Eugène Étienne préside la Société Gambetta, d’ailleurs dans sa profession de foi de 1914, Eugène Étienne se dit avoir été l’ami de Gambetta. Il est par ailleurs le chef du parti colonial et a été sous-secrétaire d’État ou ministre aux colonies de façon très fréquente de 1887 à 1892. Le nom Port Étienne que porte le nom de la capitale économique de l’actuelle Mauritanie entre 1907 et les années 1960 renvoie à ce personnage. Eugène Étienne fut député d’Oran, membre de l’Alliance démocratique et siégeant sous la Belle Époque au groupe des républicains de gauche, ce qui le situe nettement à droite dans cette nébuleuse dite des républicains modérés (mais pas modérément républicains). On est en effet à une époque où le qualificatif "de gauche" est valorisant et où les groupes qui descendent des républicains sincères (et non ralliés comme Thiers) gardent cette filiation, on a donc alors un groupe des républicains de gauche et de la gauche démocratique qui comprend les membres par exemple les plus opposés à l’impôt sur le revenu.

Le Colonel Raynal est issu d’un milieu relativement peu fortuné, le père est bottier ; il reçoit vraisemblablement une bourse pour suivre des études au lycée d’Angoulême. Officier issu du rang et donc passé par l’école militaire de Saint-Maixent (dans les mêmes années que notre arrière-grand-père) ; il est commandant au moment de la déclaration de la Première Guerre mondiale. Il est connu pour avoir à la Belle Époque des opinions socialistes.  

Cette photographie n'est pas présentée dans l'ouvrage

La prise du Fort de Vaux par les Allemands en mai 1916 est un épisode important de la bataille de Verdun qui elle dure de février à décembre 1916. Le commandant Raynal avait été obligé d'employer ses pigeons voyageurs pour maintenir le contact avec le monde extérieur après que les Allemands aient sectionné sa ligne téléphonique. Le dernier Vaillant est devenu célèbre, il a délivré le message suivant le 4 juin:

«Nous tenons toujours, mais nous subissons en ce moment une attaque par les gaz et les fumées asphyxiantes très dangereuses Il y a urgence à nous dégager. Faites-nous donner communication par [le fort] Souville, qui ne répond pas à nos appels ... C'est mon dernier pigeon. » (page 80)

Le commandant Raynal affirme que lors de la capitulation, les honneurs militaires leur sont rendus par leurs ennemis pour leur résistance héroïque. En fait une vingtaine de soldats allemands se sont mis en colonne à la sortie de la galerie d’où venaient les Français et des officiers auraient fait un salut. Leur mission était d'inspecter le fort, après que les Français l’aient quitté. Raynal aurait pu mal interpréter les faits prenant l’attitude allemande pour des honneurs de la guerre qu’il avait réclamés (page 99).

Rappelons que les  honneurs de la guerre, lors d’un siège, sont le droit accordé par le vainqueur, comme témoignage d'estime au vaincu en raison de sa belle défense, de sortir d'une place assiégée avec armes et bagages, tambours battants, drapeaux déployés, quelquefois même en emmenant un certain nombre de canons avec leurs caissons. Aussi n’est-il pas étonnant que les historiens allemands ne parlent jamais des honneurs militaires que le commandant Raynal croit avoir obtenu. Comme tous les survivants partent en captivité, on se demande bien ce que le commandant Raynal mettait derrière le fait d’obtenir des honneurs militaires.   

Le fort avait été désarmé en 1915 comme le fort de Douaumont, car après la chute des forts belges le commandant français ne croyait plus à l’utilité des citadelles face à l’artillerie allemande.  Le 6 mars 1916 les Allemands attaquent  le village de Douaumont qu’ils prennent le 2 avril mais le fort tient jusqu’au 7 juin 1916. Les Allemands toutefois n’arrivent pas  à prendre Verdun. L’artillerie française avait visé les dépôts de munitions et gêné considérablement le ravitaillement du fort de Vaux. Aussi à l'automne les Allemands quittent le fort de Vaux qui est réoccupé sans combat par les troupes françaises dans la nuit de 2 au 3 novembre 1916.

Eugène Raynal fait donc le récit du siège et raconte sa captivité qu’il passe en particulier aux limites de la Prusse et de la Russie vers Koenigsberg (aujourd’hui Kalingrad). En vertu d’un accord, le commandant Raynal et d’autres militaires sont transférés en Suisse vraisemblablement en avril 1918. Allain Bernède propose au regard de son texte des encadrés explicatifs de sa plume ou des documents écrits de témoins. En annexe on apprécie une carte des forts de la rive droite de la Meuse et un plan du fort de Vaux.

Notre titre reprend celui d’un article paru dans la presse allemande avec pour auteur l’officier allemand venu en parlementaire auprès du commandant Raynal, il s’agit du lieutenant Werner Müller (dont le nom est mal orthographié dans l’ouvrage, avec en plus inversion du nom et du prénom) qui négocia la reddition du fort de Vaux, sa traduction est  "Dans la tanière du lion terrassé".

Pour tous publics Peu d'illustrations

Alexandre

Note globale :

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