Avis de Xirong : "La littérature française fer de lance de la réflexion d’intellectuels chinois durant l’Entre-deux-guerre"
Une université franco-chinoise est créée en 1920 à Pékin par Li Shizeng, en prolongement de la réaction d’étudiants chinois en 1919 au contenu du traité de Versailles qui donne naissance au Mouvement du quatre mai. Elle est ouverte également en liaison avec l’Institut franco-chinois de Lyon qui a ouvert en 1919.
À partir de 1925 est publié, par l’Université franco-chinoise de Pékin, un bulletin bimensuel. Cette dernière, face à l’invasion japonaise, déménage à Kunming dans le Yunnan (province limitrophe du Laos et du Tonkin) en 1937. L’objectif est voir comment et par quelle œuvres s’effectue l’acculturation à un certain nombre de valeurs occidentales. Dans la première partie "Un individu et le collectif", le premier chapitre intitulé "Un individu sentimental dans la tradition romantique" sont évoqués François Villon, Ronsard, Montaigne, Baudelaire et André Gide.
Pour le deuxième chapitre "L’exploration de soi et l’expression individuelle : une interrogation sur l’esprit romantique", on retiendra cette phrase : « Par l’analyse des classes sociales, Mu Mutian conclut que la lutté des classes détermine le processus de l’histoire et que le socialisme critique de la société bourgeoise va finalement vaincre le romantisme bourgeois comme celui-ci a vaincu autrefois le classicisme féodal » (page 01). Le chapitre suivant se nomme "Un examen de l’individu à travers l’analyse de l’esprit de la littérature moderne française", on trouve cette idée significative : « L’individualisme est, avec eux, plutôt une arme spirituelle pour se battre contre la tradition et l’autorité qu’un concept au moyen duquel on opère une étude théorique sur le monde » (page 114) ;
La deuxième partie "L’épique et le lyrique" est alimentée par les chapitres suivants : L’exploration de l’esprit de la littérature française à travers le couple conceptuel analytique lyrique, Les lyriques du romantisme (avec une évocation de Musset et de Rousseau), Un mélange d’effusion bavarde et de vision sublime : l’image de Victor Hugo dans la Revue mensuelle de l’Université franco-chinoise.
La troisième partie "La lumière et le mystère" a trois volets. Dans le premier chapitre, on trouve : "Couple conceptuel rationalisme/mysticisme dans les revues de l’Université franco-chinoise de Pékin : Sur la notion française du mystère, Le discours sur le mystère du Mouvement du 4 Mai, Dualité rationalisme/mysticisme dans l’histoire de la littérature française interprétée par les revues de l’Université franco-chinoise de Pékin. L’intitulé du second chapitre est "Étude sur les « visionnaires » au monde obscur dans des revues de l’Université franco-chinoise de Pékin. Il est composé de points permettent d’approcher les discours tenus là sur les œuvres de Chateaubriand, Verlaine, Marcel Proust et André Gide. On termine avec un troisième chapitre "Études sur les théories symbolistes-décadentes dans les revues de l’Université franco-chinoise de Pékin". On retiendra que « Zhang Ruoming, Liang Zongdai, Li Jianwu et les autres critiques (…) se donnent comme tâche non seulement la traduction et la présentation des poèmes symbolistes français, mas aussi la sinisation de la théorie poétique et l’élaboration de la nouvelle poésie chinoise » (page 278).
Pour la conclusion, se détache une demi-douzaine de phrases de Guo Moruo, dont celle-ci : « La littérature présage la révolution, et les pensées révolutionnaires de toutes les époques en mutation résultent de l’imagination des talents littéraires » (page 282). On apprécie la photographie de quatre couvertures de la revue étudiée. L'auteure est actuellement maître de conférences à l'Université des Études Internationales de Pékin (BISU).
Pour connaisseurs Peu d'illustrations