Avis de Adam Craponne : "Pain, paix, liberté"
"Pain, paix, liberté" était le slogan du Front populaire. On a déjà ici évoqué (dans le blog) l’exposition 1936 Nouvelles images, nouveaux regards sur le Front populaire qui se tient au Musée de l’histoire vivante Parc Montreau à Montreuil en Seine-Saint-Denis. De façon parallèle sortent deux ouvrages fort intéressants Un parfum de bonheur : photographies de France Demay dont nous offrons une illustration évoquant les premiers congés-payés et 1936 Le monde du Front Populaire que nous évoquons ici.
Cet ouvrage ne présente aucune illustration et il semble que même les deux photographies fort intéressantes de la page de couverture ne sont pas identifiés. Elles ont été en effet fort bien choisies car l’une représente une usine en grève (une manufacture de chaussure) et l’autre un défilé où on voit très bien la popularisation de l’attitude du poing levé qui date de cette époque et un certain mélange des classes sociales. Reste à identifier le lien vraisemblable entre les trois portraits brandis et la pancarte portant la mention "Honneur aux renégats". Est-ce une allusion à la multitude de militants exclus de la SFIC (premier nom du PCF) dans sa jeunesse tumultueuse ? Militants qui ont soit abandonné toute action militante, soit sont revenus à la SFIO (quitte à la quitter en 1934 pour l’Union socialiste républicaine comme Louis-Octave Frossard) ou soit ont rejoint le Parti d’Unité Prolétarienne (tel Louis Sellier).
En effet la victoire du Front populaire est chronologiquement un succès électoral (avec d’après l’auteur à côté de 146 SFIO, 116 radicaux et 72 communistes, 10 PUP et 26 USR, mais ces chiffres se discutent à la marge), puis un mouvement de grèves et enfin un vote de lois sociales. Serge Wolikow dresse en douze chapitres les origines de ce rassemblement des gauches, son épopée glorieuse et sa dislocation. Serge Wolikow consacre un chapitre entier à l’œuvre législative, un autre aux difficultés qui est centré sur les problèmes dus à la guerre civile espagnole et le dernier à la dislocation. La conclusion évoque les mémoires construites autour de cet évènement.
Illustration tirée de l’ouvrage Un parfum de bonheur : photographies de France Demay
Dans son introduction l’auteur rappelle que quelques parallèles peuvent être faits entre la situation des années 1930 et celle d’aujourd’hui. En effet une crise financière existe dans les deux cas et le Front populaire est une réponse à la montée de l’extrême-droite marquée symboliquement par la manifestation du 6 février 1934. L’expérience de gauche se termine dans l’année 1938, avec l’arrivée d’un gouvernement Daladier en avril sans aucun ministre socialiste mais avec des personnalités modérés comme Paul Reynaud ou Georges Mandel et une caution social-démocrate avec Louis-Octave Frossard et Paul Ramadier. Personnellement j’ajouterai que l’on s’attendait 1940 à un succès du Parti social français, qui s’il n’est pas fasciste est incontestablement un mouvement nationaliste jouant en partie sur des refrains propres à l’extrême-droite. Que redoutent certains pour 2017, après cinq ans de présidence d’un François Hollande élu comme socialiste avec en particulier les voix du PCF ? Et par ailleurs sur quoi débouchera le mouvement "Nuit debout"?
Pour tous publics Aucune illustration
Le jeudi 3 novembre 2016 de 18h30 à 21 heures.
Musée de l'Histoire vivante à Montreuil (93).