Avis de Benjamin : "Si vous pouvez, si vous en avez la force, n’abandonnez pas. Les élèves ont besoin des profs (Gaëlle Paty)"
Dans un ouvrage copieusement illustré par Guy Le Besnerais (au crayonné fort expressif), Gaëlle Paty libraire dans le Gers (à ne pas confondre avec Mickaëlle Paty infirmière anesthésiste), en compagnie de l’historienne Valérie Igounet, porte un regard critique sur le déroulé du procès de l’assassinat en 2020 de son frère enseignant d’histoire-géographie à Conflans-Sainte-Honorine.
Deux accusés sont jugés pour complicité d’assassinat terroriste, six autres sont jugés pour association de malfaiteurs, dont deux pour avoir lancé la campagne de cyber-harcèlement contre le professeur et les quatre autres sont accusés d'avoir soutenu le projet d’assassinat. Rappelons que Abdoullakh Anzorov, le meurtrier d’origine tchétchène âgé de dix-huit ans, accomplit son acte peu avant 17 heures et est abattu environ un quart d’heure plus tard par des policiers. Ceci alors qu'il est armé d'un pistolet à billes, ce qui évidemment questionne sur les actes des policiers.
En décembre 2024, au bout de sept semaines d’audience, la justice a reconnu coupable huit accusés, parmi eux quatre ont fait appel. Cet ouvrage permet de mieux approcher une multitude de dimensions. Les ratés de l’intégration ont nourri le retour à l’identité islamique, comme les failles identitaires. En effet ni Français de cœur ni structurés autour de la culture traditionnelle parentale, des jeunes se construisent autour d’une identité islamiste leur donnant l’illusion d’appartenir à une communauté dont ils se sentent les porte-drapeaux par leur intégrisme.
On perçoit également que les personnes choquées par un attentat sont bien plus nombreuses que l’on pourrait penser et que leur traumatisme est persistant. Elles se sentent responsables à un titre ou à l’autre de ce dramatique évènement alors que les artisans de l’enchaînement conduisant au meurtre ne portent pas en eux de remords trop explicites de leurs actes. Même s’ils peuvent s’excuser auprès de la famille de Samuel Paty, ils disent généralement qu’ils ne mesuraient pas les conséquences de leurs actes et que l’assassin a agi de son propre chef sans les avoir informé de son projet.
Tel est le cas étonnant de Naïm Boudouad, âgé de guère plus de dix-huit ans et demi au moment de l’assassinat, condamné à seize ans de réclusion. Ce dernier est le fils d’une conseillère d’éducation référente laïcité et formatrice aux valeurs de la République et de la laïcité. Il est allé à Évreux, avec sa propre voiture, dans une armurerie pour que Abdoullakh Anzorov achète deux pistolets airsoft puis l’a amené à Conflans-Sainte-Honorine près du collège. Ceci n’est pas le cas de tous les mineurs impliqués, déjà passés en jugement en novembre 2023; en effet par exemple Mohammed A. exprime ses regrets et s’excuse auprès de la famille. Élève en quatrième au moment des faits, il a reçu de l’argent du meurtrier pour lui désigner Samuel Paty.
Bernadette Paty, la mère de Samuel, affine l’image de ce dernier. L’enchaînement des faits convergents vers le meurtre, la crainte saisissant progressivement la communauté enseignante du collège entre le 5 octobre et le 16 octobre 2020 sont bien approchés (dès le 7 octobre est postée une vidéo accusatrice par le marocain Brahim Chnina un parent d'élève et le 8 octobre ce dernier porte plainte). Après avoir mieux compris, sans excuser le cheminement vers un radicalisme islamiste, chez l'assassin construit en partie sur un mode d’autodidactisme, Gaëlle Paty appelle à une laïcité vivante et apaisée.
Ajoutons de notre propre chef que des associations d’Amis de Samuel Paty existent à Conflans-Sainte-Honorine et à La Roche-sur-Yon en Vendée. Par ailleurs portent le nom de ce professeur un collège à Valenton dans le Val-de-Marne et depuis mars 2025 le collège Le Bois d’Aulne où eut lieu le drame. Une école à Buxières-les-Mines (près de Montluçon) a aussi pris le nom de Samuel Paty car les parents de ce dernier y avaient été instituteurs et quelques autres établissements du primaire ont fait de même notamment à Nîmes et à La Teste-de-Buch en Gironde. Des espaces publics de certaines communes ont pris également le nom de ce professeur. D’autre part un prix Samuel Paty est décerné tous les ans par l’association des professeurs d’histoire-géographie, la présidente de cette association est venue déposé lors de ce procès (https://www.aphg.fr/PRIX-SAMUEL-PATY-SESSION-2025-2026-DEBATTRE-POUR-FAIRE-VIVRE-LA-DEMOCRATIE et https://www.aphg.fr/PALMARES-DU-PRIX-SAMUEL-PATY-SESSION-2025).
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