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Le Nouveau Monde

Le Nouveau Monde
Flammarion116 pages
1 critique de lecteur

Avis de Ernest : "Sauter, boire et caouiner (..) est presque leur occupation ordinaire (Jean de Léry)"

L’ouvrage est sous-titré Histoire d’un voyage fait en la terre du Brésil, et il est présenté par Caroline Trotot. Elle avance que la représentation que l’on se fait alors du monde est largement bouleversée par la connaissance du nouveau continent qu’est l’Amérique, d’ailleurs appelé Indes occidentales jusqu’à la fin du XVIe siècle. Elle rappelle qu’au départ ce sont les Espagnols et les Portugais (deux peuples catholiques) qui rivalisent dans cette région du monde. Or des protestants anglais et français pensent à partir aux Amériques pour échapper à une persécution (et par ailleurs des catholiques britanniques  qui notamment fondèrent le Maryland).  En s’interrogeant sur les populations indigènes, les Européens réfléchissent sur leur propre identité.

Cinquante ans après la découverte du Brésil par Cabral, Jean de Léry décrit un pays dans un livre qui ne sortira qu’en 1578. Ce cordonnier bourguignon part pour la petite colonie protestante française fondée, à Fort Coligny (sur une île dans l’endroit devenu Rio de Janeiro), par Nicolas Durand de Villegagnon, chevalier de l’ordre de Malte. Caroline Trotot écrit: « Léry nous montre qu’on ne peut opposer d’un côté les sauvages, cruels et stupides, et de l’autre les gens civilisés, raisonnables et bons. Le sauvage vit aussi selon des règles, peut raisonner et faire preuve de bonté. À l’inverse, l’Européen peut se conduire d’une manière insensée et agir avec une grande cruauté. Ce que l’on appellera ensuite "le mythe du bon sauvage"  connaît ici l’un de ses premiers développements » (page 9).

Catholiques et protestants cohabitent au départ dans cette colonie qui voit le jour quelques années avant le Massacre de Wassy (fait marquant le début des Guerres de religion en France) et près de vingt ans avant le Massacre de la Saint-Barthélémy et le siège de Sancerre (dont Jean de Léry où fut le témoin de cannibalisme).  Philippe de Corguilleray, noble protestant bourguignon, arrive en 1557 ; il s’oppose assez vite à  Nicolas Durand de Villegagnon et il quitte le fort, avec la plupart de ses coreligionnaires,  pour s'installer sur la terre ferme, parmi les indigènes Topinambous (dont le nom servit pour qualifier un nouveau légume appelé le topinambour). Le 4 janvier 1558, les parpaillots quittent le Brésil à bord du Jacques, Villegagnon en est fort aise mais quitte la terre brésilienne en 1559. Le 17 janvier 1567 la colonie française, manquant d’hommes et de ressources, tombe aux mains des Portugais.  Plusieurs semaines après, avec la consécration par les Portugais de l'église de La Gloria,la ville de Rio de Janeiro voit le jour.

Le texte proposé dans cette édition a été adapté pour une lecture aisée d’un collégien de notre époque ; le contenu a été également allégé à la marge. L’on jugera aisément de la grande intelligibilité de l’écrit proposé avec ces deux extraits :

« Quant aux ornements de leur tête, nos Toüoupinamkuins, outre la couronne sur le devant, et les cheveux qui pendent derrière, dont j’ai fait mention, lient et arrangent des plumes d’ailes d’oiseaux, incarnat, rouges, et d’autres couleurs, dont ils s’ornent le front, d’une manière qui ressemble assez aux cheveux vrais ou faux, qu’on appelle raquettes ou ratepenades , que les dames et demoiselles de France, et d’autres pays d’Europe, depuisquelque temps se sont si bien appropriées; on dirait qu’elles ont pris cette invention à nos sauvages, qui appellent cette trouvaille yempenambi.. » (page 49).

« Je soutiens que les toilettes, les fards, les fausses perruques, les cheveux tressés, les cols fraisés, les jupons, les robes sur robes et autres infinies bagatelles avec lesquelles les femmes et les filles de chez nous se déguisent et dont elles n’ont jamais assez, sont sans comparaison, cause de plus de maux que n’est la nudité habituelle des femmes sauvages » (page 51).  

Le dossier d’exploitation pédagogique couvre une bonne trentaine de pages. Il propose notamment un texte de Montaigne , tiré des Essais, autour d’une barbarie plus grande chez les Européens que chez les aborigènes du Brésil (pourtant cannibales) mais également une réflexion autour du film franco-italo-brésilien, sorti en 2014,  Le Sel de la terre de Juliano Ribeiro Salgado et Wim Wenders.  

coup de coeur !

Pour tous publics Peu d'illustrations

Ernest

Note globale :

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