Avis de Octave : "Des poilus et des civils gascons"
L’ouvrage Les Landes 1914-1918 est très largement illustré et quasiment qu’avec des documents ayant un rapport direct avec le conflit. Il est composé des chapitres suivants : Avant 1914 au pays des échasses, La mobilisation générale et les oppositions, Propagande et bourrage de crâne, L’économie locale en temps de guerre, L’existence quotidienne du Landais, Le réconfort des soldats, Grèves et récriminations, La vie continue, Réfugiés, assignés, prostituées et Alliés, La gloire des régiments landais, Le danger vient de la mer, L’aviation dans le ciel de la pignada, Le temps des hôpitaux temporaires et complémentaires, Vie et mort des Landais célèbres durant le conflit, Du stalag de Mont-de-Marsan aux travaux forcés de Gaujacq, Enfin l’Armistice, le cycle du souvenir.
Serge Pacaud a parfois des interprétations d’informations que nous ne partageons pas. Il nous faut quand même dire qu’écrire que des prêtres souhaitèrent ouvertement la défaite de la France est plus qu’hasardeux (page 21). Ce que quelques ecclésiastiques ont dit c’est que Dieu amenait la guerre à la France, du fait de ses pêchés et de la loi de Séparation de l’Église et de l’État. Rapidement d’ailleurs les mêmes et d’autres comme l’écrivain René Bazin prennent le regain de la superstition (médailles miraculeuses en particulier) pour un retour à la foi.
Une fois de plus est rapporté l’enlèvement des publicités émaillées de Kub, suite aux affirmations de Daudet comme quoi elles contenaient des informations à destination des troupes allemandes. Les dénonciations pour espionnage ont une place. Les Poitevins seront jaloux d’apprendre que Claire Ferchaud a été devancée par une jeune fille de seize ans, habitant Lesperon (au nord de Dax), entend rencontrer Poincaré à Bordeaux (où le gouvernement est replié fin 1914) pour lui confier le message divin qu’elle a reçu (page 29). Contrairement à l’auteur, qui ne se prononce pas, nous pensons qu’elle ne vit pas le Président de la République car on aurait un compte-rendu de la chose comme dans le cas de Claire Ferchaud.
Il est bon de mettre en exergue le regain d’activité des voies fluviales car le train est quasiment réservé aux transports en rapport avec la Défense nationale et rajouterons-nous des petites lignes sont fermées car on a enlevé les rails pour les mettre près du front. Le compte-rendu des grèves a sa place, dommage que les revendications des ouvriers soient présentés de façon brute sans expliquer à la fois la durée de la journée de travail qui passe la plupart du temps de 10 à 12 heures et l’augmentation des prix. Quant à rapporter qu’un Espagnol tenait des propos antimilitaristes lors de réunions syndicales, une prudence aurait été nécessaire (page 57). Toute demande d’ouvrir des négociations pour mettre fin à la guerre passant pour du défaitisme auprès de la police et de la presse. On ne peut que chaleureusement féliciter Serge Pacaud pour avoir informé que fin octobre 1915 des femmes du village de Garein écrivirent au Président de la République pour se monter solidaire de l’une d’entre elle qui réclamait la fin du conflit. On aurait aimé connaître son nom, car elle aparaît dans cet ouvrage comme Marie L….
Page 61 ce sobre commentaire surprendra plus d’un lecteur un peu averti : « Lors de l’Armistice, la classe ouvrière qui voulait faire la guerre à la guerre s’éleva contre le sabotage de la paix ». On peut imaginer une explication qui tient la route mais il aurait fallu la donner. Les Belges et les réfugiés français des départements envahis sont nombreux et certains d’entre eux se livrent à la prostitution clandestine (page 74), ce qui nous vaut deux photographies d’une maison close dont une concerne celle de Dax. On se réjouit qu’à plusieurs occasions soient évoqués les prisonniers allemands, qui préciserons-nous personnellement étaient fort appréciés lorsqu’ils remplaçaient les Français aux champs, dans la forêt landaise ou ailleurs (comme à la commande de locomotive d’après un cliché page 57).
On apprécie de connaître le nom de pilotes ayant un lien avec le département des Landes. Dans les poilus célèbres, on s’attendait évidemment à trouver le caporal Vincent Moulia condamné à mort pour l'exemple à cause d’une mutinerie au sein du 18e RI, toutefois une fin de phrase dans sa présentation nous semble malheureuse (lignes 3-4). Parmi les personnages à découvrir l’illustrateur Marcel Canguilhem un Montois qui signe ses dessins C.Cel de la main droite puis forcé de la main gauche. Il devient également sculpteur dans les années 1920 et on lui doit la réalisation du Poilu d’Orient à Dobro Polje en Macédoine (voir pour en savoir plus https://www.france24.com/fr/20180914-centenaire-bataille-dobro-polje-macedoine-front-orient-bitola-armistice-bulgarie-14-18, http://www.bascons.fr/BASCONS-notre-village/Patrimoine2/CEL-LE-GAUCHER-1895-1949 et https://docplayer.fr/292522-Cel-le-gaucher-un-dessinateur-temoin-et-acteur-de-la-grande-guerre.html).
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