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L’engagement militaire de Jean Appleton

L’engagement militaire de Jean Appleton
L’Harmattan 294 pages
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Avis de Alexandre : "Une approche originale de la Grande Guerre dans les Balkans"

L’ouvrage est sous-titré Des Dardanelles au Bureau spécial franco-américain (1915-1918). C’est l’arrière-petit-fils de l’auteur qui commente les lettres écrite par un officier français. En fait les explications tiennent une telle surface que l’on peut dire que le courrier (déposé aux Archives de l’Ain) sert d’appui pour retracer des évènements, liés à la Première Guerre mondiale, qui sont largement méconnus par nombre de ceux qui s’intéressent à ce conflit.

Jean Appleton descend d’une famille anglaise ayant émigré aux USA. Toutefois il semblerait qu’un de ses ancêtres séjourna en Normandie plusieurs années lorsque le roi d’Angleterre Henri V se déclara également roi de France, ce qui ne manqua pas d’offusquer Jeanne d’Arc. C’est au début du XIXe siècle que l’on trouve trace d’une installation provisoire puis définitive à la génération suivante d’un Appleton. Celui qui nous intéresse est avocat à Lyon à la fin du XIXe siècle et le fait qu’il soit dreyfusard lui vaut des ennuis avec l’ordre des avocats.

Il n’effectue un service militaire que d’une année car ceci était permis pour ceux qui exerçaient certaines professions intellectuelles (enseignant, prêtre, avocat…). Ceci se fait de novembre 1887 à novembre 1888. Sorti sergent, il monte petit à petit de grade dans la réserve et est capitaine depuis dix ans quand la guerre éclate. Mobilisé successivement au parquet de deux Conseils de Guerre, il demande à passer auprès d’unités combattantes et de ce fait se retrouve commandant à l’État-Major de l’Armée d’Orient jusqu’en juin 1917. Ceci lui vaut un séjour à Alexandrie où il rencontre Venizélos (pages 120-122), le leader politique qui va progressivement engager la Grèce du côté de l’Entente, alors que le roi des Hellènes s’y refusait absolument. C’est aussi l’occasion pour lui de rencontrer Georges Picot qui ne sait pas encore que son nom rentrera dans l’histoire du fait des accords secrets qu’il signe avec l’Anglais Sykes. C’est toujours en Égypte qu’il rencontre Roger Lambin, chef royaliste dès les années 1890.

Dans l’île de Lemnos, il côtoie les troupes qui partent se battre dans les Dardanelles. ; il décrit les conditions difficiles de leur séjour dans la rade de Moudros.  Franck Testart va remarquablement expliquer dans quelles conditions la Turquie puis la Bulgarie vont se retrouver du côté des empires centraux et l’Italie du côté des Alliés. Les dangers encourus par les bateaux anglais ou français, du fait des sous-marins allemands ; ont droit à un développement illustrés par des cas précis de bâtiments.

Son envoi à Salonique est bien introduit par son arrière-petit-fils en rappelant ce que la presse française appelait la Glorieuse Retraite Serbe ; durant l’automne 1915 à travers une Albanie hostile (lors des deux guerres balkaniques des Serbes avaient massacré des Albanais), cette retraite tourna à l’hécatombe chez les civils serbes qui suivaient leur armée. Les conditions dans lesquelles succombent le royaume du Monténégro début 1916 sont également explicitées (page 196).

Le camp retranché de Salonique a subi des attaques aériennes et il nous est aussi raconté combien étaient difficiles les actions de ravitaillement de ce camp qui comptait 300 000 homes. En juillet 1916, notre personnage quitte la Grèce et va être détaché auprès de l’armée américaine, ce qui lui vaudra en particulier des séjours à La Rochelle et Saint-Nazaire, toutefois intercalés par un nouveau séjour en Grèce. En effet durant l’hiver 1916 et le printemps 1917, Jean Appleton est à Corfou, ce qui est prétexte à reparler de la retraite des troupes serbes en novembre et décembre 1915.  Le typhus frappe ces dernières ainsi que les nombreux civils qui les ont suivies.

On apprend que la censure française tint secrète, pendant rois jours, l’abdication de Nicolas II (page 243). Durant l’année 1918, notre personnage est de retour au Conseil de Guerre de Lyon puis repasse auprès des Américains. Une petite erreur n’échappera pas à nombre de lecteurs, Raymond Poincaré  est meusien et pas mosellan (page 225), y compris par ses ancêtres. Le récit est porté par une très riche illustration, présentant même quelques photographies des ennemis comme cette photographie prise en Serbie fin 1915 où l’on voit des chefs militaires bulgares, autrichiens et allemands.              

Pour tous publics Beaucoup d'illustrations

Alexandre

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