Avis de Alexandre : "Des vahinés refroidies et des navires allemands au charbon"
En 2009 était paru « Tahiti 1914 – Le vent de guerre », un livre écrit par Michel Gasse, petit-fils d’un marin de la canonnière « La Zélée » et de la télégraphiste de Papeete mise en scène dans les albums de la série « Papeete 1914″. « La Zélée » est commandée par l’officier Destremau et ce dernier décide en septembre 1914 de mettre ses canons à terre afin de défendre l’accès du port de Papeete, ce vieux navire de guerre n’étant pas à même de lutter contre un seul vaisseau de l’escadre qui cherche à s’emparer des réserves de charbon sur l’île de Tahiti. Les courbes langoureuses des vahinés, très présentes dans le premier volume, disparaissent d’ailleurs dans le deuxième tome.
Si dans le premier tome on rencontrait l’ex-reine Marau Taaroa, sur l’ensemble de la série sont présents le commandant Maxime Destremeau, le gouverneur William Fawtier, le directeur de la Poste et photographe amateur Henry Lemasson et le peintre Octave Morillot. Deux personnages sont particulièrement marqués par ce qu’ils ont pu vivre durant la Guerre de 1870, comme nous le fait découvrir ce deuxième tome. Les mortes sont nombreuses chez les vahinés puisque les décès provoquées par le bombardement allemand sont concomitantes avec ceux dus à des meurtres. Tout a été fait pour que le lecteur porte ses soupçons sur un personnage précis, un missionnaire catholique prêt à chasser la luxure dans une île qui y a gagné l’image de paradis en particulier grâce à la liberté des mœurs qui est censée y régner là. Si les clés de l’énigme nous sont livrées un peu rapidement, elles sont par contre parfaitement en lien avec les campagnes journalistiques de la Belle Époque qui accusaient l’Allemagne dese trouver mêlée à ceux qui suscitaient des penchants pornographiques en Europe.
Ce que l’album ne dit pas, dans ses pages documentaires (au demeurant fort intéressantes), c’est que les bâtiments allemands venaient de la base allemande de Qingdao en Chine et qu’ils étaient passés à Bora-Bora (où ils se sont fait passés pour anglais). Au sujet de leur devenir, nous pouvons préciser que ces deux croiseurs germaniques « Scharnhorst » et « Gneisenau », après leur échec dans leur tentative de se ravitailler en charbon à Tahiti (le commandant Maxime Destremeau faisant brûler tout le charbon sur l’île), poursuivent leur route jusqu’aux îles Falkland (ou Malouines) où ils sont coulés.